IPv6 : les Etats-Unis en retard

En multipliant le nombre de terminaisons possibles, la nouvelle version pallie la faiblesse du stock d'adresses IPv4. En retard dans leur migration, les Etats-Unis pourraient se retrouver en situation délicate.

Les 4 milliards d'adresses que permet l'adressage en 32 bits d'IPv4 arrivent à saturation. Le NAT (Network Address Translation) n'a fait que retarder la mise en place d'un nouveau protocole nécessaire pour augmenter le nombre d'adresses IP.

Apparu dans les années 90, IPv6 est progressivement mis en place dans les différents pays. Les adresses en IPv6 sont codées sur 128 bits ce qui permet une augmentation de 2 puissance 32 à 2 puissance 128 du nombre d'adresses disponibles.

La demande croissante d'adresses IP s'explique par la montée en puissance des pays asiatiques et par le développement des appareils mobiles. 70% des adresses IP étant détenues par les Etats-Unis, les pays émergents n'ont eu d'autre choix que d'adopter le nouveau protocole pour disposer de nouvelles adresses IP.

Depuis 1996, RENATER (Réseau National de télécommunications pour la Technologie, l'Enseignement et la Recherche) est l'un des premiers réseaux français à utiliser IPv6. Certains fournisseurs d'accès proposent IPv6 aux particuliers, comme par exemple Free avec ses utilisateurs dégroupés.

Les Etats-Unis tardent à mettre en place la nouvelle version du protocole. Détenant la grande majorité des adresses IP dès le début d'Internet, changer leur protocole d'adressage IP ne leur semblent pas urgent. Une partie des entreprises n'en voit même pas l'intérêt.

En dépit des 3 années de délais laissées aux agences fédérales pour passer à IPv6, elles ne seront pas toutes prêtes pour la date butoir du 30 juin 2008. Certaines entreprises privées n'y ont même pas songé.

Certains spécialistes lancent aujourd'hui une alerte

Pourtant les Etats-Unis pourraient y perdre un atout technologique car leurs concurrents vont alors bénéficier de meilleures performances. Les entreprises qui sont passées à IPv6 peuvent communiquer beaucoup plus rapidement. IPv6 devrait également créer de nouvelles opportunités pour le peer-to-peer.

Ce nouveau protocole apporte d'autres avantages. D'abord une meilleure sécurité car scanner un sous-réseau en IPv6 demande beaucoup plus de ressources et de temps qu'en IPv4. De plus, chaque machine disposant d'une adresse IP unique, il n'y aura plus besoin de NAT d'où une augmentation de la vitesse de transfert et une meilleure identification de la source.

En montrant l'exemple, les agences fédérales vont faire découvrir les avantages d'IPv6 aux Américains. La possibilité de connecter des technologies directement au réseau ouvre de nouvelles perspectives. Les nouvelles applications autour de la sécurité, de la collaboration et de la mobilité devraient également aider les entreprises à sauter le pas.

Le Département américain de la défense (DOD) a rapidement mis en place le changement. L'adressage unique l'a particulièrement intéressé pour la localisation des machines. Le DOD pense que cette technologie pourrait même sauver des vies car la coordination et l'envoi des ordres à ses soldats seront beaucoup plus efficaces.