Airbnb tente de se racheter une conduite auprès des maires

Airbnb tente de se racheter une conduite auprès des maires Le service de location entre particuliers, qui vient de lever 475 millions de dollars, nettoie son site des annonces illégales et accepte de prélever des taxes locales.

Airbnb vient d'annoncer, dans un post de blog, avoir supprimé 2 000 annonces new-yorkaises de sa plateforme de location entre particuliers. En cause, selon la société : les hôtes "n'apportaient pas à leurs locataires une expérience de qualité". Mais pour Airbnb, il s'agit surtout d'essayer de couper court aux critiques du procureur général de New York, Eric Schneiderman, qui accuse le site d'abriter énormément de locations illégales. Après avoir étudié les annonces postées sur le site, son cabinet en a conclu que deux-tiers d'entre elles ne respectent pas la loi : 54% des quelques 19 500 annonces new-yorkaises proposent de louer un appartement entier, sans que son propriétaire ne soit présent. Or, une loi votée par l'Etat de New York en 2010 interdit la sous-location d'un appartement pour moins de 30 jours si le propriétaire n'est pas présent dans l'appartement. Par ailleurs, plus de 200 annonces proviennent de cinq hôtes seulement, qui sous-louent illégalement sur Airbnb pour ne pas payer les taxes imposées aux hôteliers traditionnels.

Selon le New York Post, Eric Schneiderman s'apprête à porter plainte au tribunal, aujourd'hui, pour qu'une enquête plus approfondie soit menée. L'an dernier, le procureur général avait déjà émis une injonction envers Airbnb pour obtenir la liste des habitants ayant publié une annonce, mais la société avait décidé de contester la décision. La Cour Suprême de l'Etat de New York doit étudier la question aujourd'hui, 22 avril.

Shared City : collecter la taxe de séjour pour la ville

Dans sa grande campagne de reconquête des maires, Airbnb a aussi lancé une initiative baptisée "Shared city", le 26 mars dernier, avec la ville de Portland, dans l'Oregon. Entre autres mesures destinées à redorer le blason de la plateforme (faciliter le versement des gains des hôtes à une cause locale et y joindre un pourcentage de la commission Airbnb, mettre à disposition des hôtes des détecteurs de fumées et de monoxyde de carbone, promouvoir la ville et ses commerces...), Airbnb se propose surtout de collecter la taxe de séjour puis de la reverser aux autorités de la ville. L'initiative devrait également être testée à San Francisco dès cet été. "Nos hôtes ne sont pas des hôtels et la plupart des taxes n'ont pas été imaginées pour eux", explique la société. Une telle taxe permettrait à Airbnb de rentrer dans le rang, de régler ses désaccords avec les maires, et surtout de répondre aux critiques des hôteliers qui l'accusent de concurrence déloyale : les hôtes peuvent louer sur la plateforme sans être soumis aux mêmes taxes que les hôtels. Pourtant, alors qu'Airbnb tente de trouver un accord avec l'Etat de New York pour y mettre en place la collecte de la taxe de séjour, le lobby hôtelier de la ville s'est dit contre une telle initiative.... Qui ne manquerait pas de légitimer la start-up. D'autant que dans le cadre du programme Shared City, Airbnb promet aussi de faire un tri sur la plateforme pour supprimer les usages abusifs : "Les gestionnaires immobiliers qui abusent de notre plateforme, qui dégradent le marché immobilier ou offrent une mauvaise expérience ne sont pas les bienvenus sur Airbnb", rappelle-t-elle.

475 millions de dollars levés

"Nous sommes une jeune société, nous apprenons constamment, se défend Airbnb. Nous cherchons à améliorer les villes et nous enquêterons sur les plaintes que nous recevrons." Pour redorer son image auprès des autorités, la start-up contre-attaque en multipliant les déclarations et initiatives. L'hôtelier 2.0 tente par exemple de démontrer que non, son service n'est pas responsable d'une hausse des prix du marché immobilier. Airbnb a ainsi commandé une étude à Ken Rosen, professeur à Berkeley et spécialiste du sujet, qui conclut que les locations de courte durée n'ont pas d'impact sur les loyers ni sur le marché immobilier. Airbnb assure même aider les propriétaires à joindre les deux bouts et conserver leur maison : "62% des hôtes Airbnb à New York déclarent que Airbnb les a aidé à rester dans leur maison et l'hôte moyen à New York gagne 7 530 dollars par an grâce à Airbnb". La communauté Airbnb va générer 768 millions de dollars d'activité à New York en 2014 et soutenir 6 600 emplois, assure le site. Et à la suite de catastrophes naturelles, comme après le passage de l'ouragan Sandy, Airbnb a aussi mis en place un système qui permet aux hôtes de recevoir gratuitement les victimes.

Créée en 2008, Airbnb vient de boucler une levée de fonds de 475 millions de dollars, notamment auprès de Dragoneer Investment Group, T. Rowe Price et Sequoia Capital, a révélé vendredi le Wall Street Journal. Une opération qui valorise la start-up à 10 milliards de dollars et la place à égalité avec l'autre start-up du Web la mieux valorisée, le service de stockage Dropbox. Le site avait déjà levé plus de 300 millions de dollars.