Faut-il cacher son idée de start-up ? Les accords de confidentialité sont souvent inutiles

Les accords de confidentialité imposés aux investisseurs ? Dans l'écosystème du Web français, ils sont rares... Voire quasi-inexistants. Guilhem Bertholet, qui a lancé et co-dirigé l'incubateur d'HEC pendant trois ans et a ainsi été le mentor d'une centaine de start-up, n'en a jamais signé un seul. Il est pourtant également actionnaire dans cinq sociétés.

Une seule fois, se souvient-t-il, un entrepreneur l'a contacté par mail en lui promettant une idée de start-up complètement disruptive, et en lui réclamant de signer un accord de confidentialité avant de pouvoir en parler. "Alors, ne m'en parlez-pas", a-t-il répondu. Pour lui, cela "met un frein à l'échange" et cela donne une mauvaise image de l'entrepreneur. "Si on ne peut pas parler librement de son idée, c'est qu'il y a un souci. Cela montre que l'entrepreneur n'est pas sûr de la valeur ajoutée qu'il peut apporter et a peur d'être remplacé", décrypte-t-il. Lui aussi est persuadé que "le plus important dans une start-up, c'est l'exécution".

De son côté, Charles Letourneur s'est parfois plié aux demandes d'entrepreneurs inquiets en signant des accords de confidentialité. "Rarement", précise-t-il. Il s'agissait de startupers "un peu paranos". "Ce n'est pas très grave, mais ça ralentit le process". Lui aussi s'accorde à dire que "c'est plutôt mauvais signe". Une entreprise soucieuse de cacher son idée ne rassure pas sur sa capacité d'exécution...

Travailler sur son produit pour prendre ses concurrents de vitesse

"De toute façon, les investisseurs n'ont pas vraiment d'intérêt à aller raconter les projets des start-up avec lesquels ils discutent", rappelle Guilhem Bertholet. La relation investisseur-entrepreneur doit être basée sur une confiance mutuelle pour être stable et durable. "Réclamer de signer un accord dès le début, ça n'envoie pas un bon signal."

"Tenter de breveter est souvent une perte de temps"

Juridiquement, rien ne protège une idée. L'Institut national de la propriété industrielle définit les critères de brevetabilité : l'invention doit être la solution technique à un problème technique. "C'est pour cela qu'on ne peut pas breveter une idée, seuls les moyens techniques mis en œuvre pour la concrétiser sont réalisables", peut-on lire sur le site de l'Institut.

"Un concept ne se protège pas, un logiciel non plus", confirme Charles Letourneur. "A la limite, on peut protéger des algorithmes, des approches, des morceaux d'un business model." Souvent, pourtant, ces tentatives de protection sont une perte de temps. Mieux vaut travailler sur son produit pour prendre ses concurrents de vitesse et s'asseoir comme leader sur le marché. "Ce qui protège un business, c'est le client", affirme l'investisseur. Et Guilhem Bertholet d'ajouter : "La meilleure protection, c'est d'aller vite, de provoquer sa chance en étant ouvert, en rencontrant du monde.... Et de s'emparer des parts de marché !"