Free se lance dans la téléphonie ADSL
Par le Journal du Net (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/0308/030804free.shtml
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Lundi 4 août 2003

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Les abonnés de Free les plus curieux les avaient déjà repérées sur leur Freebox : deux prises orphelines, sans fonction apparente. D'ici la fin août, l'une d'entre elles va pouvoir se mettre au travail en étant reliée à un téléphone. Free s'apprête à lancer son offre de téléphonie via ADSL. Une offre réservée aux abonnés des zones dégroupées (Ile-de-France, Lyon, Grenoble, Rouen, Bordeaux...), "soit en l'état plusieurs dizaines de milliers de clients", précise Michaël Boukobza, directeur général adjoint de Free.

Dans les semaines à venir, chaque propriétaire de Freebox se verra attribuer, sans frais supplémentaires, un numéro de téléphone personnel affublé du préfixe 0 870. Ce numéro sera contactable, depuis tout le territoire et depuis un poste poste fixe France Télécom, au tarif local. A partir de ce même numéro, les abonnés de Free pourront librement téléphoner. Les appels entre abonnés Freebox seront gratuits ainsi que les appels vers les lignes fixes métropolitaines de France Télécom, jusqu'au 31 décembre prochain. A partir de janvier, le forfait ADSL comprendra un volume de 10 heures d'appel gratuit par mois sur la France métropolitaine. Au-delà, chaque minute sera facturée un centime d'euro.

"Le lancement d'une offre de téléphonie via ADSL correspond à notre stratégie de développement de nouveaux services à partir du dégroupage, explique Michaël Boukobza. Nous ne voulons pas nous impliquer sur le terrain du contenu en ligne, il y a déjà foule d'éditeurs pour cela, mais nous appuyer sur le dégroupage pour construire de nouvelles offres. La prochaine étape sera la vidéo ADSL." La fameuse deuxième prise - Péritel - installée sur la Freebox.

D'ici-là, Free aura sûrement étoffé sa téléphonie ADSL en lançant des offres connexes. Aux Etats-Unis, les FAI installés sur le marché de la téléphonie sur IP ont démultiplié au fil du temps les services à valeur ajoutée en proposant, en vrac, les conférences téléphoniques à plusieurs, l'affichage du numéro appelant ou le double-appel. Des services bien plus faciles à déployer à partir de la technologie IP qu'à partir des infrastructures classiques de téléphonie.

Pour lancer cette nouvelle offre, le FAI du groupe Iliad a dû saisir l'Autorité de Régulation des Télécommunications (l'ART) sur les modalités d'interconnexion avec France Télécom. Une affaire révélée par Libération le 18 juillet dernier. Source de la discorde : les numéros en 087, baptisés également numéros universels, qui disposent d'une double tarification.

En interconnexion indirecte, le propriétaire du numéro de téléphone choisit le tarif appliqué par France Télécom sur cette ligne, quitte à compenser la différence. C'est la solution retenue par les services consommateurs des grandes marques qui proposent un numéro de téléphone facturé au prix local sur tout le territoire. En interconnexion directe, France Télécom fixe à l'inverse le tarif appliqué sur le numéro en 087 en fonction des charges de communication constatées.

Afin de rester maître de ses tarifs, Free souhaitait l'interconnexion indirecte. De son côté, France Télécom désirait appliquer l'interconnexion directe. Saisie par Free, l'ART a finalement décidé de couper la poire en deux, bien que sa préférence aille pour l'interconnexion directe, "mieux adaptée aux communications interpersonnelles" souligne l'Autorité dans un communiqué.

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Pour que Free puisse lancer son offre rapidement, l'ART a accepté, "à titre transitoire", la mise en place d'une interconnexion indirecte à partir d'un tarif Azur. Un point pour Free. Mais le FAI et France Télécom ont jusqu'au 1er juillet 2004 pour trouver un terrain d'entente tarifaire afin de mettre en oeuvre, cette fois, une interconnexion directe. Un point pour France Télécom.

[Ludovic Desautez, JDNet]