Olivier Midière (ADEN) "Les 40 000 distributeurs de logiciels français ne doivent surtout pas être exclus du Cloud "

L'Association pour le Développement de l'Economie Numérique souhaite voir émerger une alternative aux modèles de Cloud privé, public et hybride. Une quatrième voie qui serait adaptée aux petites structures.

JDN Solutions. Dans le cadre du grand emprunt, en sait-on plus sur les montants consacrés au Cloud ?

Olivier Midière. Les premiers appels à projet faisant suite à la consultation de début juillet doivent sortir d'ici fin octobre. Mais sur les 1,75 milliards d'euros consacrés aux contenus et aux usages [sur l'enveloppe globale de 4,5 milliards d'euros, 2 milliards sont allés au très haut débit et 750 millions à la numérisation du patrimoine culturel, NDLR], on ne sait pas encore combien d'argent sera précisément investi dans le Cloud.

Pour l'heure, le conseil stratégique d'évaluation qui décide des investissements pour l'Economie Numérique n'a pas encore lancé d'appels à projets dans le Cloud. Dans le cadre de la consultation publique de juin-juillet dernier sur le grand emprunt pour l'Economie Numérique, nous avons fait plusieurs propositions avec pour objectif de mettre sur pied une véritable filière Cloud en France.

En ce sens, il est nécessaire qu'un fonds d'amorçage, de 400 millions d'euros par exemple, puisse être consacré au soutien des start-up françaises du Cloud et pas seulement alloué aux grands opérateurs et hébergeurs télécoms. Enfin, il faut travailler avec les grandes écoles, Centrale, Polytetechnique, l'Essec, pour développer les formations liées au Cloud qui sont aujourd'hui dans tous les domaines informatiques : sécurité, réseaux, applicatifs...

"Le Cloud pose la question du devenir des 40 000 distributeurs de solutions présents en France"

Vous prônez depuis avril dernier le Cloud communautaire. Comment-est-il adapté aux besoins des entreprises et des PME en particulier ? 

Les offres de Cloud actuellement présentes sur le marché sont avant tout destinées aux grandes entreprises. C'est pourquoi nous préconisons depuis plusieurs mois une quatrième voie, dans la droite ligne de ce que propose le National Institute of Standards and Technology, à savoir le Cloud communautaire.

Ce dernier vient compléter l'éventail des types de Cloud existants, privé, public et hybride. Il permet de partager une infrastructure entre plusieurs organisations supportant une communauté précise et ayant des préoccupations communes. Il est parfaitement adapté à leurs besoins mais également à ceux des collectivités territoriales et des établissements publics, indépendamment de leur secteur d'activité.

Cependant, il existe pour l'heure un véritable point de blocage pour les PME dans l'adoption du SaaS et de ce modèle de Cloud communautaire en particulier. C'est celui du devenir des réseaux de distributeurs traditionnels. Car que va-t-on faire des 40 000 distributeurs de solutions présents sur le territoire ?

"Les investissements IT des PME n'ont que légèrement baissé"

Il est plus que jamais nécessaire de les impliquer dans ce projet de Cloud communautaire sans les exclure comme ce qui est en train de se passer actuellement. Leur repositionnement dans le domaine du conseil, de l'accompagnement et de l'intégration de solutions est donc inévitable. Tous les patrons de PME ne savent pas de façon inné identifier les bonnes offres SaaS et les paramétrer.

Dans ce contexte de crise, les investissements et projets IT des PME ont-ils été remis en cause ?

Il n'y a pas eu de gros ralentissement des investissements IT des PME, si ce n'est une baisse légère. L'enjeu pour les PME autour des TIC est double : gagner en compétitivité, et l'on sait que de ce point de vue-là, nos PME sont à la traîne au niveau européen.

Mais également s'équiper en technologies innovantes pour réduire leurs coûts de développement et être plus productives. Dans ce domaine, il y a beaucoup à faire et se tourner vers le Cloud Computing est un moyen pour elles de répondre à ces problématiques.

Olivier Midière est président de l'ADEN (Association pour le Développement de l'Economie Numérique). Il a notamment exercé la fonction de président de la commission Economie Numérique au sein de la CGPME et travaille en tant que business angel dans le secteur Media.