Et de neuf : le ministère de l'Economie a publié hier la neuvième édition du Tableau de bord de l'Innovation. Le rapport, présenté par Nicole Fontaine, ministre déléguée à l'Industrie, dresse le bilan 2002 de la France high-tech au travers de dix-neuf indicateurs clefs. Et, on pouvait s'y attendre, ces indicateurs économiques sont, au mieux, atones. Un constat qui fait dire à Bercy, avec une certaine pudeur, que 2002 était "une année de transition".

Cette "transition" s'est soldée par une année boursière amorphe pour les entreprises innovantes. 211 millions d'euros ont été levés l'an passé sur le Nouveau Marché contre 646 millions en 2001. Le nombre de sociétés introduites sur le Nouveau marché l'année dernière (à savoir deux) est le plus faible depuis sa création en mars 1996. Face à cette situation, le rapport constate que "le circuit du financement de l'innovation est bloqué par le haut". Fin 2002, 153 sociétés était cotées sur le Nouveau marché. Elles étaient 164 un an plus tôt.

En matière de capital-risque, le bilan rendu public par Bercy s'avère davantage stable avec 455 millions d'euros investis l'année passée, contre 487 millions en 2001. Malgré cette légère contraction, le nombre d'opérateurs de capital-risque a continué de progresser en 2002 pour passer de 90 à 116. Mais pour le Tableau de bord, le phénomène le plus marquant reste le redéploiement des opérations de capital-risque qui se concentrent, "de manière sélective", vers "le génie logiciel et les sciences de la vie" au détriment de l'Internet ou des télécoms.

Les fonds levés dans le capital-investissement enregistrent pour leur part une diminution plus marquée en reculant à 4,2 milliards d'euros en 2002 contre 5 milliards un an plus tôt. Le rapport note que " les levées se sont concentrées (...) essentiellement dans le secteur du capital transmission" et que le secteur du capital-investissement a été victime d'un "brutal désengagement des investisseurs institutionnels français (-70 %)" au profit "des investisseurs américains (+500 %)".

In fine, ces différents indicateurs se répercutent sur le rythme de créations d'entreprises. L'année dernière, 7 993 entrepreneurs se sont lancés sur le marché de la high-tech contre 9 474 en 2001. Pour la première fois depuis 1998, année de création du Tableau de bord de l'Innovation, les effectifs salariés des secteurs innovants s'affichent en recul (-0,6 %) avec 1,656 millions de salariés. Certains secteurs d'activité ancrés dans les NTIC s'avèrent encore plus touchés : c'est le cas des industries des télécommunications et de l'informatique dont les effectifs ont reculé de 6,2 % l'année dernière.

Dernier élément : l'indice du chiffre d'affaires des secteurs innovants, calculé par Bercy à partir d'une basse 100 en 1995. Il ressort en recul de 5 % en 2002 à 146,7 points. Cette contraction est également une première depuis 1998. Deux secteurs tirent à la baisse tout l'indice : il s'agit, à nouveau, des équipements télécoms (-19,5 %) et des équipements informatiques (-17,6 %). Tous les autres secteurs innovants (services informatiques, audiovisuel, pharmacie) enregistrent de violents reculs sur leur rythme de croissance. Aucun d'entre eux ne dépasse aujourd'hui une croissance de 2 % en glissement annuel.