Nouvelle amende record pour un géant de l'informatique

La commission Européenne a une nouvelle fois puni très sévèrement un pilier de l'informatique mondiale : c'est cette fois Intel, qui écope de plus d'un milliard d'euros d'amende pour abus de position dominante.

amende record
Le palais de justice de Bruxelles, où avait déjà était sévèrement condamné Microsoft © Pelagus Hellot / Galerie photo L'internaute

C'est au terme de plusieurs années d'enquête poussée que la Commission européenne a, cette semaine, sévèrement condamné Intel. Ce géant américain de l'informatique détient 70 % du marché des micro-processeurs (Pentium, Core 2 Duo...), et plus de la moitié du segment des chipsets pour carte mère. Intel aurait ainsi abusé de cette position incontestablement dominante.
Au chapitre des reproches qui lui sont adressés, l'entreprise aurait accordé des ristournes conséquentes à des grands constructeurs informatiques (Acer, Dell, HP, Nec et Lenovo) pour que ces derniers équipent 80 à 90 % de leurs ordinateurs en composants Intel. Pire, il aurait payé ces mêmes constructeurs de PC pour retarder, voire carrément annuler, la sortie d'ordinateurs équipés de matériel du fondeur AMD (Athlon, Phenom...). En outre, Intel aurait payé la chaîne de magasin Saturn pour ne proposer que des ordinateurs équipés de ses processeurs.  

C'est donc pourquoi la justice anti-trust européenne s'est saisie de l'affaire. Mme Neelie Kroes, commissaire chargée de la concurrence explique ainsi la sévérité de la condamnation : «Intel a causé du tort à des millions de consommateurs européens en cherchant délibérément à exclure les concurrents du marché des puces informatiques pendant des années. Une infraction aussi grave et d'une telle durée aux règles antitrust de l'UE ne peut être tolérée».  

Réaction ferme d'Intel 

Intel a réagi immédiatement, par la voix de son P-DG, Paul Ottelini, qui a déclaré faire appel de cette amende. Il faut préciser que cette somme de 1,06 milliard d'euros est sans précédent, et représente un poids considérable, même pour un géant comme Intel, dont le chiffre d'affaire en 2008 est de 28 milliards d'euros.

 Ainsi Paul Ottelini a déclaré contester les accusations, affirmant ne pas aller à l'encontre de la loi européenne. En outre, il considère que la Commission européenne "ignore la réalité d'un marché aussi compétitif que celui des semi-conducteurs, caractérisé par un besoin constant d'innovation, de pousser plus loin les performances tout en baissant en permanence les prix". Il juge enfin que dans un secteur dominé par deux uniques concurrents, lorsque l'un gagne, c'est qu'il est le meilleur. Le consommateur n'en est donc pas pénalisé.

Décider de faire appel n'est pas sans risque pour Intel, puisque la Commission européenne peut porter l'amende à 2,8 milliards d'euros, soit 10 % du chiffre d'affaire du fondeur.