JDNet. Business
Models se positionne en tant que structure de conseil pour les start-up.
Comment définiriez-vous ce métier ?
Paul Maillot.
Nous définissons notre métier comme étant un "business
catalyst". Notre rôle est de détecter les opportunités et d'être
en quelque sorte des imprésarios pour les start-up en intervenant,
avec l'expérience de notre équipe, à tous les stades
de la croissance de l'entreprise. Cette approche couvre aussi bien le
capital intellectuel, c'est-à-dire
l'analyse d'un concept ou d'un projet initial, que les opérations
de capital-risque, l'ingénierie financière, les IPO ou les
adossements. Nous intervenons donc indifféremment sur les jeunes start-up
ou les sociétés qui ont bouclé plusieurs tours de
table et qui cherchent à mettre en oeuvre une nouvelle stratégie.
Nous attachons une importance particulière à la qualité des relations
humaines.
C'est un rôle
assez comparable à une sorte d'incubateur étendu...
Le seed venture est juste une partie
de notre travail même si nous allons renforcer ce pôle dans
les mois qui viennent avec le lancement d'un fonds d'incubation doté
d'une dizaine de millions d'euros. Mais notre rôle va au-delà
de la simple incubation : nous intervenons pour des start-up qui
ont plusieurs années d'existence et qui cherchent, par exemple,
une autre sortie que l'IPO. Dans ce cas précis, ce sont éventuellement
les capital-risqueurs qui nous demandent d'intervenir afin de voir quelles
sont les possibilités d'évolution. Nous sommes un élément
extérieur et cela facilite souvent les arbitrages au sein des portefeuilles.
En amont, pour les start-up qui cherchent à lever des fonds, Business
Models est aussi un filtre, une sorte de label qui rassure les investisseurs.
A ce jour, vous avez
travaillé sur combien de dossiers ?
Environ une dizaine. Ce sont des dossiers
très variés qui touchent aussi bien les jeux vidéo, les loisirs,
la santé, les télécoms ou la sécurisation.
Actuellement, nous travaillons aussi sur une place de marché au
concept original.
De quelle manière
vous rémunérez-vous ?
Cela dépend du type d'opération.
Pour des missions de conseil, nous avons un système d'honoraires.
Pour les opérations de financement, nous avons une commission et
éventuellement une participation au capital de la start-up.
Vous mettez en avant
une équipe constituée de séniors aux références
confirmées. L'expérience est-elle devenue aujourd'hui un
facteur clef dans la Net-économie ?
Business Models est né d'un
constat : comparée aux Etats-Unis, la France est encore en
retard dans le financement des entreprises à forte croissance.
Le capital-risque y est encore largement à développer. Et ce constat est
également valable sur les stratégies d'entreprise. Bref,
en France, toutes les opportunités ne sont pas exploitées.
Il y a donc nécessité de crédibiliser les secteurs
d'activité à forte croissance. Cette démarche passe
par la présence d'experts reconnus capables de sélectionner
et d'épauler des projets variés. C'est un aspect essentiel,
car les phénomènes de mode que nous avons vus dans les investissements
Internet dénotent un manque de maturité.
La montée en
flèche actuelle des investissements dans les projets technologiques
est-elle aussi une mode ?
Il y a parfois un mécanisme
moutonnier dans le capital-risque.
Aujourd'hui, tout le monde parle de la technologie. Le concept rassure
car il permet de financer des projets avec une barrière à
l'entrée naturelle. Pour autant, miser sur un projet "technologique"
n'est pas exempt de risque, loin de là. En outre, cela revient à
oublier qu'il y a plein d'autres domaines à conquérir sur
Internet comme le remodelage des services ou le contenu.
Pour les start-up qui
cherchent à boucler un premier tour de table, quels sont aujourd'hui
les paramètres à prendre en compte ?
Sous l'angle de la start-up, il faut
désormais absolument intégrer le facteur temps. Beaucoup
de créateurs d'entreprise oublient que les cycles de décision
en matière d'investissement sont longs. Ce constat est d'ailleurs
valable pour les entreprises qui veulent boucler un deuxième ou
troisième tour de table : il ne faut pas attendre que la trésorerie
tombe à quelques mois de visibilité pour se pencher sérieusement
sur le problème. Pour les nouvelles start-up, il ne faut également
pas sous-estimer les difficultés et les exigences liées à l'acte
entrepreneurial. Il y a aujourd'hui la nécessité de savoir
parfaitement formuler son projet et de savoir s'entourer, aussi bien en
management qu'en conseil.
Et quels sont les paramètres
prépondérants pour les capital-risqueurs ?
Aujourd'hui, plus le projet est avancé,
plus il est séduisant. Ce qui explique notamment le trou d'air
dans les opérations d'incubation. Le réalisme du business-plan,
la création de valeurs et la qualité des ressources humaines
sont aussi analysés minutieusement. Il
y a un retour au pragmatisme. C'est notamment très sensible sur
l'internationalisation qui n'est plus systématiquement un élément
décisif. Un bon projet local ou sur un marché captif séduira
plus qu'un vaste projet aux extensions internationales hypothétiques.
La rentabilité
est un facteur de plus en plus surveillé. Quelle est l'échelle
de temps attendue par les investisseurs ?
Le point mort varie évidemment
selon la nature du projet. Mais disons que pour certaines activités,
six mois c'est très bien,
douze mois c'est acceptable et dix-huit mois c'est incertain... Cette
accélération a des conséquences dans
les mécanismes de financement : sur les nouveaux projets,
on assiste parfois à des tours de table massifs qui doivent permettre
d'atteindre d'une traite le point mort. Dans cette optique, les deuxième
et troisième tours de table n'existent que si la levée initiale
n'a pas permis d'atteindre les objectifs, donc si l'entreprise est à
court de cash ou, mieux, si le succès dépasse les espoirs initiaux. Avec
ce mécanisme, la réussite complète des projets pourrait donc se
mesurer sur les start-up qui ont atteint la rentabilité avec un
seul tour de table.
L'introduction en Bourse
des start-up apparaît actuellement quasi-impossible. Quelle
analyse portez-vous sur cette situation ?
La voie de l'IPO est aujourd'hui largement
fermée. On assiste donc à une montée en puissance
des fusions et acquisitions et à la la demande de bridges pour
permettre à certaines start-up de passer le cap. Nous considérons
que les IPO devraient probablement redémarrer pour la fin 2001.
La reprise des marchés financiers est un élément important
qui va réactiver le secteur.
A titre personnel,
quels sont vos sites préférés ?
J'utilise beaucoup CNet
et SmartMoney.
Qu'appréciez-vous
particulièrement sur Internet ?
La disponiblité de l'information
et les outils de recherche.
A l'inverse, que détestez-vous ?
La prolifération de sollications
qui n'apportent rien.