Organisation en silos : les start-up sont-elles immunisées ?

"Pour aller vite, partez seul ; pour aller loin, partez en groupe". La start-up semble être l’exemple suprême de la mise en pratique de cette maxime dans le contexte de l’entreprise. Mais gare aux pièges...

Cela présuppose que naturellement, intrinsèquement et sans effort, les startups sont immunisées contre l’organisation en silos.

La réalité est singulièrement différente. Si une structure modeste en nombre d’employés favorise parfois esprit d’équipe et collaboration, ni une start-up, ni aucune autre forme d’organisation ne sont à l’abri des fameux silos.

  L’inexorable tentation du silo ?   

On parle là d’attitudes de professionnels qui se concentrent sur leur expertise propre en oubliant de partager leur expérience et leurs décisions avec leurs collègues. Ce trait est, hélas, abondamment partagé.

Sous la pression du temps, des investisseurs qu’on courtise, des premiers clients à gagner et fidéliser, chacun veut faire gagner du temps à son entreprise et à ses collègues. Et de lancer le célèbre : « je m’en occupe ». Manière de dire « je m’occupe de ce que je sais faire, faites de même et ne perdons plus de temps à partager, à discuter, en un mot, à collaborer ». La suite est logique. Dans un souci d’optimisation de chaque minute qui passe, les autres membres de l’équipe en font autant. Sans crier gare, de mauvaises habitudes s’installent. Finies les réunions avec tous les collaborateurs ; on préfère se rassembler en sous-ensemble d’expertises. Adieu le partage de la vision stratégique générale ; on ne voit plus au-delà de son département. Le langage et les objectifs communs à toute l’entreprise se perdent : bienvenue dans l’organisation en silos, le partage des tâches et, à terme, la standardisation.

Et, pendant que ces habitudes s’ancrent profondément dans les esprits, la start-up agile des débuts grandit et finit par ressembler à toutes les autres organisations, sans forcément être nostalgique d’ailleurs !

  Collaborer, c’est compliqué !

S’il est vrai que « pour aller vite, il faut partir seul  et que pour aller loin, il faut partir en groupe »,  la première proposition est beaucoup plus facile à mettre en oeuvre. Collaborer est, par essence, compliqué. Cela ne s’invente pas ; il est naïf d’imaginer que nos inclinations naturelles soient au partage.

Cependant, il existe des méthodes pour mettre en place et préserver de bonnes pratiques, une vision commune, une alchimie entre les parties prenantes d’une entreprise. Il faut prendre le temps de les analyser et de les déployer, quelle que soit la taille de l’entreprise dans laquelle on évolue ou que l’on dirige.

On parle là de méthode dites « Agiles »  qui garantissent une bonne collaboration en interne, mais aussi à l’externe : partenaires, prestataires, clients peuvent en bénéficier et s’en inspirer, créant à terme un véritable écosystème. L’enjeu n’est pas seulement la bonne entente entre les employés : la bonne collaboration est un gage de croissance et de performance.  L’idée est de mettre en place un système où les échanges d’informations et les appréciations des performances individuelles ou d’équipe sont effectués régulièrement, toutes les semaines et non tous les trimestres ou tous les ans.

Une conception de la performance collaborative, partagée entre les métiers

En tant que responsable financière ayant connu les deux mondes, grand groupe et startup en forte croissance, ma conclusion est que ce n’est pas une question de taille, d’effectifs ou de chiffre d’affaires.

N’a-t-on pas déjà vu des start-up originellement viables s’effondrer en quelques mois en raison d’une organisation qui, d’un coup, se raidit,  compromet des ambitions et objectifs communs pourtant initialement réalistes et réalisables ?

Les entreprises d’aujourd’hui ne peuvent plus fonctionner sur le simple modèle de la division des tâches. Tout le monde en a conscience, mais peu d’élus ont trouvé la bonne solution. Attention à ne pas perdre de vue cet objectif louable et nécessaire : savoir créer un consensus sur la notion de performance qui soit partagé par tous les métiers de l’entreprise.