Jean-Pierre Laisné (Open World Forum) "Entre le Cloud et l'Open Source il existe un point d'achoppement"

A huit jours de l'ouverture de l'OWF 2011, son président évoque les grands enjeux de cette édition. Le Cloud en fait plus que jamais parti.

JDN Solutions. Quels sont les enjeux de cette nouvelle édition de l'Open World Forum ?

Jean-Pierre Laisné. Cette année, nous avons été préoccupés sur l'avenir de l'Internet et de l'Open Source dont le destin est extrêmement lié. Il ne faut pas oublier que l'Internet est né avec TCPIP, un protocole libre. Ils donc en commun un même ADN.

L'objectif de cette édition 2011 est de regarder ce qui s'est passé depuis 20 ans et voir la façon dont l'Internet et l'Open Source évoluent. Avec de grandes thématiques comme la neutralité du Net, les données ouvertes, la législation et la sécurité pour l'Internet, et l'essor du Cloud dans l'Open Source.

En quoi le Cloud et l'Open Source sont-ils liés ? 

Aujourd'hui, le Cloud c'est de l'Open Source. Il n'y a qu'à regarder les centres d'infrastructures de Google et d'Amazon qui embarquent du code source Linux, des serveurs Apache et bien d'autres briques Open Source. La présence de l'Open Source dans le Cloud est donc actée.

"Le Cloud est un creuset d'innovations et de richesse pour les start-up"

Aujourd'hui, le Cloud est devenu un gros marché qui va avoir besoin d'innovations et beaucoup de développeurs Open Source qui se découvrent des qualités d'entrepreneurs vont développer des logiciels d'automatisation des processus autour du Cloud et pour gérer plus efficacement les machines virtuelles dans cet environnement. Le Cloud est donc un creuset d'innovations et de richesse pour les start-up.

Le seul problème finalement vient de certains acteurs comme Salesforce où Cloud et logiciel libre sont en concurrence sur le modèle de distribution du logiciel. Avec l'Open Source, l'utilisateur peut avoir accès à un outil gratuit, tandis qu'avec le Cloud il n'a pas à se préoccuper en plus de l'installation et parfois même, c'est gratuit. Il y a là un point d'achoppement et l'histoire nous dira si cela pose problème.

L'Open Source ne fait-il pas parti des perdants du grand emprunt ?

En Europe, les grands programmes nationaux évoquent un Cloud ouvert et interopérable, ce qui sont précisément les qualités intrinsèques de l'Open Source. Il est vrai qu'en France, si on lit bien les textes du FSN ou du grand emprunt, les termes Open Source ne sont pas écrits dans le marbre. On parle d'ouverture, d'interopérabilité, de standards ouverts, à savoir les fondamentaux de l'Open Source. Mais pour des raisons concurrentielles et de diplomatie, il n'en n'est pas fait mention.

L'Open Source est-il toujours autant une affaire de développeurs ?

Aujourd'hui, il n'y a pas que des développeurs qui font de l'Open Source mais aussi des industriels comme EADS, de même que la plupart des personnes qui font du Web 2.0 et ont les mains dans l'intégration de grands systèmes d'information qui ont toujours quelque part des composantes Open Source.

Chez Bull, l'Open Source fait partie intégrale de nos opérations R&D. C'est un laboratoire par lequel on va diffuser un certain nombre de technologies. Même en tant que grand groupe, il n'est pas possible cependant d'adresser toutes les problématiques technologiques intéressantes comme le Cloud ou encore le HPC. L'Open Source est une opportunité pour bénéficier de belles technologies, d'y contribuer et de promouvoir l'innovation.

Jean-Pierre Laisné est président de l'Open World Forum 2011, président du Consortium OW2 et directeur de la stratégie Open Source chez Bull.