JDN. Que représente
le marché des collectivités locales pour France Télécom ?
Gérard Lentiez.
La direction Collectivités Locales réalise un chiffre d'affaires
annuel d'environ 450 millions d'euros. Cela fait sept ans que les agences
France Télécom disposent d'équipes technico-commerciales
dédiées au monde des collectivités car les besoins
et les modes de commandes comme les procédures d'appels d'offres,
sont particuliers. Pour les affaires plus complexes, la gestion est centralisée.
Chaque année, nous répondons jusqu'à 400 appels d'offres.
Comment
France Télécom appréhende-t-il l'émergence
des projets d'infrastructures haut débit supervisés par
les collectivités ?
La plupart de ces projets sont apparus il y a plusieurs
années. Ils correspondaient à une demande de couverture
haut débit en particulier pour les zones d'activités. En
juin, Thierry Breton, PDG de France Télécom, a pris en considération
ces nouveaux projets à l'occasion de l'annonce du plan "Le
haut débit pour tous", qui se traduit par un élargissement
de la zone de couverture et une augmentation du débit ADSL.
Estimez-vous que des projets d'infrastructures
haut débit sont caduques après les annonces ADSL de France
Télécom ?
Certains projets prévoyaient d'introduire du haut
débit sur des territoires avant les annonces d'extension de couverture
ADSL faites par France Télécom. Cette semaine, dans le cadre
du plan "Images", Thierry Breton a présenté des
perspectives d'augmentation du débit DSL qui vont permettre d'atteindre
10 Mbits/s par seconde d'ici fin 2005. Notre rôle consiste à
identifier les réels besoins des collectivités et d'y apporter
une réponse : est-ce une extension de couverture ou une augmentation
du débit ? Est-ce un problème de tarification de la bande
passante ou de services d'accompagnement ?
Le
JDN recense plus de cent projets haut débit de collectivités
sur le territoire français. Pourquoi
France Télécom apparaît-il rarement en tant que chef
de file dans la maîtrise d'oeuvre ?
Ce n'est pourtant pas souvent le cas. Nous avons une bonne
couverture sur le territoire et nous faisons en sorte qu'elle soit la
plus complète possible. Nous essayons d'être présents
partout avec l'appui de nos relais locaux.
Ces projets émergents
ne constituent-ils pas une remise en cause de la position France Télécom
dans le monde des collectivités ?
Nous sommes conscients de la mutation du marché
des collectivités et du développement de la concurrence.
L'environnement est plus complexe qu'avant, c'est le jeu normal de la
concurrence. Chez France Télécom, les commerciaux qui vont
sur le terrain savent depuis quelques années qu'ils ne sont plus
seuls.
Pourquoi
France Télécom n'accompagne-t-il pas le projet Pau Broadband
Country ?
C'est un projet avant-gardiste local autour de la technologie
de la fibre optique. Le projet PBC est intéressant à suivre
en termes d'image d'une ville et d'expérience locale sur les services
et les usages du très haut débit. Mais ce qui intéresse
France Télécom en premier lieu, c'est la possibilité
d'avoir une couverture nationale autour de l'ADSL.
Comment France Télécom
peut-il concurrencer une offre d'accès grand public 100 mégabits
pour 30 euros proposé aux Palois ?
Le modèle économique reste incertain et toutes
les collectivités ne pourront pas adopter ce schéma. On
trouve des projets Internet à très haut débit uniquement
dans des grandes agglomérations pilotes au niveau européen
comme Milan ou Stockholm.
Dans
quelle mesure comptez-vous déployer des solutions alternatives
Internet haut débit (satellite et Wi-Fi) ?
L'ADSL reste le vecteur privilégié mais nous
utiliserons des solutions alternatives pour les territoires qui ne pourront
pas être desservis par cette technologie. L'avantage de la solution
satellite associée à du Wi-Fi est qu'elle peut être
mise en place rapidement à des prix convenables d'accessibilité.
Les premiers retours sur les expérimentations que nous avons sont
satisfaisants. Les premières offres commerciales satellites devraient
être déployées d'ici la fin de l'année. Le
développement des offres Wi-Fi en miieu rural aura lieu l'année
prochaine. Les expérimentations combinant Wi-Fi et satellite, elles,
ne font que commencer. Il est trop tôt pour se prononcer sur les
modèles technico-économiques qui pourraient être retenus.
Sur quels projets
de services publics sur Internet vous êtes-vous
impliqués
?
A la suite des appels d'offres lancés par l'Adae,
nous avons été retenu dans un projet de cartes de vie quotidienne
sur la ville de Vandoeuvre, qui a une grande tradition de participation
à la vie locale, et la communauté urbaine du Grand Nancy.
Nous intervenons sur les aspects réseaux et la capacité
d'exploiter les cartes à puce.
Sur la problématique
de la dématérialisation des marchés publics, France
Télécom est partie prenante de la nouvelle plate-forme AchatPublic.com.
Comment sensibiliser les collectivités locales à ces techniques
?
Un certain nombre de collectivités commencent à
lancer des appels d'offres sous forme dématérialisée.
Règlementairement, à partir de janvier 2005, les collectivités
ne pourront pas refuser une réponse à un appel d'offre reçu
via Internet. Mais nous avons un travail de fond pour les sensibiliser
à ce thème avec une échéance qui se rapproche
rapidement. Un "Tour de France Achatpublic.com" devrait être
monté prochainement.
France
Télécom répond-il déjà à des
appels d'offres dématérialisés ?
Nous avons déjà participé à
un expérimentation menée par la ville de Niort. D'alleurs,
nous avions été le seul opérateur télécom
à répondre sous format électronique. Mais actuellement,
nous n'avons pas repéré d'autres initiatives dans ce sens.
Que
devient Ternova.com, le portail historique des collectivités locales
de France Télécom ?
Ce portail avait pour vocation de donner un certain nombre
d'informations sur les TIC à l'ensemble des secteurs des collectivités.
Mais nous avons rencontré des difficultés à trouver
un modèle économique viable. Nous étudions donc actuellement
la pérennité de ce service en ligne.