"Génération pigeons", la révolte des entrepreneurs racontée par Jean-David Chamboredon Fleur Pellerin : "Les entreprises du numérique sont notre avenir économique"

"Non, le gouvernement n'est pas anti-entrepreneurs"

Elle trouve les Pigeons "injustes", "un peu malhonnêtes" même. Non, le gouvernement n'est pas anti-entrepreneurs. Elle cite les dispositifs dont elle a obtenu le maintien : l'ISF-PME, le Crédit Impôt Recherche (CIR). "J'ai gagné tous les arbitrages relatifs aux PME."

Et, ajoute-t-elle, c'est la droite, sous le précédent quinquennat, qui avait changé les règles relatives au CIR, pour le bénéfice de seize grandes sociétés du CAC 40. "Éric Besson, en charge du numérique, n'a rien fait pour la fiscalité du numérique. Et la remise en cause du statut de Jeune Entreprise Innovante a conduit à des dépôts de bilan."

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" La gauche ne s'est pas sentie solidaire de cet écosystème."

Les Pigeons ont placé en première ligne la nouvelle ministre de l'Économie numérique. Ne lui ont-ils pas rendu service médiatiquement ? "C'est plutôt moi qui leur ai rendu service", rétorque-t-elle avec sa voix douce. "Le mode d'expression des Pigeons a braqué les parlementaires de la majorité. Ils n'ont pas aimé le discours anti-gauche, à tendance poujadiste. C'est dommage. Cela a gâché la possibilité d'expliquer des choses aux députés. Cela a un peu radicalisé les positions au sein du gouvernement. La gauche ne s'est pas sentie solidaire de cet écosystème."

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"Plus largement, nous avons un problème de reconnaissance du rôle des entrepreneurs dans l'économie. C'est dommage qu'il n'y ait jamais d'entrepreneur parmi les personnalités préférées des Français." Par exemple, elle va emmener dans son voyage en Corée Bertin Nahum, créateur à Montpellier d'un robot d'assistance chirurgicale. Nommé parmi les cinq personnalités les plus innovantes du monde par une revue britannique, il est quasi inconnu en France.

...malgré ses préventions initiales, c'est comme ça qu'elle résume le mouvement des Pigeons : "On veut que le gouvernement nous aime et reconnaisse nos mérites."

Fleur Pellerin est prête à se battre pour mettre en avant "l'impact social positif d'avoir créé une boîte." Elle sait que les créateurs d'entreprise sont souvent à vif. Au fond, malgré ses préventions initiales, c'est comme ça qu'elle résume le mouvement des Pigeons : "On veut que le gouvernement nous aime et reconnaisse nos mérites." Fleur Pellerin semble avoir bien compris les enjeux. Visiblement, elle recherche la bonne solution politique à un vrai enjeu économique.

Mais elle n'a pas de vague à l'âme : "Avec le développement du numérique, j'ai le ministère des moins mauvaises nouvelles. Même dans les télécoms, la 4G va donner un élan au secteur. Je suis en charge d'un secteur de croissance et d'avenir." Voilà une ministre heureuse !