Unix fête ses 40 ans dans une forme olympique

En août 1969, un programmeur des laboratoires Bell mettait la main aux dernières lignes de codes du système d'exploitation Unix. Quarante ans plus tard, Unix est plus que jamais vivant.

Ken Thompson. Tel est le nom du programmeur de génie qui a mis au monde le système d'exploitation serveurs Open Source le plus emblématique de sa génération : Unix.  

Sorti tout droit des laboratoires Bell, filiale historique du géant des télécommunications AT&T, cet OS a rapidement vu plusieurs personnalités se presser autour de son berceau pour accompagner sa croissance. Au premier rang desquels Doug McIlroy, Joe Ossanna, Rudd Canaday. Mais surtout Dennis Ritchie, père du langage de programmation C.

A l'origine de la création d'Unix, une seule maxime : "less-is-more philosophy". Autrement dit, faire mieux avec moins : un crédo immédiatement confirmé par la puissance machine requise pour faire tourner l'OS. Car initialement, un simple DEC PDP-7 à la puissance limitée suffisait.

Plus qu'un noyau, Unix se présente comme un système d'exploitation à part entière, articulé autour d'une ribambelle de services et d'utilitaires (éditeur en ligne de commande, API, librairies de programmation...).

Une fois le nom officiel déposé en 1972 - à l'origine Unics, pour Uniplexed Information and Computing Services - ses géniteurs Ken Thompson et Dennis Ritchie décident alors de lui ouvrir les vannes de la notoriété. Ce sera chose faite en 1974 avec la parution d'un article emblématique intitulé "Le système temps-partagé Unix", paru dans la revue de la célèbre Association for Computer Machinery.

Sorti de son statut de produit de laboratoire, Unix devient un véritable OS phénomène

A partir de cette date, l'OS trouve alors un écho particulièrement fort du côté du secteur public (administrations, ministères...), mais surtout de la sphère universitaire qui s'empresse de décortiquer les moindres lignes de son code source à des fins pédagogiques.

Sorti de son statut de produit de laboratoire, Unix devient alors un véritable OS phénomène, porté par les fonctionnalités inédites telles que le pipeline, pour faciliter le transfert de données d'un programme à l'autre ou encore sa légèreté et une souplesse de programmation inégalée qui se révéleront de véritables atouts forces.

A l'origine conçu en tant que système non-propriétaire, car élaboré dans le giron d'AT&T dont les statuts de l'époque datant de 1956 ne lui permettaient pas de licencier le produit à des fins commerciales, la situation bascula à partir de 1979. A cette date, la décision fut prise d'interdire aux universités d'utiliser le code source Unix et ce, afin d'avoir les mains libres pour en exploiter la licence.

Un coup dur porté à la philosophie initiale du projet Unix qui débouchera finalement sur un éclatement des développements en 3 branches distinctes. La première suivant les développements d'AT&T, la seconde issue des les travaux de Bill Joy (Sun Microsystems) à partir d'une copie d'Unix ayant donné naissance au Berkeley Software Distribution (BSD), duquel a découlé SunOS en 1982. Et puis, en 1987, avec les travaux d'Andrew Tanenbaum basés sur Unix V6. Baptisé Minix et tournant sur microprocesseur Intel 80286, ce système d'exploitation allait en réalité servir de base de travail à un certain Linux Torvalds pour créer en 1991 Linux.

A des fins d'harmonisation, Bell tente alors en 1987 un rapprochement entre leurs travaux (Unix System V) et ceux de Sun. Un tour de force qui aboutira en 1989 au lancement d'Unix System V Release 4.0.

Craignant de se retrouver en position de faiblesse et de ne pas peser lourd dans les développements stratégiques autour d'Unix, les autres fournisseurs de cet OS (IBM, HP, DEC...) se regroupent alors dans des organismes tels que Open Software Foundation, Unix International ou encore Corporation for Open Systems.

Le marché des serveurs Unix a mieux résisté à la crise au 1er trimestre 2009 que ceux sous x86 et mainframes

La charge sonnée par Microsoft en 1993 sur le marché des systèmes d'exploitation serveurs avec Windows NT aura cependant une nouvelle fois changé la donne. Pour contrer ce nouvel entrant, une majorité d'éditeurs créent l'initiative Common Open Software Environnement, ancêtre de l'Open Group actuel et seul détenteur de la marque déposée Unix.

Un privilège permettant à cet organisme de délivrer la précieuse certification Unix (SUS), attribuée depuis à pléthore d'OS pouvant se targuer d'une filiation plus ou moins directe avec lui tel que HP-UX, Apple Mac OS X ou encore IBM-AIX.

Aujourd'hui, le marché des serveurs Unix se porte (plutôt) bien. Ce dernier ayant mieux résisté que d'autres à la tempête économique actuelle. Ainsi, selon les chiffres d'IDC au 1er trimestre 2009, le marché des serveurs Unix a limité sa chute à 17,5%, dans un volume de 3,9 milliards de dollars.

Une baisse à relativiser comparée aux piètres performances enregistrées par les deux autres segments de marchés serveurs. A commencer par la grande famille x86 dont les revenus ont chuté dans le même temps de 28,8 % à 5,1 milliards de dollars. Sans compter celui des mainframes, en retrait de 18,9%.

Pour autant, Unix ne fêtera pas son 40ème anniversaire sous le signe de la sérénité. Un nouveau rebondissement de l'affaire opposant Novell à SCO (lire l'article du 02/01/2008) ayant quelque peu terni l'ambiance.

La 10ème Cour d'Appel américaine vient en effet de remettre en cause un précédent jugement datant de 2007 réduisant à néant les chances de voir aboutir les demandes menées par SCO à l'encontre de fournisseurs IT au sujet des droits de propriété relatives à Unix et Linux.

Sorti de justesse de la liquidation judiciaire grâce à l'intervention du fonds d'investissement Gulf Capital Partners LLC qui a remis 100 millions de dollars au pot, SCO est près à tenter le tout pour le tout. Et d'espérer a minima récupérer la mise de son nouvel investisseur, voire de décrocher un véritable jackpot. Sa demande initiale en termes de préjudice subi s'élevant ni plus ni moins à 1 milliard de dollars.