Sean Rad (Tinder) "Nous pensons intégrer des achats in-app dans Tinder"

Sean Rad, CEO de Tinder, évoque ses projets pour monétiser l'application aux deux milliards de "matchs".

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Sean Rad, CEO de Tinder. © S. de P. IAC

JDN. Où en est le développement de Tinder ?

Sean Rad. Nous avons créé deux milliards de "matchs" - des personnes qui aiment mutuellement leur profil - et nous en enregistrons maintenant dix à douze millions par jour. Nos utilisateurs font un milliard de "swipes" par jour [Faire glisser une photo pour signifier que l'on aime ou non le profil d'un utilisateur, ndlr]. Nous sommes l'une des applications les plus téléchargées dans 50 pays et nous sommes dans le top 50 dans plus de 30 pays.

Combien comptez-vous d'abonnés ?

Nous ne le révélons pas.... Mais beaucoup !

Quels sont vos prochains projets, les fonctionnalités que vous voulez ajouter à Tinder ?

Maintenant que nous avons créé autant de "matchs", nous voulons aider nos utilisateurs à mieux connaître leurs "matchs". Nous lançons divers outils dans Tinder qui permettront non seulement de mieux connaître quelqu'un, mais aussi d'avoir l'opportunité de répondre à un post intéressant et de commencer une conversation. Par exemple, nous venons de lancer "Moments". C'est un moyen facile de partager des photos avec tous ses "matchs". Les "matchs" peuvent ensuite faire glisser la photo ["Swipe", ndlr] pour aimer ou bien y répondre de la même façon, avec une autre photo, ou en engageant une conversation.

Comment vous êtes-vous financés ?

Nous ne donnons pas les détails, mais nous sommes majoritairement détenus par IAC, qui a injecté tout le capital de Tinder. [Tinder a été créé au sein de l'incubateur d'IAC, ndlr]

Comment comptez-vous monétiser l'application ? Avec des publicités ?

Quand nous finirons par monétiser l'application, la plus grande partie des revenus viendra probablement d'achats in-app. Nous offrirons des services premium à nos utilisateurs et nous les ferons payer pour cela. Par exemple, tout le monde aimerait pouvoir revenir en arrière, sur Tinder. Les utilisateurs "swipent" la photo d'un côté ou de l'autre et ils font une erreur. Nous pourrions faire payer pour avoir la possibilité de revenir en arrière et modifier son choix. C'est un exemple, mais je pense qu'il y a beaucoup de choses que les utilisateurs de Tinder aimeraient pouvoir faire mais qui ne sont pas au cœur de l'application, pas indispensables... Et nous pourrions facturer ce genre de fonctions.

Avez-vous pensé à mettre en place un système d'abonnements ?

Oui. Quand je parle d'achats in-app, je pense aussi à de l'abonnement. Il y aura un certain nombre de fonctionnalités pour lesquelles nous ferons payer nos utilisateurs soit avec un abonnement, soit à l'acte pour débloquer une fonction avec un achat in-app. Nous explorons toutes ces options. Mais pour l'instant nous nous concentrons avant tout sur la croissance. Les revenus viendront, ce n'est pas une question de "si" mais de "quand". Mais pour l'instant nous sommes très occupés à nous occuper d'aspects techniques cruciaux... Des aspects que nous devons mettre en place pour notre expansion.

Quand allez-vous commencer à tester ces modèles de monétisation ?

Nous avons déjà décidé de la date, mais je ne peux pas encore la révéler.

Quelle est votre vision de Tinder ?

Nous voulons supprimer les barrières et les freins psychologiques existants lorsque l'on rencontre une nouvelle personne ou que l'on se rapproche de quelqu'un que l'on connaît déjà. Et dans ce domaine, on peut faire beaucoup. Tinder a le potentiel pour devenir une énorme société.

La France représente-t-elle un part importante de vos utilisateurs ?

Oui, la France fait partie du top 5 des pays où Tinder est le plus utilisé. La croissance y est folle. Une part significative de la population française utilise l'application.

Quels objectifs vous êtes-vous fixés ? Quand voulez-vous être rentable, par exemple ?

Nous ne donnons pas de date spécifique, mais l'année prochaine va être cruciale pour nous. Non seulement en termes de croissance, pour étendre Tinder dans de nouveaux pays et accroître la pénétration dans le monde, mais aussi pour avancer vers le chemin de la monétisation et engranger des revenus.

Le JDN a rencontré Sean Rad dans le cadre de la French Touch Conference, qui s'est déroulée les 26 et 27 juillet à New York.

Diplômé de la Marshall School of Business de l'Université de Californie du Sud, Sean Rad fonde Orgoo, une plateforme de communication à destination des consommateurs, en 2005. En 2009, il crée et devient président d'Ad.ly, une plateforme de parrainage de célébrités pour les réseaux sociaux. En 2012, Sean Rad cofonde Tinder au sein de l'incubateur IAC et en devient le CEO. Il entre dans la liste de Forbes des trente personnalités de moins de 30 ans les plus influentes en 2013. Il a 27 ans et vit à Los Angeles.