Marc Welinski :
"Le cinéma ne sera pas épargné par le piratage"
Par le Journal
du Net (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/0307/030703rmediasecrans.shtml
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Jeudi 3 juillet 2003
A la demande du Centre national cinématographique
(CNC), Marc Welinski, ancien président de la division Wanadoo Audiovisuel,
a remis fin juin un rapport, intitulé "Nouveaux écrans, nouveaux médias,
éléments pour une stratégie Internet de la production audiovisuelle française".
Ce document de synthèse fait le point sur les développements
liés à l'audiovisuel Internet : télévision ADSL,
services de VOD mais aussi le DVD, "un support que l'on détache
trop souvent du Net", estime Marc Welinski.
JDN.
Dans votre rapport vous estimez que le Net représente avant tout
une dynamique de distribution pour le contenu existant. Pourquoi ce constat ?
Marc
Welinski. Il n'y a aucun modèle économique lié
au contenu audiovisuel propre à Internet. L'essentiel du financement
des programmes audiovisuels vient du cinéma et de la télévision
et maintenant du DVD. Dans ce domaine, le Net n'a généré
aucun business spécifique : les webproducteurs et les web
TV ont quasiment tous disparu. En revanche, si Internet n'est pas un lieu
de production audiovisuelle, c'est en revanche un canal sur lequel circulent
beaucoup de programmes avec des oeuvres gratuites, payantes et pirates.
Et encore, il existe encore beaucoup de catalogues dormants de production
audiovisuelle qui pourraient faire l'objet d'une exploitation Internet.
Mais avant d'en arriver là, les producteurs et distributeurs attendent
deux choses : un modèle économique pour distribuer de manière
viable leur contenu et des garanties tehcnologiques que leurs oeuvres
ne seront pas piratées. Les solutions techniques existent dans
les laboratoires mais il faut établir des relations entre l'univers
informatique, avec des acteurs comme Microsoft, les télécoms
et de la production audiovisuelle. Dans cet écheveau, il faut souligner
l'importance du couplage Internet et DVD. Nous avons tort de croire que
les films seront épargnés du phénomène de
dissémination numérique non contrôlée, comme
celui que nous avons connu avec le gravage de CD vierges lié à
la diffusion de la musique sur Internet.
Quel est votre jugement sur l'avenir de la télévision ADSL ?
Si l'ADSL est un troisième entrant dans le monde de la diffusion
de chaînes thématiques, comme le câble et le satellite,
je ne vois pas comment les nouveaux bouquets pourront vivre. Des groupes
comme TF1 ont une certaine légitimité à développer
ce type d'expérimentation car il possède déjà
un bouquet de chaînes numériques. Mais, quid des autres entrants
sur ce marché ? Monter des nouveaux réseaux pour vendre
des bouquets numériques, cela me rappelle les débats que
l'on a connu autour du câble il y a vingt ans. La valeur ajoutée
peut venir des services interactifs, comme la vidéo à la
demande. Dans ce cas, cela peut devenir attractif. La distribution électronique
de vidéos constitue un vrai nouveau produit, à l'instar
des DVD. Mais, pour que le service soit
attractif, il faudra donner l'accès à un catalogue très
vaste et à de multiples options de chaînes thématiques
streamées. Et le décollage des services de VOD sera stimulé
par la place qu'on leur accorde dans la chronologie des médias.
Si ce type de produits arrive en bout de chaîne de la diffusion
d'un programme, après les sorties cinéma, le pay per view,
le DVD et la télévision, alors les conditions ne seront
pas réunies. Il faut que la VOD soit placée en aval dans
la chronologie des médias pour qu'elle soit attractive.
Au
final, qui de l'ordinateur ou de la télévision sera le terminal
multimédia de demain ?
On assiste à un rapprochement certain entre le PC et le téléviseur.
Les efforts de Sony dans ce sens sont remarquables avec son produit hybride
Vaio. Le fait de pouvoir graver des films sur des DVD vierges et consultables
sur un lecteur DVD branché à un poste de télévision
constitue une première jonction. Mais il reste encore beaucoup
de questions en suspens. Par exemple, quels programmes va-t-on placer
derrière des développements d'un outil technologique comme
la set-up box développée par Free ? Je pense que les opérateurs
prennent le problème à l'envers en se concentrant sur l'aspect
technologique et en se souciant de manière secondaire du choix
des contenus à diffuser. Les ayant-droits devraient d'abord se
réunir pour déterminer les programmes puis les modes de
diffusion.
[Philippe Guerrier, JDNet]
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