Boris Saragaglia (Directeur général de Spartoo.com) "Nous avons externalisé l'exploitation et l'hébergement de notre infrastructure Web"

Le site de vente de chaussures en ligne a décidé d'externaliser son infrastructure pour se concentrer sur l'applicatif. Revue en détails des relations entre la direction technique et ses partenaires.

Quelles sont les caractéristiques de votre site de vente en ligne ?

Le site Web de Spartoo a maintenant trois ans, dont deux ans et demi de phase opérationnelle. J'ai commencé avec deux associés au début et une quatrième personne nous a rejoint au bout d'une année. Aujourd'hui, nous sommes 25. Nous proposons 100 marques et 3000 modèles de chaussures en ligne. Nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros l'an passé et nous prévoyons de réaliser cette année 15 millions d'euros.

Qui décide de la hiérarchie des projets ?

C'est moi. A l'heure actuelle, je trouve très important de d'optimiser notre services client par exemple et nous avons mis en place le caching cette année.

Nous avons six personnes sur la partie applicative, à savoir quatre ingénieurs et deux graphistes. Nous fonctionnons par projets d'amélioration des processus métiers, qu'il s'agisse de création en tant que telle ou d'optimisation de la performance.

Et quel est le calendrier d'activité tout le long de l'année ?

Dans courant de l'année, on travaille sur l'applicatif par rapport à la technologie, et on fait beaucoup d'optimisation. Puis, avant la période de solde et de fin d'année, qui est cruciale pour nous, nous travaillons sur le matériel.

"Pour l'hébergement, nous travaillons avec un spécialiste de ce métier"

Justement, vous avez fait le choix d'externaliser votre hébergement, ce qui est assez inhabituel de la part d'un site de vente en ligne. N'avez-vous pas l'impression de vous couper d'un levier de réactivité en cas de problème ?

Non. Dès le départ, nous avons décidé d'internaliser toutes les technologies nécessaires à notre mérier. Nos ingénieurs s'occupent du développement et de la maintenance de notre ERP, de notre CRM, ou encore de la gestion de stock en interne.

Mais pour la question de l'architecture technique, nous avons fait appel à un prestataire dès le départ. En fait, les investissements étaient trop conséquents pour nous si nous avions voulu le faire en propre. Et puis, il fallait ne pas monopoliser des investissements financiers sur ces problématiques alors que nous en avions besoin ailleurs au départ de l'entreprise.

Enfin, les métiers de l'hébergement évoluent très vite : Incendie, climatisation, énergie, etc. Ce sont des métiers que nous ne maîtrisons pas. Donc nous avons décidé avant l'ouverture du site de travailler avec un spécialiste de ce métier.

Comment s'est effectué le choix du prestataire ?

Nous avons rencontré Internet-Fr, Colt et OVH entre autres avant de prendre une décision.

"J'avais besoin de réponses sur des aspects métiers et techniques"

Des acteurs très différents les uns des autres donc...

Oui, je regarde rarement la taille des entreprises avec lesquelles nous travaillons. Je cherchais surtout des gens qui maîtrisaient leur job.

Une de mes questions à l'époque, c'était 'comment on passe en production ?'. C'était important pour moi d'avoir des réponses sur des aspects métiers et techniques. Je ne voulais pas savoir s'ils allaient être capables de nous aider. A cette question, tout le monde est capable de répondre oui ! Je voulais du concret.

Quels ont été les critères de choix ?

Les tarifs proposés ont fait parti du choix. Sur cette question, Internet-Fr était très bien positionné, excepté peut être au niveau du prix de la bande passante.

Et puis l'autre grande question, c'était leur potentiel de scalabilité. A l'époque, nous étions à 1500 visiteurs uniques par jour, aujourd'hui, nous sommes à 1,5 millions par mois. Gérer cette croissance était aussi une condition de notre collaboration.

L'autre point enfin, c'est que je n'aime pas trop avoir de turn over dans les équipes que ce soit chez moi ou chez mon prestataire, et de fait, nous travaillons avec les mêmes personnes depuis longtemps chez Internet-Fr. Ils ont un système de suivi des commandes et des tickets très réactifs et nous sommes en ligne directe avec leur chef de projet, ce qui nous permet justement d'être très réactif en cas de souci.

Comment se fait la communication entre eux et vous sur des problématiques telles que la montée en charge ?

Ils ont un système d'alerte pour ces questions, ce qui permet de gérer les problème à l'avance, avant la période de solde par exemple. Mais chez nous aussi, nous maîtrisons très bien la couche logiciel que nous développons, et sommes capables de jauger les performances et l'impact sur l'architecture IT de nos contenus à l'avance. Par ailleurs, ils nous font suivre des indicateurs de swap, lorsque les serveurs Web n'arrivent plus à suivre la surcharge.

"Avec un taux de croissance de 250%, les prévisions et les modèles sont assez inutiles".

Quel est le budget nécessaire quand on fait héberger comme vous le faite votre infrastructure par un prestataire ?

Nous avons un contrat de leasing, ce qui nous permet de bénéficier de certaines évolutions sans avoir à les repayer. Par exemple, nos serveurs sont amortis en deux ans, et on peut ensuite investir sur une nouvelle génération.

Puisque vous êtes possesseurs du matériel de votre infrastructure, quelle est votre position vis-à-vis du matériel green ?

Nous prenons le meilleur en termes de performance. Internet-Fr a un partenariat avec Dell, et ils nous font des propositions sur les achats. S'il y a du green, c'est tant mieux.

Comment assurez vous le lien avec la partie logistique de votre activité de vente ?

Nous travaillons avec le groupe Morin sur cet aspect là. Ce sont eux qui gèrent la logistique des envois de colis. Nous avons développé des flux EDI avec eux, intégrés à notre ERP. Ils nous ont fourni des spécifications, et ils possèdent un progiciel avec nos API. Nous procédons par échange de flux.

Pour finir, avez-vous pensé à modéliser le volume d'activité de votre système d'information ? Pensez-vous que ce soit un moyen d'arriver à prévoir les évolutions en fonction du trafic ?

Non, tout simplement parce que la montée en charge n'est pas linéaire. On peut avoir des décrochages très fréquents. Ce qui rend la gestion de l'infrastructure assez compliquée. On peut être à 150 000 connexions et tout va bien, alors qu'à 155 000 tout déraille.

Et puis l'architecture est liée au nombre de connexions simultanées, qui est une donnée très volatile. En fait, sur une opération, on peut faire tout tomber et les comportements de l'individu sont non maîtrisables. Enfin, nous avons un taux de croissance de 250%, ce qui rend les prévisions et les modèles assez inutiles sur le plan opérationnel.

Boris Saragaglia est le directeur dénéral de Spartoo.com.