Les
abonnés de Free les plus curieux les avaient
déjà repérées sur leur Freebox :
deux prises orphelines, sans fonction apparente. D'ici
la fin août, l'une d'entre elles va pouvoir se
mettre au travail en étant reliée à
un téléphone. Free s'apprête à
lancer son offre de téléphonie via ADSL.
Une offre réservée aux abonnés
des zones dégroupées (Ile-de-France, Lyon,
Grenoble, Rouen, Bordeaux...), "soit en l'état
plusieurs dizaines de milliers de clients", précise
Michaël Boukobza, directeur général adjoint de Free.
Dans
les semaines à venir, chaque propriétaire
de Freebox se verra attribuer, sans frais supplémentaires,
un numéro de téléphone personnel
affublé du préfixe 0 870. Ce numéro sera
contactable, depuis tout le territoire et depuis un
poste poste fixe France Télécom, au tarif
local. A partir de ce même numéro, les
abonnés de Free pourront librement téléphoner.
Les appels entre abonnés Freebox seront gratuits
ainsi que les appels vers les lignes fixes métropolitaines
de France Télécom, jusqu'au 31 décembre
prochain. A partir de janvier, le forfait ADSL comprendra
un volume de 10 heures d'appel gratuit par mois sur
la France métropolitaine. Au-delà, chaque
minute sera facturée un centime d'euro.
"Le
lancement d'une offre de téléphonie via
ADSL correspond à notre stratégie de développement
de nouveaux services à partir du dégroupage,
explique Michaël Boukobza. Nous ne voulons pas nous
impliquer sur le terrain du contenu en ligne, il y a
déjà foule d'éditeurs pour cela,
mais nous appuyer sur le dégroupage pour construire
de nouvelles offres. La prochaine étape sera
la vidéo ADSL." La fameuse deuxième
prise - Péritel - installée
sur la Freebox.
D'ici-là,
Free aura sûrement étoffé sa téléphonie
ADSL en lançant des offres connexes. Aux Etats-Unis,
les FAI installés sur le marché de la
téléphonie sur IP ont démultiplié
au fil du temps les services à valeur ajoutée
en proposant, en vrac, les conférences téléphoniques
à plusieurs, l'affichage du numéro appelant
ou le double-appel. Des services bien plus faciles à
déployer à partir de la technologie IP
qu'à partir des infrastructures classiques de
téléphonie.
Pour
lancer cette nouvelle offre, le FAI du groupe Iliad
a dû saisir l'Autorité de Régulation
des Télécommunications (l'ART) sur les
modalités d'interconnexion avec France Télécom.
Une affaire révélée par Libération
le 18 juillet dernier. Source de la discorde :
les numéros en 087, baptisés également
numéros universels, qui disposent d'une double
tarification.
En
interconnexion indirecte, le propriétaire du
numéro de téléphone choisit le
tarif appliqué par France Télécom
sur cette ligne, quitte à compenser la différence.
C'est la solution retenue par les services consommateurs
des grandes marques qui proposent un numéro de
téléphone facturé au prix local
sur tout le territoire. En interconnexion directe, France
Télécom fixe à l'inverse le tarif
appliqué sur le numéro en 087 en fonction
des charges de communication constatées.
Afin
de rester maître de ses tarifs, Free souhaitait
l'interconnexion indirecte. De son côté,
France Télécom désirait appliquer
l'interconnexion directe. Saisie par Free, l'ART a finalement
décidé de couper la poire en deux, bien
que sa préférence aille pour l'interconnexion
directe, "mieux adaptée aux communications
interpersonnelles" souligne l'Autorité dans
un communiqué.
Pour
que Free puisse lancer son offre rapidement, l'ART a
accepté, "à titre transitoire", la
mise en place d'une interconnexion indirecte à
partir d'un tarif Azur. Un point pour Free. Mais le
FAI et France Télécom ont jusqu'au 1er
juillet 2004 pour trouver un terrain d'entente tarifaire
afin de mettre en oeuvre, cette fois, une interconnexion
directe. Un point pour France Télécom.
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