Le paiement par téléphone mobile, c'est pour quand ?

Si le sans contact commence à être utilisé avec des téléphones mobiles dans un cadre B to B, le paiement demande un écosystème qui a encore du mal aujourd'hui à se formaliser.

Le paiement par téléphone mobile via une technologie sans contact se fait encore attendre. L'idée est pourtant des plus séduisante. Il s'agit de permettre grâce à un protocole NFC (Near Field Communication) à l'utilisateur de régler ses achats en approchant simplement son téléphone mobile sur une borne au moment du règlement.

L'appareil est équipé d'une puce qui contient des éléments d'identification d'un possesseur de compte bancaire. Concrètement, c'est un système qui permet de recharger son porte-monnaie en ligne ou encore de regroupement de plusieurs cartes NFC.

Mais si le système de carte de paiement sans contact, construit sur le même modèle que celui des cartes de transport de type Navigo en région parisienne, est sur le point de faire une entrée en force sur le marché du crédit revolving, l'intégration de la technologie sans contact aux téléphones pose encore quelques soucis.

Pour Jérémie Leroyer, président d'Airtag, société qui travaille sur le NFC dans la grande distribution, le lien entre téléphone et NFC même s'il va arriver à terme est encore prématuré. " Nous avons volontairement travaillé en premier lieu sur les cartes NFC, car nous savions que l'écosystème nécessaire au paiement NFC via téléphone portable allait mettre beaucoup de temps à se mettre en place. C'était il y a 4 ans, et nous avons encore raison aujourd'hui " détaille t-il.

Pourtant les initiatives de tests en grandeur nature se multiplient, à l'image de cette opération menée par Visa depuis Novembre 2007. Baptisé Payez Mobile, le paiement sans contact par téléphone mobile est essayé dans les villes de Caen et de Strasbourg, avec deux cent commerçants et mille clients testeurs.

Une bataille au sujet de la zone d'implantation de la puce NFC sur le téléphone portable.

Il faut dire qu'un problème majeur gêne pour l'heure la convergence entre les cartes de paiement sans contact et les téléphones mobiles. Il s'agit même d'une bataille, au sujet de la zone d'implantation de la puce NFC sur le téléphone portable.

Deux options s'offrent en effet aux acteurs du marché. Soit la puce est intégrée au téléphone en tant que tel, soit elle est insérée dans la carte SIM du téléphone. Les adeptes de la première solution expliquent qu'en cas de vol du téléphone, il suffit de désactiver la carte SIM à distance comme c'est le cas aujourd'hui, pour bloquer toute tentative malhonnête de payer avec le téléphone volé.

Pour les tenants de la puce NFC installée sur le téléphone portable, cette solution permet aussi d'utiliser le paiement si le téléphone est éteint par exemple, alors qu'il est encore compliqué de permettre cela avec la carte SIM.

Mais au-delà des contingences techniques, cette discussion porte aussi sur les gains financiers que l'adoption de l'un ou de l'autre de ces systèmes pourrait valoir soit aux opérateurs de communication mobile, propriétaires des cartes SIM, ou bien aux constructeurs de téléphones portables.

Vient s'ajouter à cette question celle du rôle des banques et des fournisseurs de paiement numériques tels que Visa ou Mastercard, qui souhaitent aussi pouvoir disposer d'une part de cet appétissant gâteau.

En plus de ces freins, les expériences en la matière au Japon, pays leader des paiements sans contacts, montrent que les téléphones mobiles équipés de NFC (le terme consacré est " osaifu keitai ", sont encore difficiles à utiliser ce qui limite pour l'heure son adoption.

Alors, le paiement sans contact via un téléphone portable, c'est pour quand ?

Pour l'heure, des entreprises telles que Prylos en France propose des systèmes de contrôle des activités de service à la personne via un téléphone NFC, mais sur des marchés B to B. " Nous pensons que 2009 sera l'année du développement du téléphone NFC pour ce marché. Sur le secteur B to C, la brique technique n'est pas encore définie, et le sera fin 2010, début 2011 " explique Caroline Noublanche, présidente de la société Prylos.