Bonnes feuilles : Grandeurs et misères des stars du Net Pierre Kosciusko-Morizet : une première activité contre-nature

[...] Fort de ses convictions, le voilà rentré à Paris. Et dorloté dans la pouponnière d'HEC Entrepreneurs. Un projet d'entreprise est attribué à chacun. Avec une mission très simple : rédiger un business plan et séduire des investisseurs.


pierre kosciusko-morizet, dirigeant de priceminister
Pierre Kosciusko-Morizet, dirigeant de Priceminister © S. de P. Grasset / Christophe Beauregard

PKM va hériter d'une idée plutôt... originale. Pour la petite histoire, ce projet n'avait pas été attribué au départ car trop complexe ! En partenariat avec l'entreprise Faiveley Transport, spécialisée dans l'équipement ferroviaire à fort contenu technologique, PKM va mettre au point un système de comptage innovant du nombre de personnes qui fréquentent les lieux publics, comme les grands magasins par exemple (Faiveley Transport avait déjà équipé les gares de ce type de service). L'entreprise est baptisée Visualis SA. "L'objectif était de proposer aux entreprises un service qui les aide à s'adapter à leurs besoins. Par exemple, ouvrir de nouvelles caisses en cas d'affluence dans un supermarché, ou calculer le nombre de personnes qui entrent dans une boutique située dans un centre commercial par rapport à celles qui ne font que passer devant. Je trouvais l'idée absolument géniale parce qu'elle répondait à un vrai besoin."

PKM est tout feu tout flamme. Il a vingt ans, et même s'il vient de couper ses dreadlocks, il a toujours une énergie débordante et la vie devant lui. Ça y est, son entreprise, il la tient.

Mais rien ne va se passer comme prévu. Le coup de foudre ne viendra jamais.

"Bonjour. Pierre Kosciusko-Morizet à l'appareil, je vous ai eu plusieurs fois en ligne, notamment la semaine dernière...

- ...

- Pas de problème, je vous rappellerai d'ici quinze jours quand vous aurez pris votre décision...

Commercial. Il déteste cette façon de travailler. Or, depuis qu'il s'est lancé dans l'aventure, PKM passe ses journées pendu au bout du fil à tenter de vendre sa technologie et à essuyer revers sur revers... [...]

"Le plus dur, c'est que j'étais vraiment seul. J'étais un peu sonné par la violence du milieu et j'étais à des kilomètres de l'euphorie que j'avais connue en Asie. J'étais abattu par le peu d'enthousiasme que suscitait mon business et je n'arrivais pas à trouver le ressort nécessaire pour me battre."

[...]

Au bout de quelques mois, il se rend à l'évidence : cette idée, ce n'est pas lui qui l'a eue, mais HEC qui la lui a imposée. Lui qui est un aficionado du BtoC est obligé de travailler dans le secteur plus étroit du BtoB, ce qui limite le nombre de clients et de fournisseurs... Il est à contre-courant, isolé, dans un business qui ne lui plaît pas... mais qui, se rassure-t-il, a toutes les chances de marcher ! Et c'est là que le bât blesse. Visualis ne décolle pas. Les clients n'affluent pas. Ses efforts ne paient pas. Son business est un désastre.