Rachat d’Oculus : Facebook scie la branche du crowdfunding

Et si les crowdfunders de Oculus étaient passés par une plateforme de crowdfunding en capital type WiSEED plutôt qu'une plateforme de don pour contrepartie comme Kickstarter ? Certains seraient aujourd'hui millionnaires...

Au lieu de ça, ils ont contribué à créer de la valeur pour Facebook et permis aux actionnaires de Oculus de vendre leurs parts pour la coquette somme de 2 milliards de dollars.

Facebook pointé du doigt

S’il y a bien une chose à laquelle Facebook s’est habituée ces derniers temps c’est bien de faire l’unanimité contre elle. Et ce n’est pas prêt de finir. La stratégie de razzia du monde du numérique du mastodonte de Palo Alto a encore fait une victime : la jeune entreprise Oculus du très jeune (21 ans) Palmer Luckey, mettant, une fois n’est pas coutume, Facebook au banc des accusés.
Cette entreprise s’est spécialisée dans la réalité virtuelle à travers un casque  pour jeux vidéos réalisant au plus près les sensations réelles d’un jeu.
Pour financer son développement, Oculus a fait appel au crowdfunding via la plateforme américaine Kickstarter. Le principe est clair, les internautes font un don à de jeunes entreprises innovantes, sorte de coup de pousse pour participer à leur essor. En échange, pas de contrepartie financière, juste des émoluments en nature : tee-shirts, mugs, dédicace spéciale, diner avec les fondateurs...
Dans ce cas c’est finalement plus de 9 500 personnes qui ont levé plus de 2.4 millions de dollars tout de même.
La fronde sur les réseaux sociaux à l’annonce du rachat par Facebook a été à la hauteur du prix de la transaction : 2 milliards de dollars! Il faut dire qu’en la matière Facebook n’a pas de limite, les exemples de rachats d’Instagram et de Whats’app ont démontré que la planche à billets tournait à marche forcée.

Don pour contrepartie  Vs. Capital

De fait les donateurs se sentent floués, bernés, convaincus d’avoir été trompés sur la marchandise. D’une part, ils ont financé un projet qui se voulait « cool » et qui aujourd’hui pèse des milliards, et ce sans contrepartie pour eux, et d’autre part, la moins reluisante des deux, d’avoir permis grâce à leur don de voir tomber Oculus dans l’escarcelle de Facebook.
Certains internautes accusent Oculus d’« avoir pactisé avec le diable ». Arguant que cet arrimage à Facebook va dévoyer la société de son essence première en passant de la réalité virtuelle pour jeux vidéos à un usage essentiellement tourné vers la publicité pour réseaux sociaux. C’est l’indépendance même du projet qui est remis en cause.
La question qui se pose est la suivante : ce projet aurait-il dû être financé sur du reward based crowdfunding (don pour contrepartie) ? Nul besoin d’un grand clerc ou fin connaisseur de l’analyse financière pour savoir que la réalité virtuelle est « la » nouvelle révolution du numérique après le PC et le smartphone et que Oculus pèserait des milliards en peu de temps.
Le crowdfunding en capital aurait certainement été l’option la plus judicieuse pour les 9 500 contributeurs. Le site Mashabe a fait une hypothèse de gain si les donateurs étaient entrés au capital plutôt que du don pour contrepartie.
Sur la base des 2 milliards que vaut désormais l’entreprise, pour un don de 25 dollars avec en contrepartie un banal tee-shirt, une entrée au capital leur aurait permis de multiplier leur investissement par 1 600 ! Devenant détenteur d’actions valant 40 000 dollars. Rageant.
Le site Kickstarter a été fidèle à sa promesse mais le produit financé n’avait, a posteriori, pas sa place sur une telle plateforme. Il est de la probité des porteurs de projet de proposer le crowdfunfing en capital (AngelList aux Etats-Unis, Seedrs en Angleterre, WiSEED en France) à leurs contributeurs, lorsque le besoin de financement est lié à une évolution de l’actionnariat à court-terme, quitte à lancer une campagne hybride (capital & don pour contrepartie).