Jérôme Masurel (50 Partners) "Nous souhaitons offrir le meilleur modèle d'incubation aux start-up françaises"

Après Investir en Direct, Jérôme Masurel et Charles Fourault lancent 50 Partners. Quelle est la recette de la structure pour accompagner au mieux les start-up françaises ?

JDN. Après votre activité de leveur de fonds avec Investir en Direct, vous lancez 50 Partners. Quel constat vous a poussé à créer cette nouvelle structure ?

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Jérôme Masurel, cofondateur de 50 Partners © S. de P. 50 Partners

Jérôme Masurel. Chez Investir en Direct, beaucoup de jeunes start-up viennent nous voir à un stade où elles ne sont pas encore matures pour être financées. Certains projets sont séduisants mais les entrepreneurs doivent avancer davantage pour les présenter à un panel d'investisseurs, par exemple en aboutissant leur site, en générant davantage de trafic ou encore en trouvant les bons leviers de monétisation. Si ces conditions ne sont pas remplies, la réponse d'un investisseur est généralement négative. 50 Partners se positionne cette fois comme une structure d'accompagnement qui, à cette étape, proposera aux jeunes pousses de bénéficier d'une expertise sur leur marché, grâce à notre réseau de 50 associés expérimentés, pour ensuite l'aider à lever des fonds.

Qu'est-ce qui vous différencie d'un accélérateur ou d'un incubateur classique ?

"50 Partners n'imposera pas de durée maximale d'incubation"

Nous souhaitons offrir le meilleur modèle d'incubation aux start-up françaises. D'où la création d'une structure hybride. Avec Investir en Direct nous avons réussi à créer un écosystème de qualité tant auprès des entrepreneurs que des investisseurs durant les deux dernières années. 50 Partners n'imposera pas de durée maximale d'incubation et mise sur le long terme. En revanche la durée d'accès aux bureaux ne pourra dépasser 8 mois pour trois postes. Nous partons également du principe que la valeur d'un incubateur est davantage dans le réseau de mentors que dans le financement et l'apport de support matériel.

Pourquoi ne pas avoir monté un simple fonds d'entrepreneurs ?

Si on donne 400 000 euros à une start-up et qu'on lui demande de se débrouiller, ce n'est pas gagné. Les ressources humaines sont la clef du succès et cela passe par ceux qui conseillent un dirigeant. Nous cherchons également à associer un écosystème qualitatif composé de grands groupes, de grandes écoles voire d'avocats et de conseillers financiers. Sur le long terme, nous souhaitons prendre une place qui répond à un besoin important de la part de nouveaux projets. Les fonds d'entrepreneur interviennent quant à eux à l'étape suivante du développement. Ils sont complémentaires.

Comment comptez-vous inciter les mentors à être davantage impliqués que dans un accélérateur traditionnel ?

"Le fait que tous les mentors soient associés au succès des projets nous semble capital"

La notion d'association financière entre les mentors et les projets permet de maintenir l'investissement des mentors dans l'accompagnement qu'ils apportent. Le fait que tous les mentors soient associés au succès des projets nous semble capital et cela est unique dans les structures existantes. Chez 50 partners, nous appuyons notre positionnement sur le fait que nous avons 50 associés expérimentés qui vont accompagner nos start-up. Nous comptons déjà 30 mentors associés et ce nombre ne pourra pas dépasser 50. Ce sont pour la plupart des mentors reconnus dans leur secteur, qu'il s'agisse de Pierre Trémolières (Delamaison.fr), Pascal Chevalier (Netbooster), Didier Rappaport (Dailymotion), Didier Kuhn (Screentonic) ou de Jonathan Zisermann (Mediastay)...

Comment fonctionne la prise de participation ?

"Nous prenons 7% du capital des start-up"

Quand une start-up intègre notre programme, nous prenons 7% de son capital qui se décompose en 6% pour la structure 50 Partners et 1% pour le parrain qui accompagne le projet d'un peu plus près. C'est une manière de motiver davantage le mentor qui joue le rôle du parrain. La start-up reçoit en échange une somme se situant entre 10 000 et 15 000 euros. Mais par la suite, n'importe quel investisseur est libre d'investir dans nos start-up.


Comment avez-vous animé cet écosystème et monté un tel réseau ? 

Notre précédente mission était de mettre en relation des investisseurs, le plus souvent des entrepreneurs à succès, avec de jeunes entrepreneurs du numérique. Tous les mois à l'occasion de notre événement baptisé la péniche des start-up, nous sélectionnons 3 à 4 projets parmi une quarantaine que nous présentons à des investisseurs. Nous avons également instauré des voyages d'étude pour proposer à ces entrepreneurs et investisseurs d'appréhender plus pertinemment des marchés qu'ils maîtrisent peu, comme les marchés Sud et Nord-américains et bientôt à Berlin. C'est une activité que nous maintenons dans le cadre de 50 Partners.



Diplômé de l'EM Lyon, Jérôme Masurel débute sa carrière en tant qu'analyste chez NextStage en 2001 pour rentrer l'année suivante chez Rotschild & Cie où il intègre le département Private Equity jusqu'en 2004. Il devient par la suite associé du réseau d'entrepreneurs Agregator et fonde en 2010 Investir en Direct avec Charles Fourault, avec qui il lance 50 Partners en août 2012.