L'Internet en Russie explose : mais où investir ? Des spécificités locales à prendre en considération.

fabrice grinda (aucland.fr, olx, zingly)
Fabrice Grinda (Aucland.fr, OLX, Zingly) © F. Grinda

"Les Russes sont techniquement très qualifiés, sont travailleurs et certains acceptent de travailler à des coûts très raisonnables", affirme Fabrice Grinda.Le coût des ingénieurs est par ailleurs plus faible en Russie en raison de la présence de multiples campus et de centres de recherche comme celui de Novossibirsk, une ville perdue au milieu de la Sibérie. En revanche, certains métiers coûtent cher, qu'il s'agisse du marketing ou du "business development".

L'e-commerce : un secteur plus risqué

Certaines particularités culturelles de ce marché, "qui sont davantage des particularités que je qualifierai de structurelles", précise Fabrice Grinda, sont notables. "Les russes ne sont pas habitués à payer en ligne, ce qui explique l'importance du cash & delivery dans le pays". Le marché des méthodes de paiement y est d'ailleurs atomisé : l'Amazon russe Ozon propose à ses clients une quinzaine de méthodes de paiement. Un casse-tête quand il s'agit de trouver une solution de monétisation simple, notamment dans le commerce de biens digitaux. Inutile aussi d'investir dans des sociétés qui proposent des offres d'e-commerce par abonnement comme peut le faire JolieBox en France car "la consommation par abonnement n'est absolument pas ancrée dans la culture russe", explique Adrien Henni.

Mieux vaut demander aux entrepreneurs russes de domicilier leur start-up à l'étranger.

Avant d'investir en Russie, mieux vaut prendre quelques précautions, "en demandant par exemple aux entrepreneurs de localiser leur société à l'étranger, c'est à dire au Luxembourg, à Chypre ou encore à Londres" avertit Fabrice Grinda. "Il faut également rester très vigilant quant à la qualité de ses prestataires et de ses fournisseurs" note-t-il. Et ce n'est pas les anecdotes qui manquent à ce business angel averti qui raconte que les livreurs de KupiVip.ru se servaient de leur véhicule pour jouer au taxi lors des débuts de la société, "ce qui réduisait considérablement leur productivité". Il conseille ainsi aux e-commerçants russes de disposer de leur propre activité de logistique et "de se méfier des fournisseurs qui assurent disposer du produit demandé dans ses stocks, qui dans 50% des cas, ne le sera pas". L'e-marchand est donc contraint de se constituer un inventaire, ce qui a fortiori a des implications sur son fonds de roulement et donc les fonds nécessaires à sa croissance.

En tant que business angel, Fabrice Grinda estime que "là où je n'hésite pas à investir dans une start-up américaine dirigée par un jeune de 25 ans, je recherche des profils plus âgés en Russie. Ils ont le plus souvent fait leurs études supérieures à Harvard ou Stanford, ont une trentaine d'années et ont au moins 5 à 7 ans d'expérience dans le secteur derrière eux".