Green IT : les données doivent se mettre au vert

La réduction de l'empreinte carbone est un enjeu majeur dans la tech. L'usage énergivore des data implique un changement radical de comportement sur l'ensemble de la chaîne de valeur numérique : hébergement, renouvellement des terminaux mais aussi consommation des utilisateurs.

Le constat est sans appel. Selon The Shift project, en 2019, le numérique représentait déjà 3,5% des gaz à effet de serre contre 2% pour le transport aérien civil ! Ce chiffre pourrait doubler d’ici 2025. Les mesures de confinement du printemps 2020 ont donné lieu à une augmentation immédiate de 15 à 20% du trafic, aux États-Unis et en Europe.

Un hébergement appelé à être responsable

Faire appel au cloud pour l’hébergement de ses données est une démarche Green-IT “friendly” pour deux raisons : la mutualisation des installations permet de ne consommer que l’énergie dont on a besoin en fonction de son trafic. D’autre part, par intérêt économique, les cloud providers (Amazon, Google ou Microsoft) ont développé des compétences dans l’optimisation de l’énergie consommée afin de réduire leur coûts et donc d’augmenter leur marge. Lors de sa dernière conférence, Sundar Pichai, le numéro 1 de Google, s’est engagé pour que tous ses bureaux et data centers fonctionnent uniquement avec des énergies vertes d’ici à 2030. Lorsque l’on fait appel à un cloud provider pour héberger ses données, de nombreuses actions peuvent permettre de limiter l’impact environnemental de notre consommation. Quelques exemples : Éteindre ses serveurs de test la nuit quand ils ne sont pas utilisés, travailler l’élasticité de son infrastructure pour minimiser la puissance de calcul nécessaire, localiser ses données dans un datacenter pour profiter du mix énergétique français... 

Une consommation plus vertueuse des utilisateurs

Le développement du télétravail avec les vidéoconférences via zoom ou encore la consommation croissante de divertissement sur les plateformes numériques de SVoD (Netflix, Disney Plus…) génèrent un flux croissant de données qu’il est difficile de juguler. Or, la donnée qui ne coûte pas d’énergie est celle qu'on ne consomme pas. Les citoyens responsables ont décidé de manger moins de viande, d’acheter moins de vêtements ou d’opter pour de la seconde main, mais ne sont pas encore conscients qu'il va falloir adapter leur usage du numérique. Cette consommation indolore est pourtant un des facteurs du réchauffement climatique. Une série de petites actions peut être engagée comme la suppression des "dark data", à savoir l’effacement des données que l’on n’utilise plus (emails, photos anciennes…)

Endiguer la multiplication des terminaux 

Dans le numérique, le premier impact pour la planète reste la construction des terminaux. L’électricité nécessaire pour fabriquer téléphones, ordinateurs, télévisions, etc… est le poste de dépense énergétique N°1 pour la tech. Sans parler de l’exploitation des ressources naturelles nécessaires, dont le coût écologique est élevé. A ce titre la multiplication des objets connectés n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la planète, et celui qui souhaite entamer une démarche de consommation tech durable devrait réfléchir à deux fois avant d’acheter un réfrigérateur ou une montre connectée. De la même manière, avec l’arrivée de la 5G, de nombreux particuliers et entreprises vont changer de téléphone, ce renouvellement de terminaux étant lui aussi très préjudiciable pour l’environnement. 

Il ne s’agit pas d’arrêter de “consommer” tech. Il convient de mesurer l’impact de nos actions, personnelles et professionnelles, et de réaliser que même si celui-ci nous paraît plus lointain, l’avenir de la planète passe par un comportement responsable aussi dans ce domaine.