Quelles sont les nouvelles tendances
du capital-risque, quelle est la situation française en
matière de financement, que peut-on espérer de 2003 ?
Quatre observateurs, présents à l'IVCS (International
Venture Capital Summit) de Sophia-Antipolis, livrent leur
analyse. D'un côté, deux investisseurs : Etienne Colas,
directeur associé de Ventech (dont le portefeuille comprend
notamment 1855.com, K-Mobile, Musiwave, Wstore...),et
Didier Moret, directeur de I-Source Gestion (BeThe1,
NotreFamille.com, Metaboli...). De l'autre côté, deux
dirigeants de start-up venus à l'IVCS pour lever des fonds.
Cong Duc Trinh est le PDG de Converge Online. La
société, lancée fin 2000, propose aux éditeurs de contenus
une plate-forme mobile capable de combiner SMS, Web, Wap
et support vocal. Converge Online cherche à lever 600
000 euros après un premier tour d'également 600 000 euros.
Christophe Desmettre est, lui, PDG de FruitBusiness.
Cette plate-forme d'échanges, créée il y a deux ans, s'adresse
aux professionnels des filières fruits et légumes. La
société cherche à lever 1 million d'euros avec deux tours
portant sur un total de 2,5 millions d'euros.
JDNet
: Comment est assuré le financement de l'EBN et quels
services apportez-vous aux entreprises ?
Philippe Vanrie : Notre
financement dépend à 75 % des membres de notre réseau.
Il s'agit de groupes, d'acteurs financiers et d'agences
publiques ou parapubliques qui financent notre réseau
en échange d'un service de veille stratégique et d'actions
de lobbying communautaire. Nous comptons parmi nos membres
des structures comme BT, le CEA, EDF-GDF, la Banque
Populaire ou le Cern. Notre réseau s'appuie en aval
sur des incubateurs locaux qui apportent un soutien
logistique et managérial aux entreprises innovantes.
Grâce à notre réseau et à nos partenaires, nous sommes
capables de tisser des relations industrielles et financières
pour ces entreprises. Certains de nos incubateurs sont
en outre dotés d'un fond de 300.000 à 500.000 euros
pour apporter le premier coup de pouce en matière d'investissement.
Quelle
analyse portez-vous sur le ralentissement du capital-risque
?
Je tiens d'abord
à dire qu'à l'EBN, nous ressentons de façon atténuée
ce ralentissement grâce à la diversité des entreprises
que nous accompagnons : 25 % des projets que nous soutenons
sont encore liés à l'industrie. Le ralentissement actuel
des investissements peut être perçu comme une crise,
mais je pense qu'il s'agit surtout de la fin d'une parenthèse.
Entre 1995 et 2000, nous avons connu un mouvement anormal
sur le capital-risque avec la prise en main totale d'une
chaîne d'investissement par des acteurs privés. Cette
bulle a explosé et si l'on analyse les indicateurs actuels,
on s'aperçoit que 2002 s'inscrit en fait dans la droite
lignée de 1995, comme si les années suivantes n'avaient
pas existé pour le capital-risque. Cela représente un
coup de frein énorme mais aussi, et surtout, un retour
aux sources.
Mais
la période 1995-2000 a apporté de nouveaux mécanismes
de financement qu'il va falloir compenser d'une manière
ou d'une autre...
C'est
vrai que cette période a créé de nouveaux possibles
en matière de capital-risque. Et pour cette raison,
je crois que 2003 va être l'année de la montée en puissance
du public et du parapublic dans la chaîne de financement.
Il faut encore trouver les leviers et les mécanismes
pour permettre aux acteurs publics de prendre part dans
le capital-risque. Mais aujourd'hui, tout le monde souhaite
ce mouvement. Les plus grands acteurs du capital-risque
européen sont les premiers à attendre ce signal afin
de réguler et de temporiser le marché. La conséquence
directe de cette montée en puissance du public sera
un rallongement de la période d'investissement. Entre
1995 et 2000, les capitaux-risqueurs travaillaient sur
des périodes d'investissement de deux à trois ans. Nous
allons aujourd'hui vers des périodes beaucoup plus longues.
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