Le moteur de recherche AltaVista
traverse une période difficile. Fin 2000, la société
a modifié son modèle économique : après avoir
déployé des activités de portails afin de concurrencer
Yahoo, elle revient sur ses fondements historiques, c'est à dire
les technologies de recherche sur Internet. En septembre,
James Barnett prend les commandes d'AltaVista. La
nomination du nouveau PDG coïncide avec l'annonce d'un plan de réduction
d'effectif touchant 30 % du personnel. Des suppressions de postes
qui ne devraient pas cette fois toucher les bureaux européens.
Ce qui devrait rassurer Kevin Eyres, le directeur international d'AltaVista
qui a succédé à Pierre
Paperon en début d'année. Contrôlée à
83 % par la holding américaine CMGI, AltaVista doit également
se plier aux exigences de rentabilité de son principal actionnaire
qui redéfinit radicalement le périmètre de son portefeuille.
Dans son rapport d'activité 2000-2001 publié fin septembre,
CMGI indique que sa
division "recherche et portails", dans lequel s'inscrit principalement
AltaVista, a réalisé un chiffre d'affaires de 180 millions
de dollars (en baisse de 23 % par rapport à 1999-2000). Cette
division, qui représente 15 % du chiffre d'affaires global
de CMGI, enregistre une perte d'environ 2 milliards de dollars au 31 juillet
2001.
JDNet. Si vous aviez
à résumer les priorités d'AltaVista, quelles seraient-elles
?
Kevin Eyres.
L'objectif est d'une part de développer
notre technologie de recherche sur Internet et, de l'autre, de développer
nos activités de manière à générer
davantage de chiffre d'affaires. James Barnett, le PDG d'AltaVista, a
défini une nouvelle grille de revenus diversifiés : publicité,
partenariat-sponsorhip,
services B to B (revente de technologie d'indexation ou de l'index
AltaVista), un nouveau service de Web marketing baptisé Trusted
Fee qui est une offre de référencement payant (lire ci-dessous)
et le développement de "partner listings" (des classements
parallèles de sites proposés par des tiers). Pour ce dernier
point, nous venons de signer un accord avec eSpotting, une société
britannique spécialisée dans le positionnement publicitaire
au coût par clic. Mais nous avons également des accords avec
son concurrent Overture.com (ex-Goto.com) aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.
AltaVista
a un réseau 23 sites locaux. Pensez-vous que vous pourrez tenir
toutes ces positions ?
Il n'est pas question de fermer
actuellement des sites locaux. La
majorité de nos sites à l'international sont localisés
en Europe. Quatre
marchés nous intéressent particulièrement : France,
Allemagne, Royaume-Uni et Italie. Avec notre repositionnement autour du
développement des activités de recherche sur Internet, nous
avons uniquement besoin de relais commerciaux dans les bureaux locaux
[NLDR, AltaVista France dispose désormais d'une équipe
très réduite]. Toutefois,
nous cherchons actuellement des partenaires stratégiques dans chaque
pays pour développer nos activités. Je ne peux pas en dire
plus actuellement.
Quels
commentaires apportez-vous au succès actuel de Google ? Son parcours
ressemble à celui
d'AltaVista : une technologie d'indexation puissante, une volonté
de s'introduire en Bourse...
Je pense qu'à long terme, notre expérience fera la différence.
Nous avons un historique important mais nous ne voulons pas nous contenter
de ce qui a été fait dans le passé. L'important est
de rafraîchir AltaVista. Google est clairement un concurrent compte
tenu de nos activités similaires mais je ne dirais pas qu'ils nous
ont copié. En ce qui concerne AltaVista, l'objectif est de parvenir
à la rentabilité. La question de l'introduction en Bourse
n'est plus d'actualité.
AltaVista.fr
propose aux sites de rafraîchir leurs URLs plus souvent
Dans la stratégie de diversification des revenus, AltaVista
France lance donc Trusted Fee, un nouveau service permettant aux
sites Web de référencer au minimum 500 URL via le format
XML dans l'index d'AltaVista. Cette offre de référencement payant
s'adresse en particulier aux sites Web ayant un important volume d'URLs
à traiter dans un délai court.
Trusted Fee a été mis en place aux
Etats-Unis et dans d'autres pays européens. Ce dispositif permet
permet d'intégrer des pages Web avec du contenu dynamique. Ces URLs
seront rafraichies une fois par semaine dans l'index AltaVista. Les
réponses apportées aux internautes seront donc plus
pertinentes. Trusted Feed est une offre de référencement payant et
non de positionnement. Les sites Web ne subissent donc pas un placement
différent dans l'index ; tous les résultats sont classés en utilisant
la technologie brevetée d'AltaVista. Le prix de Trusted Feed dépend
du secteur d'activité du site Web et se compose d'un coût basé sur
le coût par clic, avec un coût de service minimum.
AltaVista France ne communique pas sur ces résultats en terme
d'audience. Toutefois, selon le classement Jupiter Media Metrix de
juillet 2001, le réseau AltaVista enregistre environ 15 millions
de visiteurs uniques dans le monde et dispose d'un taux de pénétration
de 7,5 %. |
[Philippe Guerrier, JDNet]