Olivier Amar (MyPermissions) "Nous aidons les internautes à reprendre le contrôle de leurs données privées"

Récompensée à la dernière conférence Le Web, la start-up israélienne MyPermissions permet à ses utilisateurs de mieux gérer les accès accordés à leurs informations.

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Olivier Amar, longtemps spécialisé dans le marketing digital, est le CEO et cofondateur de MyPermissions. © Olivier Amar

JDN. Pouvez-vous présenter MyPermissions ?

Olivier Amar. L'objectif principal est d'aider les particuliers à gérer leurs informations en ligne : celles qu'ils ont partagées avec les sites, applications et services qui demandent de se connecter via un réseau social, ou une adresse mail. Au départ, nous ne le proposions que pour Facebook : plus de dix millions de sites utilisent son protocole pour enregistrer leurs utilisateurs ! Au bout d'un moment, pour s'enregistrer plus rapidement, on s'est branchés à tellement de services qu'on ne sait plus à qui on a donné accès à ses informations. Aujourd'hui, nous permettons à nos utilisateurs de savoir qui a accès à leurs informations, de les gérer en arrivant directement sur une plateforme qui leur permet de se déconnecter, et enfin de mettre en place un système d'alertes pour être prévenu dès qu'un site se branche à leurs informations. Nous avons étendu le service à Twitter, Google, Yahoo, Linkedin, Dropbox, Instagram, Foursquare, Microsoft, AOL et Flickr. Et nous ajoutons de nouvelles plateformes de manière très régulière. On est souvent surpris du nombre de services qui ont accès à nos informations. En moyenne, même pour un internaute qui n'est pas extrêmement actif, 50 à 60 services ont accès au compte Facebook.

Par quels biais peut-on utiliser MyPermissions ?

Sur le web, grâce à une extension disponible sur tous les navigateurs. Sur smartphone, via nos applications iOS et Android.

Comment vous est venue l'idée du service ?

Le compte de l'un des cofondateurs de MyPermissions a été hacké par une application destinée à aider à faire un régime, à laquelle il avait donné accès. Un tweet a été posté, sans son autorisation, mentionnant qu'il devait perdre 7 kilos. Comme ses comptes Twitter et Facebook étaient liés, un message est aussi apparu sur son mur. En fait, l'application avait fait faillite puis rachetée. Mon cofondateur était tellement en colère qu'il a voulu pouvoir gérer toutes ses informations et que cela ne puisse plus se reproduire. En janvier 2012, MyPermissions était né.

Les politiques de confidentialité manquent-elles de clarté ?

Souvent, oui. Sur Facebook, par exemple, l'internaute n'est pas toujours informé clairement quand il donne accès à un service. Et puis tout le monde est tellement habitué aux connexions diverses et variées qu'ils cliquent invariablement sur "ok" sans même lire de quoi il retourne.

Combien MyPermissions compte-t-il d'utilisateurs ?

Des centaines de milliers. Le service marche très bien, il est transmis d'utilisateur à utilisateur. On est populaire parce qu'on a rendu le pouvoir aux particuliers pour qu'ils puissent gérer leurs propres informations. Depuis trois ans, tout ce que l'on gardait avant sur nos ordinateurs (photos, informations bancaires, contacts...) est passé en ligne, exposé sur de nombreuses plateformes. Nous voulons maintenant ajouter davantage de services et de fonctionnalités pour gérer les permissions à travers le site.

Quel est votre business model ?

Nous ne l'avons pas encore établi. Nous ne sommes pour l'instant absolument pas profitables. Nous avons levé un million de dollars en février 2013, auprès de 500 Startups, lool Ventures et 2B Angels. C'est très compliqué de trouver un modèle viable et qui peut faire fonctionner la société. Nous sommes opposés à faire de l'argent avec les informations personnelles des particuliers (que nous ne conservons de toute façon jamais), et la publicité est un modèle qui ne nous intéresse pas.

Vers quelles pistes vous tournez-vous alors ?

Nous nous laissons jusqu'à fin 2014 pour trouver un modèle simple et être rentables. Nous devrions lancer des nouveautés d'ici la fin de l'année. Pour l'instant, nous restons concentrés pour aider les consommateurs à protéger leurs données personnelles en ligne, parce que c'est notre mission première, et un levier pour continuer à se faire connaître. Nous travaillons aussi, en parallèle, avec des développeurs : ils nous demandent de les aider à établir une relation de confiance avec les utilisateurs. D'une part, en demandant des permissions d'accès plus restreintes, et d'autre part en étant plus clair, plus transparents. Ce sont les éditeurs d'applications et de services qui viennent vers nous. C'est dans leur intérêt : il y a une corrélation claire entre le nombre de permissions demandées et le nombre de connexions : plus vous réclamez de données, moins vous avez de consommateurs.

Olivier Amar est le co-fondateur et le CEO de MyPermissions. Il a été vice-président du marketing digital chez UFXbank et UFXmarlets puis chez Get Taxi. Il a également piloté des opérations marketing et SEO pour les hôtels et casinos Harrah, les World Series of Poker, EL AL airlines, AIG, Microsoft... Une expérience qui lui a fait prendre conscience de l'ampleur du partage des données personnelles et du besoin pour plus de contrôle.