Tony Conrad (About.me) "Avec About.me, vous ne laissez pas à Google le soin de définir votre identité à votre place"

Le service de personnal branding About.me vient de reprendre sa liberté à AOL. Redevenu indépendant, son fondateur explique la nouvelle stratégie de la start-up et présente les services qu'il compte développer.

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Tony Conrad est le CEO et fondateur d'About.me © S. de P. About.me

JDN. Pouvez-vous nous présenter votre société en quelques mots ?

Tony Conrad. About.me est un service permettant de vous présenter aux autres sur le web. La société a été lancée en 2010 et a été acquise par AOL quatre jours seulement après son lancement, avant de redevenir indépendante en février de cette année. Basée à San-Francisco, l'entreprise compte une quinzaine d'employés.

Dans quel contexte a été lancé About.me ?

L'idée de départ de la société, est de permettre aux individus d'avoir le contrôle de leur identité sur le web. Car si vous n'avez aucune présence sur le net, vous laissez à Google et à son algorithme le soin de vous définir à votre place. Vous ne maîtrisez pas ce qui va dans ses résultats de recherche, et vous n'avez aucune idée du niveau de votre visibilité et surtout de qui a vu quoi. Sur About.me, toutes ces informations sont accessibles dans le tableau de bord de votre page.

Selon vous, où faut-il partager le l'URL de sa page About.me ? Pourquoi faire un lien vers celle-ci plutôt que vers son profil Linkedin par exemple ?

LinkedIn est un service très utile, mais je ne suis pas certain que mon parcours professionnel puisse définir qui je suis réellement. Même chose pour des services comme Facebook, Twitter ou Google. Ce sont tous des services que j'utilise mais je ne les considère pas pour autant pertinents pour définir mon identité sur la Toile, ils ne constituent simplement que des pièces de mon identité.

About.me permet de rassembler ces informations sur une seule page, en incluant des liens vers ces plateformes, de manière à vous définir tel que vous vous le décidez. Cette URL peut alors être utilisée dans votre signature de mail ou dans votre espace "Bio" sur Twitter. Vous évitez ainsi à vos interlocuteurs de faire une recherche sur vous car vous avez fait le travail à leur place.

Début Février 2013, vous avez décidé de racheter About.me à AOL, qui avait acquis la société en Décembre 2010. Vous avez déclaré à TechCrunch "qu'il n'y avait pas eu réellement d'opportunités en termes d'intégration". Avez-vous des regrets ?

Pas du tout. Devant ce genre de situation, beaucoup de personnes concluent que l'expérience a été mauvaise. Mais nous avons eu une expérience très positive avec AOL ces deux dernières années. Cependant, nous pensons désormais que la société évoluera mieux en étant indépendante plutôt qu'en faisant partie d'une entreprise cotée. About.me est un service encore jeune qui a besoin d'argent et qui a également besoin d'être libéré d'éventuelles contraintes en termes de rentabilité afin de pouvoir évoluer le plus rapidement possible.

Quels types d'intégration espériez-vous lorsque vous avez vendu la société à AOL en 2010 ?

En termes d'intégration, je pensais au départ qu'il pourrait y avoir des synergies avec AIM ou avec le webmail d'AOL, par exemple en ce qui concerne la signature électronique, mais l'entreprise avait alors d'autres priorités. AOL reste néanmoins un actionnaire minoritaire.

Comment gagnez-vous de l'argent aujourd'hui ?

A ce stade, il serait insensé de vouloir chercher à  rentabiliser le service à tout prix aux dépens de sa croissance. Nous allons néanmoins commencer à mettre en place différents leviers afin de gagner de l'argent à partir du second trimestre de cette année, comme par exemple l'introduction de comptes premium. De manière générale, nous pensons qu'il existe également d'importantes opportunités de business dans ce qu'on appelle le "Reputation Management", qui permet de contrôler et gérer sa réputation en ligne, ainsi que dans le recrutement, même si tout ceci n'est pas encore pour tout de suite. Le service connait aujourd'hui une croissance rapide à l'international puisque près de 40% de notre trafic n'est pas américain

Vous avez récemment introduit plus d'interactivité sur la plateforme avec notamment la possibilité de s'envoyer des "compliments" entre utilisateurs. Quel bilan en tirez-vous ?

Pour vous donner une idée, rien que le jeudi 14 février, ce sont près de 600 000 compliments qui ont été envoyés via la plateforme, ce qui montre le succès de la fonctionnalité. Celle-ci se montre très utile en vous permettant de savoir qui s'est intéressé à votre profil.

Pourquoi ne pas ouvrir About.me aux entreprises ?

Ce n'est pas notre objectif pour le moment, même si beaucoup de professionnels indépendants utilisent notre service pour faire du "personal branding" et pour avoir un lien à intégrer dans leurs signatures e-mails. De notre côté, nous souhaitons nous concentrer avant tout sur les personnes et il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir sur ce créneau.

Quelles sont vos priorités pour la suite ? Comment voyez-vous le futur d'About.me ?

Nous allons accentuer notre développement sur le mobile où nous pensons qu'il y a beaucoup de choses à faire pour nous, comme par exemple le fait de pouvoir échanger son identité et ses coordonnées dans un environnement mobile. Nous souhaitons également passer à l'étape supérieure en donnant plus de fonctionnalités à votre page About.me.

En effet, aujourd'hui, votre page vous sert à informer les autres sur qui vous êtes, ainsi que sur les services web sur lesquels vous êtes actif. Demain, elle pourra également vous aider à obtenir ce que vous voulez. Par exemple, pour augmenter votre nombre de followers sur Twitter, rechercher un job ou encore un speaker pour une conférence.  Notre intention est de laisser à nos utilisateurs la possibilité d'intégrer n'importe quel "Call to action", directement sur leurs pages.

Tony Conrad est le cofondateur et CEO d'About.me. La société a été cédée à AOL en décembre 2010 avant de redevenir indépendante  en février 2013. Il est également à l'origine de Sphere, un moteur de recherche pour blogs, acquis par AOL en Avril 2008. Tony Conrad est aussi l'un des membres fondateurs du fonds True Ventures, qui a notamment investi dans Wordpress, 9GAG, Typekit ou encore Toytalk.