Zach Sims (Codecademy) "Nous proposerons bientôt une version française de Codecademy"

Avec 70% de son trafic réalisé en dehors des Etats-Unis, Codecademy est devenu un Mooc d'envergure internationale. Son fondateur explique au JDN ses projets.

Pouvez-vous nous présenter Codecademy et son concept ?                  

zach sims 275
Zach Sims est le cofondateur et CEO de Codecademy.com © S. de P. Codecademy

Codecademy est une plateforme web dédiée à l'apprentissage de la programmation informatique. Nous sommes parti du constat qu'il s'agissait là d'une compétence indispensable à maitriser aujourd'hui. Nous nous sommes lancés il y a trois ans avec l'objectif d'aider des développeurs débutants à créer des choses sur le web mais aussi à trouver un job. Notre communauté s'étend désormais un peu partout dans le monde. La société, et sa vingtaine d'employés, est basée à New-York.

A quels types de profils s'adresse cette plateforme Mooc ?

N'importe qui peut prendre des leçons sur le site mais la grande majorité d'entres elles s'adressent à des programmeurs débutants. Concernant notre population d'utilisateurs, elle couvre tous les âges avec une large part de 18-28 ans. Les membres qui s'inscrivent poursuivent souvent des objectifs différents. Il peut s'agir de personnes cherchant à développer de nouvelles compétences pour être plus performantes dans leur travail ou d'autres qui cherchent à se reconvertir et à faire de la programmation leur futur métier.

Combien de temps et de leçons sont nécessaires avant de devenir un bon programmeur ?

Il est assez difficile de répondre à cette question puisqu'il n'y a pas de règles en la matière. Néanmoins, avec de la motivation et du travail, il est possible d'acquérir des bases solides en moins d'un mois. Nous avons ainsi des leçons dédiées pour ceux qui n'auraient encore jamais tapé de code et qui permettent de se familiariser rapidement avec HTML, CSS et d'autres technologies Front-End.

Certains utilisateurs ont-ils déjà été recrutés grâce aux compétences acquises sur Codecademy ?

Bien sûr, je peux vous citer l'exemple de Martha, une jeune étudiante kenyane qui, le jour où elle a eu accès à un ordinateur de façon régulière, a utilisé Codecademy pour apprendre à coder. Elle a aujourd'hui trouvé un emploi en tant que développeur web à plein temps et est à l'origine de plusieurs initiatives visant à promouvoir l'enseignement de la programmation au Kenya. Et il ne s'agit pas d'un cas isolé, nous avons des dizaines d'autres histoires similaires à celle de Martha que nous rapportons régulièrement sur notre blog.

Qui produit le contenu disponible sur le site ?

N'importe qui peut rédiger une leçon sur Codecademy. Même si nous  rédigeons quelques cours en interne, la grande majorité du contenu est produit par la communauté elle-même. Nous faisons ensuite beaucoup de curation pour filtrer ce contenu. Pour cela, nous soumettons dans un premier temps ces leçons à des beta-testeurs, puis nous utilisons les données recueillies pour déterminer si nous validons ou non la leçon en question.

Quel modèle de revenus comptez-vous développer ?

Suivre un cours sur Codecademy est entièrement gratuit. Pour l'instant, nous ne cherchons pas encore à monétiser la plateforme, mais cela viendra. Bien entendu, nous y réfléchissons, mais nous cherchons d'abord à améliorer le produit. Les 12.5 millions de dollars que nous avons levés depuis notre création en 2011 nous permettent de nous consacrer pleinement à cette tâche de manière sereine. Nous ne communiquons pas encore notre audience, tout ce que je peux vous dire est que 70% de notre trafic n'est pas américain.

Une fois un cours complété, est t-il possible d'obtenir un certificat comme le propose Coursera par exemple ?

Non, pour l'instant nous n'avons pas adopté ce modèle mais nous verrons par la suite s'il existe une véritable demande pour des certificats. Aujourd'hui, il est néanmoins possible pour un membre qui souhaiterait montrer à un employeur qu'il a effectivement complété telle ou telle leçon de lui faire parvenir l'URL de son profil par exemple. On y trouve toutes les informations sur les leçons suivies.

Malgré votre audience très internationale, le service n'est pour l'instant disponible qu'en anglais. Pensez-vous le traduire en différentes langues, en français notamment ?

Oui, nous avons d'ailleurs commencé à prendre des contacts en France où nous comptons déjà un certain nombre d'utilisateurs. Nous espérons ainsi pouvoir leur proposer une version française du site dans les prochains mois.

Il existe une pénurie d'ingénieurs web dans de nombreux pays. Pensez-vous que l'apprentissage de la programmation peut être une solution pour ceux qui cherchent à se reconvertir ?

Il s'agit en effet d'un secteur créateur de jobs et donc d'opportunités pour tous ceux qui recherchent un emploi. Plus généralement, nous pensons que la programmation devrait être une discipline enseignée dans toutes les écoles et ce dès le plus jeune âge. C'est pourquoi nous travaillons déjà avec des centaines d'écoles à travers le monde via notre kit "After-school programming" qui permet de concevoir des programmes adaptés aux plus jeunes, auxquels peuvent s'inscrire professeurs et étudiants.

L'été dernier, nous avions déjà travaillé avec le gouvernement américain dans le cadre du programme "Summer Jobs+", afin d'enseigner à des enfants défavorisés les bases de la programmation web.

Avant de cofonder Codecademy, Zach Sims a exercé ses talents au sein de différentes start-up américaines parmi lesquelles GroupMe (rachetée par Skype) et Drop.io (rachetée par Facebook) ainsi que pour le fond d'investissement AOL Ventures. En 2011, il participe au programme de l'incubateur YCombinator. C'est à cette occasion qu'il crée, avec son associé Ryan Bubinski, Codecademy, une plateforme dédiée à l'apprentissage de la programmation web. Basée à New-York, la société a levé près de 12,5 millions de dollars auprès d'un grand nombre d'investisseurs dont Kleiner Perkins Caufield and Byers, Union Square Ventures, Index Ventures, Yuri Milner, O'Reilly AlphaTech Ventures, SV Angel, Richard Branson, Y Combinator et d'autres.

A lire aussi :