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Les
cinq "lucky ones" (de gauche à droite) : Christophe
Dupont (RESpublica), Michel Meyer (Multimania), Jean-David Blanc
(Allociné), Jean-Michel Planche (Witbe), Patrice Magnard
(Alapage)
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Hier, en conclusion
d'un Forum
organisé par Benchmark Group (éditeur du Journal du Net)
et consacré au financement des entreprises high tech, cinq "lucky
ones" - cinq Net-entrepreneurs français pionniers ayant réussi
à piloter la croissance de leurs start-ups et leurs "sorties"
- ont échangé leurs points de vue sur la manière
dont ils ont perçu Internet, Episode I (avant l'e-krach du printemps
2000), et comment ils vivent la nouvelle ère. La consigne : humilité
et pragmatisme.
JDNet. Vos parcours dans le Net français
peuvent-ils être
ré-édités ?
> Patrice Magnard (Alapage, Exam.fr)
"Oui. Je pense que nous sommes à l'âge de pierre de
l'Internet, pas que l'âge d'or est derrière nous. C'est ce
que j'essaie de montrer avec mon nouveau projet, Exam.fr".
>
Jean-Michel Planche (Oléane,
Witbe)
"Le problème aujourd'hui, c'est qu'on laisse de moins en moins
de temps aux projets qui sont lancés. Le corollaire temps/argent
devient prépondérant".
>
Michel Meyer (Multimania, Lycos
France)
"Oui. On assiste actuellement à un retour de l'idée
reine, après avoir connu une période de business models
délirants ou 'recopiés'. Il y a encore de la place pour
des idées mais je crois qu'il n'est plus nécessaire par
exemple de lancer un portail aujourd'hui" (sourire)
>
Christophe Dupont (RESpublica)
"On ne retrouvera pas la croissance, la frénésie et
la facilité de lever des fonds que l'on a connus. Je ne suis plus
sûr qu'Internet soit encore un eldorado."
>
Jean-David Blanc (AlloCiné)
"Je ne sais pas si ça peut repartir, mais une bonne idée
peut encore se développer très vite et sur toute la planète.
C'était le cas de Napster. Toutefois, je serais plus prudent sur
les possibilités de financement rapide maintenant".
Rétrospectivement, comment jugez-vous
les valorisations sur lesquelles ont été cédées
vos entreprises ?
> Patrice Magnard
"Forcément juste !" (sourire)
> Jean-Michel Planche
"On m'a appris que le juste prix était le prix
que quelqu'un était prêt à payer, donc..."
>
Michel Meyer
"Forcément trop faible !" (sourire)
>
Christophe Dupont (RESpublica)
"Ce sont en tout cas des valorisations que l'on ne retrouve nulle
part dans d'autres secteurs d'activités"
Quels conseils donneriez-vous aujourd'hui
à des porteurs de projets high-tech ?
> Patrice Magnard "Surtout de ne pas lever beaucoup
d'argent au départ. C'est comme ça que vous êtes obligés
de créer de la valeur et de valider vos idées".
> Jean-Michel Planche "De
vérifier d'abord qu'ils sont de vrais entrepreneurs. Le symptome
? On ne dort plus la nuit" (sourire)
>
Michel Meyer "A
l'occasion de notre première levée de fonds en 1996, je
me souviendrai toujours d'une anecdote. Un des investisseurs a déclaré
: "On ne va pas vous donner beaucoup d'argent car le loup affamé
court plus vite"... Quand vous devez sortir du chiffre d'affaires
coûte que coûte, c'est vrai que ça vous rend tout de
suite plus efficace. Il faut croire aussi profondément à
ce qu'on fait, ne pas lâcher le morceau. Essayer, essayer, essayer".
>
Jean-David Blanc
"Le plus important, c'est de faire peuve d'un pragmatisme absolu
et de ne pas se laisser griser".
Quel est votre meilleure ou plus mauvaise
décision de financement ?
> Patrice Magnard "Je crois que j'ai eu raison d'avoir
vu plus large que prévu sur mon second tour de table. A ce stade,
c'est plutôt utile d'avoir une marge de sécurité".
>
Jean-David Blanc "La
meilleure décision est d'atteindre la rentabilité le plus
rapidement possible".
>
Jean-Michel Planche
"La décision de demain sera toujours la meilleure".
>
Michel Meyer "de
coupler la deuxième levée de fonds avec une opération
de croissance externe -le rachat de Mygale- qui nous a concentré
sur un métier unique"
>
Christophe Dupont "J'ai
l'impression de n'avoir jamais pris une bonne décision, coté
finances".
Quand on a réussi comme vous, à
quoi aspire-t-on ?
> Patrice Magnard "Voir si
l'histoire peut recommencer. C'est pour ça que J'ai lancé
Exam.fr avec une petite équipe et une petite structure".
>
Jean-David Blanc "Voir
si mes idées marchent. Ce qui ne veut pas dire forcément
faire des coups financiers. Les coups financiers, on ne s'y attend pas
toujours".
>
Jean-Michel Planche
"Un jour, un investisseur m'a dit : 'Une idée, ça vaut
10 millions de francs'. A ce tarif, je crois que je vais me mettre à
vendre mes idées : j'en ai 10 par jour !"
> Michel Meyer "Avec
Lycos, je découvre le travail à l'international, la confrontation
d'expériences très diverses... Et si on arrivait à
prouver que l'on peut gagner de l'argent sur le Net, ce serait déjà
pas mal".
[Philippe Guerrier, JDNet] |