Start-up : cinq pépites dénichées par... Olivier Ezratty

Start-up : cinq pépites dénichées par... Olivier Ezratty Olivier Ezratty, qui accompagne de nombreuses start-up comme board member, consultant, conférencier et auteur, livre au JDN sa sélection de cinq start-up prometteuses.

olivier ezratty
Olivier Ezratty conseille de nombreuses start-up. © Ezratty

Le JDN vous propose tous les mois de découvrir une sélection, par les acteurs phares de l'écosystème français, des start-up les plus prometteuses qui se développent en France et dans le monde. Voici celles choisies par Olivier Ezratty, mentor de nombreuses start-up tech et très actif dans l'écosystème.

 Feetme

Feetme a inventé des semelles dotées de capteurs à destination des diabétiques qui ont perdu toutes sensations dans leurs pieds. Feetme analyse combien de pression ils imposent à leurs pieds chaque jour et permet ainsi d'éviter les amputations de pieds que subissent 600 000 malades chaque année dans le monde.

Pourquoi l'avoir choisi ? "Feetme a été fondée par des polytechniciens, dont un qui a développé le capteur qui mesure la pression et la tension. C'est intéressant d'abord parce que Feetme s'occupe du diabète type 2, qui touche des millions de personnes dans le monde, c'est d'une grande utilité pour la santé publique. Ensuite, le capteur peut à mon avis avoir beaucoup d 'autres usages potentiels, un peu comme le laser dans les années 1960, qui a été détourné pour de multiples inventions. Je pense notamment à des applications robotiques. On a donc un go-to-market identifié, avec un besoin clair, mais aussi d'autres utilisations possibles à terme. La start-up peut soit faire un produit complet, commercialisable et le vendre ou bien, à plus long terme, vendre la technologie à des fabricants qui l'intégreront. L'erreur classique dans ce genre de sociétés, c'est de viser le marché des médecins en disant que l'on va faire remonter les données aux praticiens, alors que l'objectif est de rendre le patient autonome. Le médecin n'a pas le temps de revoir et traiter en permanence de la data. Feetme n'est pas tombé dans cet écueil."

 Streamroot

Avec sa solution de diffusion de vidéos en peer-to-peer, Streamroot permet de réduire drastiquement les coûts de bande passante (Voir le pitch vidéo de Streamroot sur le JDN).

Pourquoi l'avoir choisi ? "Les cofondateurs sont des centraliens et sont aussi passés par Scientipôle. La technologie présente un bénéfice économique immédiat et divise au moins par deux les coûts de CDN pour les diffuseurs médias. C'est idéal pour la télé de rattrapage, les chaînes vidéo, pour le direct. Par contre, pour l'instant la solution ne fonctionne pas pour tous les navigateurs et les devices (elle a été conçue pour PC et pour Chrome). Streamroot est en train de travailler sur la partie mobile et doit élargir les possibilités de couverture. J'y crois parce que la technologie est simple, évidente et que le bénéfice est immédiat."

 Giroptic

La start-up lilloise est à l'origine d'une caméra 360° Full HD qui permet de filmer et diffuser en streaming en temps-réel le contenu via wifi.

Pourquoi l'avoir choisi ? "La start-up a enregistré la plus belle levée de fonds française sur Kickstarter en recueillant 1,4 million de dollars. Le produit est élégant. C'est une société qui opérait d'abord en B2B et a connu des difficultés, mais qui a su se repositionner et a très bien exécuté sa campagne de financement participatif. Le marché est très concurrentiel mais les autres produits ne sont pas aussi élégants ou pas aussi développés : la caméra de Kodak par exemple n'a qu'un seul objectif. Par ailleurs, autre point intéressant : la moitié des backers de Kickstarter viennent du Japon."

 Cityzen Sciences

Cityzen Sciences est spécialisé dans la conception et la création de textiles connectés, en partenariat avec diverses marques.

Pourquoi l'avoir choisi ? "De toutes les start-up présentes au CES de Las Vegas, celle-ci est la plus intrigante. Le marché est complètement nouveau mais si ça marche, ça peut devenir très gros. Surtout, c'est un modèle en marque blanche qui va leur permettre de toucher de très gros volumes, bien plus que s'ils avaient lancé leur propre ligne de vêtements connectés. La valeur d'usage est très générique et intéresse tout le monde : cela va bien au-delà du marché des sportifs."

 Inatherys

Inatherys est une société de biotechologies spécialisée dans les anticorps monoclonaux, pour le traitement des cancers et de maladies inflammatoires.

Pourquoi l'avoir choisi ? "J'ai connu cette start-up grâce à Scientipôle Initiative, association qui accompagne des jeunes pousses et accorde un prêt d'honneur à leurs cofondateurs –j'y suis membre du comité de sélection. Inatherys est issu de dix ans de recherche à l'Inserm. Elle permet de ralentir ou stopper l'absorption du fer par des cellules tumorales et freine donc leur développement. Inatherys expérimente cette technique sur les leucémies foudroyantes et les polyarthrites rhumatoïdes aigues mais espère à terme s'attaquer à d'autres cancers et pathologies. Cela a été testé sur des souris. La start-up a levé quatre millions d'euros il y a un an et demi. Le marché est concurrentiel, avec une quarantaine de start-up dans le monde. Pour devenir un leader mondial, ça va être compliqué, mais Inatherys a une grande utilité sociale. Si l'expérimentation réussit, on pourra étendre le champ expérimental d'ici à 2016 ou 2017. Et il y a un bon potentiel de rachat par une grosse société de biotech comme Sanofi, par exemple."

Olivier Ezratty conseille les entreprises pour l'élaboration de leurs stratégies d'innovation (veille technologique, stratégies produits, création d'écosystèmes) et en particulier dans les médias numériques. Il est aussi actif dans l'écosystème des startups qu'il accompagne comme board member, consultant, conférencier et auteur. Il publie notamment le Guide des Startups Hightech en France sur son blog Opinions Libres ainsi que le Rapport du CES de Las Vegas tous les ans depuis 2006. Il est aussi le co-auteur de l'initiative " Quelques Femmes du Numérique ! " (http://www.qfdn.net). Ingénieur de l'Ecole Centrale, il a une double expérience dans le développement logiciel (chez Sogitec) ainsi que dans le marketing (chez Microsoft France dont il a notamment été le directeur marketing).