Alerte sur une anomalie des machines de vote électronique

Premier Election Solutions, filiale de Diebold, informe que l'ensemble de ses modèles d'équipement souffre d'une erreur pouvant se traduire par le rejet de votes. L'Etat américain de l'Ohio a déjà déposé plainte.

Nouvelle mésaventure pour les systèmes de vote électronique. Le constructeur Premier Election Solutions, filiale de Diebold, a informé 34 états américains, utilisateurs de ses machines (19 modèles sont concernés), d'une erreur de programmation de nature à ne pas comptabiliser l'ensemble des votes réalisés. Le dysfonctionnement est susceptible de se produire sitôt que plusieurs cartes mémoires sont chargées simultanément. 

La solution pour les utilisateurs, lors de l'utilisation durant un vote, est donc de réitérer l'opération jusqu'à ce que la carte mémoire soit effectivement chargée et l'intégralité des votes prise en compte. Les responsables de neuf bureaux électoraux de l'état de l'Ohio avaient été confrontés à cette anomalie en 2006 à l'occasion des primaires de la présidentielle américaine. 1000 votes n'avaient ainsi pas été comptabilisés. Les fonctionnaires de l'état avaient cependant constaté l'erreur et pu y remédier.  

Le constructeur avait alors argué d'un conflit entre le logiciel antivirus et son système de gestion électronique des votes, écartant ainsi toute erreur imputable à ses machines. Un avis que ne partageait pas au moins le comté de Cuyahoga dans l'Ohio qui envisageait dès mai d'attaquer la filiale de Diebold, lui reprochant de lui avoir vendu des appareils défectueux. Premier Election Solutions fut toutefois le premier à saisir la justice dans ce litige afin d'obtenir d'une cour qu'elle reconnaisse qu'aucun manquement à son contrat ne lui était opposable.

Le fabricant arguait au préalable d'un conflit avec l'antivirus

En publiant ce bulletin d'alerte, le fabricant reconnaît la nature exacte des dysfonctionnements constatés dans les bureaux de vote. S'il a déjà fourni une solution temporaire pour garantir le chargement intégral des données lors de l'utilisation de plusieurs cartes mémoires, il doit encore procurer aux états américains un correctif définitif.

Le diagnostic des propres ingénieurs de Premier arrive toutefois peut-être un peu tard puisque dès le début du mois d'août, la secrétaire d'Etat de l'Ohio déposait elle aussi plainte contre le constructeur pour défaut de garantie, fraude et non-respect de ses obligations contractuelles. Jennifer Brunner expliquait souhaiter obtenir réparation pour les problèmes rencontrés par 11 des 44 comtés exploitant les machines de vote.

Une enquête était en outre initiée pour investiguer sur les erreurs des appareils et les explications avancées par Premier quant à un conflit logiciel avec un antivirus. Si le producteur admet ici sa responsabilité, de nouvelles questions se posent quant à la fiabilité des machines de vote électronique et l'absence d'un organe indépendant de test et de certification.

Les constructeurs interviennent en effet directement dans le processus de test assuré par le National Association of State Election Directors (NASED). Le federal Election Assistance Administration crée en 2002, devait en principe prendre en charge la responsabilité de la conduite de ces tests en 2005. Mais il n'a jusqu'à présent été impliqué dans aucune certification.

Dans plusieurs états américains comme en Californie, la disgrâce des machines de vote est quoi qu'il en soit déjà largement consommée depuis que des audits de sécurité ont souligné l'existence de vulnérabilités. Des municipalités ont ainsi déjà mis en vente leur équipement sur des sites d'enchères en ligne comme eBay, et se préparent à revenir aux bulletins papier.