Fabrice Boutain (Hapilabs) "Nous souhaitons vendre 5 000 fourchettes Hapiforks grâce au crowdfunding"

Quelques mois avant la commercialisation officielle de sa fourchette connectée, Fabrice Boutain dévoile sa stratégie pour en garantir le succès.

JDN. Votre fourchette connectée Hapifork était la star française du CES 2013. Quand comptez-vous la commercialiser ?

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Fabrice Boutain est également fondateur d'Anxa (Aujourdhui.com) et d'Actinutrition. © S. de P. Hapilabs

Fabrice Boutain. Nous avons décidé de miser sur une campagne de crowdfunding pour lancer la Hapifork d'Hapilabs. L'objectif est de vendre 5 000 fourchettes connectées à tous les passionnés résidant aux quatre coins du monde, au prix de 99 euros l'unité. Cette campagne qui sera lancée très prochainement nous permettra de disposer d'ambassadeurs de notre produit, de personnes qui vont en parler autour d'eux. En revanche nous n'avons pas encore choisi sur quelle plateforme réaliser le crowdfunding, dans la mesure où Indiegogo propose un modèle flexible, mais où Kickstarter reste le leader.

Comment est né ce produit et quels sont ses attributs ?

La Hapifork est née de ma rencontre avec l'inventeur Jacques Lépine, qui travaille sur ce projet depuis sept ans. Jacques s'est longtemps interrogé sur les leviers de modification du comportement alimentaire. La fourchette traduit ainsi notre volonté de réinventer les produits de tous les jours pour aider les utilisateur à garder la forme, puisque manger lentement y contribue largement. Elle permet également de perdre du poids sans faire de régime. Son fonctionnement est simple : si vous mangez trop vite, une petite vibration sera ressentie.

Mais la couche interactive se trouve également dans sa connectivité en Bluetooth avec votre smartphone, où une application mobile vous permettra de suivre vos indicateurs de santé. Cette application est également compatible avec le podomètre intelligent Fitbit qui mesure vos pas et avec la balance connectée de Withings. Le produit coûte cher mais il s'accompagne d'une application mobile, d'un programme de coaching nutritionnel et d'un panneau de contrôle en ligne.

Où sera-t-elle fabriquée et quand atteindrez-vous la rentabilité ?

Le bureau d'études de Jacques Lépine est en France mais le produit sera fabriqué à Hong Kong ou aux Philippines. La campagne de crowdfuning durera 45 jours et les Hapiforks seront livrées 90 jours après cette échéance. Nous allons commencer par distribuer 5 000 produits. Nous atteindrons la rentabilité lorsque nous en aurons vendu entre 10 000 et 20 000.

"Nous avons créé Hapilabs pour réussir aux États-Unis"

Quels marchés ciblez-vous ?

Nous adressons tous les marchés mais nous avons surtout créé Hapilabs pour réussir aux Etats-Unis. Par ailleurs, nous comptons sur la campagne de crowdfunding pour trouver nos prochains distributeurs partout dans le monde. Nous avons déjà un partenaire aux Etats-Unis : c'est Andrew Carton, qui est le président et fondateur de Mobile Nations, société éditrice de Crackberry.com ou encore d'AndroidCentral.com, qui distribuera notre produit.

Depuis le lancement de PageFrance en 1997, combien de sociétés avez-vous créé ?

Hapilabs est ma cinquième société et la troisième dans le secteur du bien-être. J'ai également fondé Anxa qui a débuté sur le marché des tests de QI pour ensuite s'élargir aux tests de personnalité, de quotient émotionnel, puis au coaching santé. Anxa est une société basée en Asie dont les services sont distribués en France par Aujourdhui.com, qui sera d'ailleurs le distributeur exclusif d'Hapifork en France. Ce site commercialise des services de coaching-nutrition par abonnement, que nous élaborons notamment avec le docteur Jean-Michel Cohen. En France, il attire 1,5 à 2 millions de visiteurs uniques par mois et il est complété par des applications mobiles qui ont été téléchargées 2,5 millions de fois.

Que représente votre activité en France ?

"Anxa a enregistré 10 millions d'euros de revenus en 2012"

En 2012 nous avons réalisé 10 millions d'euros de revenus chez Anxa, la France représentant 90% de notre chiffre d'affaires. C'est un marché complexe en raison de coûts d'acquisition client élevés qui ont été multipliés par trois en cinq ans pour atteindre environ 100 euros. Cela reste peu, comparé aux 300 dollars de coûts d'acquisition aux Etats-Unis. De ce fait, notre rentabilité est encore inférieure à 10%.

Sur quels leviers d'acquisition client misez-vous ? Facebook est-il performant ?

Nous travaillons sur des leviers d'acquisitions clients Web traditionnels mais nous souhaitons également développer des canaux offline. Par exemple avec Contrexéville qui, dans ses cures thermales, propose à ses prospects de choisir des formules incluant notre programme de coaching en ligne.

"Sur 17 canaux d'acquisition client, Facebook arrive en 15ème position. C'est une vraie déception."

Facebook est en revanche ma vraie déception. Sur les 17 canaux d'acquisition que nous utilisons, il n'arrive qu'en 15ème position. Je pense qu'il y a un réel problème dans le modèle économique de Facebook puisqu'il est difficile d'obtenir un taux de transformation convenable sur ce canal. Aussi beaucoup d'éditeurs se contentent de regarder leur nombre de fans alors qu'il faut surtout regarder ce que l'on dit de vous.

Sportif de haut niveau, Fabrice Boutain a pratiqué l'athlétisme et notamment le saut à la perche en partageant ses séances d'entraînement avec Jean Galfione. Après un diplôme d'école de commerce obtenu à l'INSEEC de Bordeaux et des études suivies aux Etats-Unis à l'Ohio State University, il a commencé à travailler en Chine à Guangzhou dans le négoce international de matières premières. En 1997, il fonde la société PageFrance.com, qui a été rachetée par Lycos via Spray en 2000. Début 2003, alors qu'il vit en Asie près de Hong Kong, il fonde la société Anxa.com.Il est également à la tête d'Actinutrition, une société basée à Montpellier qui conçoit des produits de type compléments alimentaires.