L'Open Source face aux défis de la société numérique Louis Montagne (Open World Forum) : "L'Open Source n'a pas perdu la bataille du Cloud Computing"

JDN Solutions. Quels sont les enjeux de cette édition 2011 de l'Open World Forum ?

Louis Montagne (Open World Forum). Cette édition continue d'être fidèle à son esprit d'origine : c'est un événement gratuit et qui a une dimension internationale. C'est le plus grand rendez-vous européen de ce type autour de l'Open Source.

louis montagne  est le co-président de l'édition 2011 de l'open world forum.
Louis Montagne  est le co-président de l'édition 2011 de l'Open World Forum. © JDN

Cependant, nous avons introduit plusieurs nouvelles dynamiques. Si l'événement était précédemment centré sur le monde de l'entreprise, il s'est aujourd'hui enrichi et a élargi son ouverture. Un volet "code" s'adresse désormais aux développeurs, et une partie "experiment" s'adresse plus au grand public pour le familiariser de façon parfois ludique ou artistique à l'Open Source. La cible des entreprises reste cependant très importante, avec beaucoup de DSI invités et des conférences, en anglais, avec des intervenants venant du monde entier.

L'Open Data est l'un des thèmes phares abordés lors de cette édition. Quel est son rapport avec l'Open Source, et quels rôles vont jouer les acteurs du "Libre" dans l'Open Data en France ?

L'idée centrale de l'Open Data reste l'ouverture, or c'est la thématique fondamentale de l'Open Source. La philosophie et la démarche sont donc identiques, mais les outils et les moyens mis en œuvre seront aussi les mêmes... Comme l'Open Source, l'Open Data nécessitera aussi des interventions extérieures de contributeurs, pour alimenter, actualiser ou corriger la base de données par exemple.

Il y a aujourd'hui beaucoup de projets Open Data qui émergent dans la monde. Nous avons invité Nigel Shabolt pour qu'il raconte son expérience sur le projet Open Data qu'il a mené au Royaume Uni. Cependant, tous les projets ne se déroulent pas aussi bien. A San Francisco par exemple, la ville a du mal à mette en place l'Open Data. Ce sont des projets délicats.

"L'Open Source a aussi besoin de grands acteurs de l'industrie informatique pour le soutenir"

Mais, force est de constater qu'il y a une réelle volonté, politique notamment, qui est là. C'est aussi le cas en France. C'est nécessaire, mais pas suffisant. Car, par exemple, pour obtenir ne serait-ce que l'endroit des arrêts de bus, ce n'est pas vers Paris, la Ville, qu'il faut se tourner, mais vers la RATP qui détient ces données.

Les données seront donc générées par beaucoup d'acteurs différents, et il faudra les rassembler. En outre en France, si l'idée fait son chemin, il va aussi falloir choisir les partenaires et mettre en place les infrastructures adéquates. Les discussions, avec des acteurs du Libre, ont déjà commencé.

Le Cloud Computing est aussi l'un des thèmes souvent abordé lors de cette édition. Or, dans le domaine de la virtualisation, c'est une technologie fermée qui domine le marché... L'Open Source n'est-il pas en train de perdre une importante bataille ?

Je ne crois pas. Tout d'abord, le Cloud Computing n'en est qu'à ses débuts. Beaucoup de choses restent à faire. SaaS, PaaS, IaaS sont des moyens de vendre des services, et représentent autant d'opportunités pour l'Open Source. Certes, les infrastructures peuvent sembler plus fermées par essence, mais des acteurs de l'Open Hardware peuvent changer ce préjugé. Ensuite, l'Open Source est déjà partout, et participe déjà à beaucoup de systèmes, y compris dans le Cloud Computing, mais tout le monde ne le sait pas toujours...

Que pensez-vous de la façon dont Oracle a géré les projets Open Source de Sun après l'avoir racheté ? Cette année encore les actualités d'Oracle à ce sujet n'ont pas manqué de froisser certains acteurs de L'Open Source...

Sun a écrit une page importante dans l'histoire de l'Open Source. C'est facile de voir Oracle comme l'ennemi juré de l'Open Source, mais il ne faut généraliser. L'Open Source a  aussi besoin de grands acteurs de l'industrie pour le soutenir et développer les projets. Ensuite, cette acquisition a permis de générer de nouvelles impulsions et stratégies. LibreOffice, par exemple, est plus une adaptation d'OpenOffice qu'un réel fork. Engin, je pense que le modèle d'Oracle est condamné à évoluer. Il n'est plus en adéquation avec les problématiques actuelles.