Pourquoi ils ont créé leur start-up à l'étranger Des incubateurs et accélérateurs à portée internationale

 "Les Etats-Unis constituent une réelle opportunité pour les entrepreneurs qui souhaitent lever des fonds", se réjouit Guillaume Martin. Après être sorti de l'incubateur parisien Le Camping, le cofondateur de l'application mobile Pictarine qui permet de parcourir les photos issues de tous ses réseaux sociaux s'est installé à Chicago pour rentrer dans l'accélérateur Excelerate Labs, désormais baptisé TechStars Chicago. "L'incubateur américain s'est occupé de domicilier notre société aux États-Unis puisque le programme suppose un investissement de sa part de 25 000 dollars pour 6% du capital auxquels s'ajoutent 50 000 dollars d'obligations convertibles."

Les américains exigent que les start-up soient domiciliées sur leur territoire

Les entrepreneurs français qui souhaitent profiter de programmes d'accélération outre-Atlantique et de mentors de renom sont donc fréquemment contraints de domicilier leur société aux Etats-Unis. Cette pratique est également partagée par le célèbre Y Combinator, réputé meilleur incubateur de la planète dans le secteur des nouvelles technologies.

le cofodateur de pictarine lors du demo day de l'excelerate labs
Le cofodateur de Pictarine lors du Demo Day de l'Excelerate Labs © S. de P. Pictarine

"La contrepartie est de pouvoir travailler avec des mentors comme le dirigeant de Match.com et bien d'autres qui sont à l'origine de géants internationaux et qui ont une réelle expérience en matière de création de produit et d'exécution" précise Guillaume Martin. Cela représente également un avantage indéniable pour la poursuite d'un projet, les investisseurs américains misant principalement sur des start-up américaines. "Lors de notre phase d'incubation à Paris au Camping, nous avons rencontré des gens pleins de volonté mais certains étaient là surtout pour se montrer et ce n'est également pas un secret de dire que les français manquent d'expérience en matière de création de produits".

Londres, simple mais onéreux

le cofondateur de jogabo medhi djabri est parti au chili
Le cofondateur de Jogabo Medhi Djabri est parti au Chili © S. de P. Jogabo

Pour Jogabo, une start-up qui édite une application mobile qui met en relation des joueurs de foot anonymes et amateurs pour les encourager à jouer ensemble, l'implantation s'est au départ faite à Londres. Pour Mehdi Djabri, l'un des trois cofondateurs du projet "il était plus simple de monter son entreprise à Londres où tout se fait en trois clics sur Internet et pour 50 livres". Mais la vie londonienne était trop onéreuse. Par ailleurs, "les investisseurs européens ne veulent pas de projets d'applications communautaires", note Jeremy Melul, l'un des trois cofondateur de Jogabo. "Nous avons donc postulé à Startup Chile, un incubateur chilien basé à Santiago qui nous a apporté 40 000 dollars sans aucune contrepartie". Lancé en décembre 2010, cet incubateur au rayonnement international est une initiative du gouvernement chilien dont l'objectif est de faire changer la culture locale et de promouvoir l'entrepreneuriat.

"Même les entrepreneurs américains sont fortement attirés par ce programme et tout est fait pour nous accueillir dans le confort à un point où j'ai obtenu un Visa en quatre jours et une carte d'identité en une semaine sans rien faire" indique Jeremy Melul. Aujourd'hui installés à San Francisco, l'équipe de Jogabo considère que là où un entrepreneur français va lever 100 000 euros en France, le même aux Etats-Unis pourrait lever 10 fois plus "parce que la position géographique et la taille du marché américain offrent des opportunités de développement plus ambitieuses". Chez Jogabo, ces opportunités se traduisent également dans des partenariats puisque la start-up prévoit de travailler avec Nike et a postulé à l'accélérateur de start-up de la marque à la virgule, le Nike+ Accelerator.

jogabo permet de créer ou de rejoindre des parties de foot avec des inconnus
Jogabo permet de créer ou de rejoindre des parties de foot avec des inconnus partout dans le monde © S. de P. Jogabo