La "manifestation électronique" de La droite libre déclenche une action en justice
Par le Journal du Net (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/0305/030522snes.shtml
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Jeudi 22 mai 2003

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La Droite Libre

"Ils bloquent la France, nous bloquons leur boite mail !". C'est le mot d'ordre qu'a lancé la semaine dernière sur Internet La droite libre, un courant proche de l'Union pour un mouvement populaire (UMP). Pour protester contre les diverses grèves en cours, ce mouvement de droite "décomplexé" (c'est son slogan) a initié une opération d'envoi massif de messages électroniques à partir d'un modèle donné vers une quarantaine d'adresses mail d'organisations et de responsables syndicaux (FO, CGT, SUD-Rail...).

Une action de "e-commando" que trois syndicats d'enseignants n'ont pas appréciée, affirmant que l'afflux de mails non sollicités a entrainé un blocage de leurs serveurs de messagerie. Luc Muller, responsable télématique du Syndicat nationale des enseignements de second degré (Snes), évalue à 60.000 le nombre de mails reçus sur plusieurs boîtes publiques de secrétaires généraux de son organisation. "Nous continuons d'en recevoir 4.500 à 5.500 nouveaux chaque jour", avance-t-il.

Le 20 mai, le SNES, la Fédération syndicale unitaire (FSU) et l'Union nationale des syndicats autonomes (Unsa) ont assigné en référé La droite libre et son président Rachid Kaci sur deux motifs : "délit d'attente aux systèmes automatisés de données" (sur le fondement de l'article 323-2 du code pénal), ainsi qu'"entrave caractérisée aux libertés syndicales et au droit de grève". L'audience en référé s'est tenue mercredi après-midi au tribunal de grande instance de Paris. Après une heure de débat, le juge des référés a repoussé sa délibération à lundi 26 mai. L'affaire pourrait aboutir à une plainte au fond.

La droite libre entend défendre le "droit de pétition et d'expression des Français" à travers cette "manifestation électronique lancée dans une optique citoyenne et militante". "Nous reconnaissons avoir lancé un nouveau concept de pétition en ligne le 13 et 14 mai dernier, explique Arnaud Dassier, secrétaire général de La droite libre (qui est par ailleurs un professionnel de l'Internet). Mais, ensuite, il s'est développé par propagation virale", poursuit-il. En face, le SNES dénonce une opération de spam massif et réfûte l'argument selon lequel cet appel concernait les Français dans leur grande majorité.

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Si les adhérents de la Droite Libre disposent d'une carte d'adhérent UMP, leur mouvance n'est pas pour autant reconnue officiellement par la direction du parti ("La droite libre, peut-on lire sur le site de cette dernière, est une association qui a vocation à devenir un mouvement de plein droit de l'UMP après le congrès constitutif prévu à l'automne 2003, si les militants en décident ainsi"). A l'occasion de l'élection pour la présidence de l'UMP, Rachid Kaci s'était présenté face à Alain Juppé. Et un logo officiel de l'UMP apparaît sur la la page d'accueil du site de La droite libre.

La "manifestation électronique" de soutien aux réformes du gouvernement Raffarin n'a pas pour autant plu à la direction de l'UMP, mais contacté par le JDN, son service de presse n'a pas souhaité répondre à nos questions. Sur son propre site, l'UMP se contente de proposer une pétition en ligne intitulée "Vous êtes attachés à l'Ecole de la République. Refusez le boycott de ses examens !" et de diffuser cet appel par newsletter.

Marc Blondel s'estime "débordé" (par les mails)
Le secrétaire général de Force ouvrière, Marc Blondel, s'était lui aussi plaint le 14 mai de l'afflux de courriers électronique reçus par son syndicat. Ils émanent, selon lui, de militants UMP et ils "bloquent" sa boîte de réception. Mercredi 21, il a carrément accusé l'UMP d'avoir inondé le syndicat de courriers électroniques. "Une organisation politique a jugé utile d'essayer de mettre en échec le fonctionnement d'une organisation syndicale", s'est-il plaint lors d'une conférence de presse. Le secrétaire général de FO indique avoir reçu 220.000 messages au total.
[Philippe Guerrier, JDNet]