Virgilio Almeida (Ministère brésilien de la Science, Technologie "Le Brésil est un marché très favorable pour développer sa start-up"

Le Brésil veut devenir un pôle international de l'innovation. Virgilio Almeida, secrétaire aux politiques IT du Ministère brésilien de la Science, Technologie et Innovation (MCTI), détaille les mesures destinées à booster le secteur.

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Virgilio Almeida est secrétaire aux politiques IT du ministère brésilien de la Science, Technologie et Innovation. © S. de P. ministère

JDN. Comment le gouvernement brésilien compte-t-il dynamiser le secteur de l'innovation ?

Virgilio Almeida. Le Ministère des Sciences, des Technologies et de l'Innovation (MCTI) a développé un programme de grande ampleur pour attirer des investisseurs et des start-up innovantes au Brésil. 250 millions de dollars y seront investis pendant les trois prochaines années. L'une des mesures phares du programme est un appel à candidatures pour financer des jeunes pousses sur notre sol, baptisé Start-Up Brasil.

En quoi consiste ce projet ?

Start-up Brasil vise à soutenir de jeunes start-ups orientées vers les nouvelles technologies et à les mettre en relation avec des accélérateurs locaux. 300 start-up seront sélectionnées d'ici 2015, à raison d'une centaine par année. Nous verserons à chacune d'entre elle 100 000 dollars [76 400 euros, ndlr], et elles seront accompagnées pendant un an par l'un des neuf accélérateurs que nous avons sélectionnés, qui prendra une part de leur capital en retour. Les accélérateurs pourront investir entre 20 000 et un million de real supplémentaires dans chaque start-up [entre 7000 et 345 000 euros, ndlr]. Chaque jeune pousse pourra choisir celui qui lui convient le mieux. Certains de ces accélérateurs officient à échelle internationale, comme Microsoft, d'autres sont des accélérateurs brésiliens.

Pourquoi choisir d'agir en partenariat avec des accélérateurs ? Le projet start-up Chile, lancé en 2010, offre une bourse de 40 000 dollars aux start-up sélectionnées et leur permet de travailler pendant un an dans des locaux communs.

Nous nous sommes inspirés de Start-up Chile, mais aussi d'autres programmes déjà existants, aux Etats-Unis, en Europe et même en France. Il nous a semblé que permettre aux start-up de travailler avec des accélérateurs est primordial : nous ne leur offrons pas seulement du capital pour se lancer, mais aussi un savoir-faire, des mentors qui vont les guider et augmenter leurs chances de réussite.

Les start-up étrangères peuvent-elles participer ?

25% des projets choisis seront des start-up étrangères. Nous voulons attirer des jeunes pousses du monde entier. Nous avons été très agréablement surpris du nombre de candidatures étrangères parmi la première vague que nous avons reçue. Sur 908 demandes, 672 proviennent du Brésil, et 236 de 37 autres pays. En tête, les Etats-Unis, puis l'Argentine, le Chili, l'Inde, et la France, en cinquième position avec dix candidatures. Des sociétés chinoises, chypriotes, malaisiennes ont aussi tenté leur chance. Elles seront examinées par un comité composé de membres du gouvernement et d'investisseurs et la première vague de lauréats sera annoncée à la mi-juillet. Une deuxième sélection aura lieu à la fin de l'année. Un visa d'un an sera délivré aux étrangers choisis, et il pourra être prolongé si la start-up rencontre le succès. Nous voulons réduire les barrières bureaucratiques et rendre plus facile la venue des talents étrangers sur le sol brésilien.

La start-up Genome a classé Sao Paulo au 13e rang de son classement des meilleures villes pour démarrer une start-up. En quoi le marché brésilien est-t-il intéressant pour une start-up ?

Le marché brésilien leur est très favorable. Le pays compte près de 46 millions d'internautes, et le marché des nouvelles technologies est estimé à 133 milliards de dollars. Surtout, la compétition dans le secteur est moins rude qu'aux Etats-Unis, car il y est moins développé. De plus en plus de villes brésiliennes voient se développer des pôles  technologiques, favorables au développement de nouvelles start-up, et attirent les business angels : Sao Paulo, bien sûr, mais aussi Belo Horizonte, Rio, Porto Alegre et Florianopolis.

Quelles sont les politiques mises en place pour attirer durablement les start-up sur le sol brésilien ?

Nous voulons disséminer dans le pays des centres de recherche réputés pour qu'ils interagissent avec les start-ups. Nous avons passé des accords avec Microsoft, qui va en installer un à Rio, et EMC, à Rio et Sao Paulo. Nous souhaitons aussi mettre en place des aides financières pour les start-up. Le ministère travaille actuellement sur l'instauration d'une diminution d'impôts pendant un an pour les jeunes pousses fraîchement créées. Le projet est en bonne voie.

Virgilio Almeida est professeur d'informatique à l'université fédérale de Minas Gerais, au Brésil. Il détient un doctorat d'informatique de l'université Vanderbilt. Il a enseigné dans de nombreux établissements réputés, dont l'université de Boston, l'école Polytechnique de Catalogne, l'institut Polytechnique de l'université de New York, l'entreprise Xerox, les laboratoires de recherches HP... Il est membre de l'Académie des Sciences brésilienne et de l'Académie des Sciences du Tiers-Monde (TWAS). Il est actuellement secrétaire aux politiques des technologies de l'information du Ministère brésilien de la Science, Technologie et Innovation (MCTI).