Xavier Perret (Microsoft Azure France) "Microsoft Azure assume de prioriser les besoins critiques des clients en termes de ressources additionnelles"

Alors qu'Azure fait face à des contraintes de capacité en Europe l'empêchant de répondre à toutes les demandes, le patron France revient sur le dispositif mis en place pour prioriser l'allocation de nouvelles capacités dans les data centers concernés.

JDN. De nombreux clients d'Azure se plaignent depuis le 25 mars de ne plus pouvoir provisionner de nouvelles machines virtuelles sur plusieurs régions Azure en Europe. C'est notamment le cas pour la France, l'Angleterre, l'Irlande et Amsterdam. Azure est-il arrivé au maximum de ses capacités sur ces régions ?  (lire l'article Azure : une demande en hausse 775% dans les régions en confinement).

Xavier Perret est directeur de l'entité Azure France. © Microsoft

Xavier Perret. Nous sommes évidemment face à une situation inédite. Ces dernières semaines, Azure a été confronté à une hausse sans précédent des demandes supplémentaires (en ressources cloud, ndlr). Cette demande concerne la mise œuvre à très court terme d'infrastructures critiques indispensables à la continuité d'activité et au bon fonctionnement de l'économie. Pour les entreprises qui nous sollicitent, il s'agit de répondre à l'enjeu du télétravail. Des acteurs de la santé publique se sont aussi tournées vers nous.

Pour faire face à cette demande massive, nous avons établi en toute transparence des critères de priorité clairs pour l'allocation de nouvelles ressources cloud dans le cas où Azure viendrait à faire face à des contraintes de capacités. La priorité absolue devant être accordée aux services de secours, de santé, de gestion des urgences, mais aussi aux infrastructures essentielles et critiques pour le bon fonctionnement de l'économie, notamment dans le domaine bancaire, alimentaire ou gouvernemental. Sans oublier le télétravail. Nous avons mis en place une cellule au sein de Microsoft France pour mettre en œuvre sur le territoire cette priorisation définie au niveau du groupe.

L'épicentre du Covid-19 ayant bougé sur l'Europe et imposée des mesures de confinement qui se sont plus récemment étendues à l'Angleterre, nous avons dû faire face [depuis le 25 mars, ndlr] à un afflux de sollicitations en nouvelles ressources qui est arrivé d'un coup sur cette plaque géographique. Ce qui a engendré un impact sur nos capacités en Europe, et pas seulement sur nos data centers en France, mais aussi sur d'autres de nos centres de données européens. Nous ne pouvions pas répondre à toutes les demandes. Nous avons donc dû appliquer nos critères de priorisation. Des demandes pour des évolutions d'infrastructure sortant de nos critères se sont donc retrouvées impactées.

La priorité étant accordée ces derniers jours sur Azure aux infrastructures critiques en termes de capacités supplémentaires, par quelle voie une entreprise entrant dans ces critères doit-elle passer pour bénéficier de cette possibilité ?

Les clients peuvent à tout moment solliciter les commerciaux avec lesquels ils sont en contact pour exprimer leurs besoins en ressources additionnelles. Par le biais de nos propres équipes commerciales et de notre écosystème de partenaires, nous sommes capables de répondre à tout type d'acteur susceptible de fournir un service critique : TPE et PME, grande entreprise, filiale de grande entreprise, éditeur de logiciels, administration... Les besoins des clients sont remontés quotidiennement à la cellule de crise de Microsoft France qui met immédiatement en œuvre les capacités nécessaires pour les infrastructures considérées prioritaires.

"Les capacités supplémentaires concernent notamment des déploiements massifs de desktop as a service pour permettre aux salariés en télétravail d'accéder à leurs applications métier à distance"

Des arbitrages peuvent être réalisés y compris pour un même client, en concertation complète avec lui, en fonction du niveau de criticité de ses applications, voire de ses chantiers de migration en cours vers Azure qu'il peut être amené de lui-même à mettre en retrait compte tenu de la situation. Nous avons notamment des discussions sur ces sujets avec de grandes entreprises. Rappelons que 90% des entreprises du Fortune 500 sont des clients Azure. L'objectif est d'avoir une vraie conversation avec le client.

A quels types d'infrastructures ces capacités supplémentaires sont-elles allouées ? Pouvez-vous donner des exemples plus précis ?

Pour la France, elles sont principalement liées à des demandes de déploiement massif de desktop as a service pour permettre aux salariés en télétravail d'accéder à leurs applications métier à distance. Mais également à de nouveaux projets notamment en provenance d'hôpitaux, sur des périmètres souvent plus faibles, mais qui nous ont été immédiatement remontés par cet effet de transparence et de priorisation.

Plus globalement, nos clients prennent plus que jamais conscience en ce moment de l'importance du cloud, mais aussi de la criticité des couches de sécurité pour protéger leurs applications.

Outre-Atlantique, les entreprises sont en train à leur tour de passer en masse au télétravail. Certes Microsoft se veut rassurant sur la reprise de l'approvisionnement en matériel IT en provenance d'Asie. Mais que fera Microsoft s'il se retrouve également confronté à des contraintes de capacité sur Azure dans ses data centers aux Etats-Unis ? S'il doit choisir entre les économies européenne et américaine, que va-t-il faire ? Beaucoup de start-up françaises avec lesquelles le JDN est en contact se posent  le question.

La perspective ne se pose pas dans ces termes. Notre mission, et j'insiste sur ce point, est avant tout d'accompagner nos clients quelle que soit la géographie sur les plateformes technologiques. Globalement, Microsoft Azure a la masse critique pour accompagner la croissance du cloud et répondre aux défis qui se présentent en ce moment. Nous disposons évidemment de capacités disponibles dans d'autres data centers sur d'autres géographies, qui peuvent être mobilisées pour les clients français.

Quand nous sommes confrontés localement à des problèmes de capacités, nous assumons comme je l'ai dit de prioriser les besoins critiques de nos clients en termes de ressources additionnelles. Les équipes techniques et d'ingénierie de Microsoft France et de nos partenaires ont par ailleurs des conversations permanentes avec des clients pour les accompagner dans l'optimisation de leur capacité. En parallèle, toutes les mesures ont été prises pour assurer la continuité d'activité de nos équipes commerciales mais aussi techniques, y compris évidemment dans nos data centers, en vue de tenir nos engagements de qualité de service sur Azure. Nous sommes pleinement mobilisés.

Diplômé du Corps des Mines et de l'Ecole Polytechnique, Xavier Perret a complété sa formation par un executive MBA obtenu à l'Essec-Mannheim. Avant de rejoindre Microsoft France, il était executive vice president de la business unit Commerce d'OVH. Précédemment, il a occupé les fonctions de chief digital & data officer au sein d'Orange France. Il rejoint Microsoft France en septembre 2019 pour prendre la direction de l'entité Azure pour la France.