Oracle rachète Sun pour 7,4 milliards de dollars Mariano Boni (Cabinet Solucom) : "Oracle ne pouvait pas laisser IBM lui imposer sa loi dans le domaine J2EE"

Quelle a été votre première réaction en apprenant la nouvelle du rachat de Sun par Oracle ?

Je ne vous cache pas que j'ai été surpris. Autant une acquisition de Sun par IBM me paraissait logique. Elle aurait en effet permis à IBM de compléter la couche d'infrastructure logicielle qui lui manque, et ceci en cohérence avec son choix de la plate-forme J2EE.

mariano boni est directeur technique au sein du cabinet solucom
Mariano Boni est directeur technique au sein du Cabinet Solucom © Solucom

Une reprise par Oracle me paraît plus inattendue. Oracle se positionne en effet désormais beaucoup plus comme un éditeur d'ERP. Le principal intérêt de l'opération pour lui réside donc dans l'infrastructure matérielle que Sun lui apporte. Mais Oracle cherche aussi sans doute à couper l'herbe sous le pied d'IBM.

Derrière ce rachat n'y a-t-il pas l'enjeu de la maîtrise de la plate-forme J2EE ?

Il est clair qu'Oracle ne pouvait pas laisser IBM lui imposer sa loi dans le domaine des plates-formes J2EE. Depuis le rachat de BEA, Oracle se positionne en effet comme leader sur les middlewares et serveurs d'applications J2EE.

Du point de vue logiciel, Oracle est à la fois intéressé par l'offre Java de Sun, mais également par le système Unix Solaris. Sun était l'un de ses principaux partenaires dans ce domaine. Rappelons qu'Oracle adosse toute son offre sur les environnements Solaris et HP. Reste qu'avec cette opération, Oracle dévoile clairement son jeu face à IBM en le pointant du doigt comme son principal concurrent.

Quel est l'intérêt de l'offre Open Source de Sun pour Oracle ?

"C'est un coup dur pour Microsoft"

L'offre Open Source de Sun va permettre potentiellement à Oracle de répondre à tous les besoins en matière d'infrastructure logicielle. Pour une société qui ne souhaite pas acquérir de licences de sa base de données historique, résolument haute gamme, il pourra alors avancer la solution Open Source mySQL. De même pour les serveurs d'applications, Oracle pourra proposer GlassFish comme alternative Open Source à Weblogic. Le virage vers l'Open Source qui jusqu'ici lui prenait des parts de marché serait ainsi consommé d'un tour de main.

De ce point de vue, on peut imaginer que sur le segment Open Source, Oracle reprenne la politique produits de Sun, en faisant reposer son modèle économique non pas sur la licence, mais sur la maintenance.

Quelles pourraient être les réactions des autres ténors du marché ?

C'est un coup dur pour Microsoft. On peut penser que dans cette nouvelle configuration, il pourrait être amené à réaliser une acquisition importante. Il sera sans doute en tous cas tenté de se rapprocher un peu plus de SAP. Pour les pure player, l'opération ne change pas grand-chose.

Mariano Boni est directeur technique au sein du Cabinet Solucom.