Un marché Internet
à la vitesse de l'éclair Par le Journal du Net (Benchmark Group) URL : http://www.journaldunet.com/dossiers/pays/japon/030520japon.shtml Lancer l'impression Mardi 20 mai 2003
L'Internet japonais, qu'il soit fixe ou mobile, avance au galop. En quelques mois, des mouvements de plusieurs millions de nouveaux abonnés peuvent voir le jour. Des migrations technologiques subites qui se font au rythme du Shinkansen, le TGV japonais. Dans un tel contexte, le tableau de bord de l'Internet japonais n'est qu'une photographie prise à un instant T. Au fil des mois, les chiffres évoluent, sans cesse.
D'après Impress, plus de 60 % des foyers japonais sont désormais équipés d'une connexion Internet. Un chiffre en constante évolution : d'une année sur l'autre, la population internaute japonaise connaît une croissance annuelle de 142 %...
Du "haut débit" au "très haut débit" Au sein de cette population, selon le ministère des Télécommunications, 8,88 millions de japonais étaient connectés fin février sur Internet via un accès à haut débit, c'est-à-dire par ADSL, par câble ou par FTTH (Fiber To The Home, fibre optique). Le Japon est seul pays au monde qui exploite commercialement de l'accès par fibre optique pour le grand public. Car au Japon, la notion de haut débit est très éloignée des offres proposées en Europe ou aux Etats-Unis. Pour les Japonais, le haut débit démarre à 1 Mbps. La plupart des fournisseurs d'accès japonais proposent des connexions ADSL de 1,5 Mbps, 8 Mbps, 12 Mbps et 100 Mbps dans le cas de la FTTH. Même principe pour l'accès par câble dont les offres peuvent atteindre une vitesse de 30 Mbps.
Ce goût prononcé pour le haut débit se traduit par un fort taux de pénétration du "broadband". Au total, sur les 29,4 millions d'abonnés Internet que compte le Japon, 29,8 % disposent aujourd'hui d'un accès haut débit. La grande bataille de l'ADSL Sur le marché de l'accès haut débit trône un acteur créé de toutes briques en septembre 2001 par Yahoo et par le groupe financier Softbank. Il s'agit de Yahoo BB (pour BroadBand). Une offre ADSL qui compte pas moins de 2,36 millions d'abonnés (fin mars) et qui s'est offert le luxe de dépasser l'opérateur historique NTT. Mais la plus grande caractéristique du marché japonais de l'accès reste, sans nul doute, l'omniprésence des grands groupes de la high-tech en tant que FAI. Tous les grands noms de l'informatique et de l'électronique, mondialement connus, sont aujourd'hui présents sur ce marché : Sony (avec la marque So-net), Matsushita Electric (Panasonic hi-ho), Fujitsu (Nifty), NEC (Biglobe) ou encore Mitsubishi Electric (DTI, Dream Train Internet). Ces FAI sont les plus connus et les plus populaires auprès des Japonais. Le premier d'entre eux est Nifty. Le FAI détenu par Fujitsu affiche plus de 5 millions d'abonnés. A leurs côtés, figurent des acteurs plus "conventionnels" pour le regard européen, à savoir des FAI issus des opérateurs télécoms. On y trouve KDDI (avec l'offre Dion), Japan Telecom (ODN), NTT Com (OCN) et Internet Initiative Japan (IIJ).
Dans ce contexte, le marché japonais de l'accès reste largement dominé par les acteurs locaux. La place pour les FAI étrangers y est des plus étroites. Seul AOL Japan, dont NTT DoCoMo détient une part importante du capital, est connu et a réussi à se forger une certaine popularité dans l'Archipel. Quand l'Internet se fait mobile Les spécificités du marché Internet japonais ne s'arrêtent pas là. Au phénomène du haut débit s'ajoute une autre "vague", celle de l'Internet mobile. Selon la Telecommunications Carriers Association (TCA), le Japon dénombrait fin mars 75,6 millions d'abonnés à un service de téléphonie mobile, soit 59 % de la population japonaise. Parmi eux, 62,5 millions sont abonnés à un service Internet mobile comme i-mode, EZweb ou J-Sky. L'i-mode, développé par NTT DoCoMo, domine largement ce marché avec près de 60 % des abonnés. Le reste se partage entre EZweb (offre mobile du groupe KDDI, le deuxième opérateur mobile du pays) et J-Sky de J-Phone.
Ce marché de l'Internet mobile traverse aujourd'hui une période charnière. La première génération de services, arrivée à saturation commerciale, cède peu à peu sa place aux offres 3G. Lancée pour la première fois par NTT DoCoMo, sous la marque Foma en octobre 2001, la 3G commence à décoller après des débuts difficiles. Ce réseau, qui permet d'accéder à Internet sur son mobile avec un débit de 384 Kbps, comptait 330 000 abonnés fin mars. Vive les terminaux locaux Tout comme pour le marché de l'accès, le marché du terminal mobile japonais est largement dominé par les industriels locaux. Seul Nokia enregistre une petite part de marché, devenue au fil du temps minime.
Pour les consommateurs japonais, le choix d'un terminal est avant tout basé sur la notoriété de la marque. Or, curieusement, les marques des constructeurs n'apparaissent que de matière très discrète sur les terminaux. Seules une ou deux lettres, placées dans le nom du terminal, permettent d'identifier la marque ("N" pour NEC, "P" pour Panasonic, "SH" pour Sharp...). Car les terminaux dépendent avant tout du bon vouloir des opérateurs mobiles. Ces derniers subventionnent largement les terminaux et en déterminent toutes les spécifications. Conséquence directe : un téléphone J-Phone ne fonctionne pas sur le réseau de NTT DoCoMo. Dans ces conditions, le terminal - et ses capacités - devient une arme commerciale à part entière. [Riyako Suketomo, Jap'Presse] |
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