Philippe Vanrie (EBN) : "Les acteurs publics vont monter en puissance dans la chaîne de financement"
Par le Journal du Net (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/0212/021203ibn.shtml
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Mardi 3 décembre 2002

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Lancé il y a une vingtaine d'années sous l'impulsion de la Commission européenne, l'EBN (European Business Network) est un réseau d'incubateurs destinés aux entreprises innovantes. La structure s'appuie sur 200 BIC (Business Innovation Centers) répartis dans les différents pays de la Communauté européenne. Destiné à l'origine au soutien des projets liés aux process industriels, l'EBN s'est ouvert dans les années 90 au secteur de la high-tech. Parmi les quelques 10.000 entreprises qu'il accompagne, le réseau compte aujourd'hui plus de 40 % de projets IT. Philippe Vanrie, directeur général de l'EBN et intervenant dans le cadre de l'IVCS de Sophia-Antipolis, explique le fonctionnement de ce réseau européen et dresse un premier bilan 2002 sur le secteur de l'incubation.

JDNet : Comment est assuré le financement de l'EBN et quels services apportez-vous aux entreprises ?
Philippe Vanrie :
Notre financement dépend à 75 % des membres de notre réseau. Il s'agit de groupes, d'acteurs financiers et d'agences publiques ou parapubliques qui financent notre réseau en échange d'un service de veille stratégique et d'actions de lobbying communautaire. Nous comptons parmi nos membres des structures comme BT, le CEA, EDF-GDF, la Banque Populaire ou le Cern. Notre réseau s'appuie en aval sur des incubateurs locaux qui apportent un soutien logistique et managérial aux entreprises innovantes. Grâce à notre réseau et à nos partenaires, nous sommes capables de tisser des relations industrielles et financières pour ces entreprises. Certains de nos incubateurs sont en outre dotés d'un fond de 300.000 à 500.000 euros pour apporter le premier coup de pouce en matière d'investissement.

Quelle analyse portez-vous sur le ralentissement du capital-risque ?
Je tiens d'abord à dire qu'à l'EBN, nous ressentons de façon atténuée ce ralentissement grâce à la diversité des entreprises que nous accompagnons : 25 % des projets que nous soutenons sont encore liés à l'industrie. Le ralentissement actuel des investissements peut être perçu comme une crise, mais je pense qu'il s'agit surtout de la fin d'une parenthèse. Entre 1995 et 2000, nous avons connu un mouvement anormal sur le capital-risque avec la prise en main totale d'une chaîne d'investissement par des acteurs privés. Cette bulle a explosé et si l'on analyse les indicateurs actuels, on s'aperçoit que 2002 s'inscrit en fait dans la droite lignée de 1995, comme si les années suivantes n'avaient pas existé pour le capital-risque. Cela représente un coup de frein énorme mais aussi, et surtout, un retour aux sources.

Mais la période 1995-2000 a apporté de nouveaux mécanismes de financement qu'il va falloir compenser d'une manière ou d'une autre...

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C'est vrai que cette période a créé de nouveaux possibles en matière de capital-risque. Et pour cette raison, je crois que 2003 va être l'année de la montée en puissance du public et du parapublic dans la chaîne de financement. Il faut encore trouver les leviers et les mécanismes pour permettre aux acteurs publics de prendre part dans le capital-risque. Mais aujourd'hui, tout le monde souhaite ce mouvement. Les plus grands acteurs du capital-risque européen sont les premiers à attendre ce signal afin de réguler et de temporiser le marché. La conséquence directe de cette montée en puissance du public sera un rallongement de la période d'investissement. Entre 1995 et 2000, les capitaux-risqueurs travaillaient sur des périodes d'investissement de deux à trois ans. Nous allons aujourd'hui vers des périodes beaucoup plus longues.

[Ludovic Desautez, JDNet]