"Génération pigeons", la révolte des entrepreneurs racontée par Jean-David Chamboredon Patrick Robin, le prophète

Patrick Robin est en quelque sorte le prophète des Pigeons. Le 30 juillet 2012, avant d'avoir vu le moindre alinéa du projet de loi de finances, le fondateur de l'agence d'e-marketing 24h00 s'empare des colonnes numériques du Huffington Post : "Ne dites pas à ma mère que j'étais un entrepreneur de gauche... elle croit que je suis devenu un salaud de riche".

Suit une longue anaphore, qui en rappelle une fameuse :

"Moi entrepreneur, j'ai mis 2 ans à me verser mon premier salaire,

Moi entrepreneur, j'ai épuisé mes maigres économies pour investir dans mon premier projet,

Moi entrepreneur, durant plusieurs années j'étais le moins bien payé de mon entreprise..."

"Moi entrepreneur, poursuit-il, je me sens persécuté, dénigré, mais énervé, révolté et pour la première fois en 30 ans"

Au fil de cette énumération, l'entrepreneur aguerri évoque la vie du créateur de société, comme une sorte de chemin de croix. Il dénonce le vent mauvais qui souffle sur les créateurs d'entreprise : "Moi entrepreneur, poursuit-il, je me sens persécuté, dénigré, mais énervé, révolté et pour  la première fois en 30 ans, découragé, démotivé... à quoi bon réussir, c'est tellement mal vu ces derniers temps. "

Que se passe-t-il pour qu'à 56 ans, ce "serial entrepre­neur" (une quinzaine de boîtes créées en presque trente ans), pionnier d'Internet et électeur de gauche de toujours, s'aban­donne au blues ? "J'en avais ras-le-bol de ce climat de stigmatisation des entrepreneurs. Quand j'ai entendu Montebourg dire que les entrepreneurs devaient agir en capitaines d'industrie plutôt qu'en rentiers, c'était la déclaration de trop." Sa tribune est lue, commentée et recommandée sur les réseaux sociaux. Juste retour des choses : sa web agency, 24h00, s'affirme en spécialiste du "social media marketing"

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"Il aide à rééquilibrer ce "foutoir de poujadistes et de réacs" qui s'en donnent à cœur joie sur la page Facebook.

Il aide à rééquilibrer ce "foutoir de poujadistes et de réacs" qui s'en donnent à cœur joie sur la page Facebook. Quand il découvre l'appel à manifester place du Trocadéro – "devant chez Carette [le salon de thé de la place du Trocadéro], n'importe quoi !" – il croit à un gag. Si vous voulez vraiment manifester, au moins changez de lieu !"

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Le mardi 9 octobre, la signature, aux côtés du Medef et des associations patronales traditionnelles, de l'appel "État d'urgence entrepreneurial" déplaît au patron de 24h00. Il s'inquiète : l'image des grands patrons va éclipser le message des jeunes entrepreneurs. "C'était une maladresse d'aller s'afficher avec certains patrons caricaturaux."