JDNet. Le site de
Décathlon vient de faire peau neuve. Pouvez-vous nous expliquer
les raisons de cette nouvelle version?
Stéphan Rocton.
Le site est apparu il y a trois ans à l'initiative de l'équipe
informatique du groupe. Elle voulait mettre à disposition du grand
public, les informations qui étaient concentrées sur nos
systèmes en interne. Il n'y avait pas d'objectifs et la stratégie
n'était pas définie. Du coup, il n'y avait pas de cohérence
d'ensemble. C'est comme ça que l'on a vu émerger un site
comme Tribord, qui a depuis été débranché
(Lire l'article
du JDNet du 02/06/99). Il y a un an, un patron, Phillippe Bécu
a été nommé sur le projet Internet. Depuis, il est
parti et j'ai rejoint l'équipe en juin 2000 pour développer
le commerce électronique. A partir de cette date, nous avons décidé
qu'au lieu de donner la main à des informaticiens pour construire
des voitures, il fallait donner la main à des pilotes pour les
conduire. Nous avons complêté les équipes de commerciaux
et fait appel à des experts du contenu. Accenture nous a aidés
à définir une nouvelle stratégie d'ensemble et à
Young & Rubicam s'est chargé de la partie communication. Aujourd'hui,
le groupe Décathlon sur Internet, ce sont trois sites : Décathlon.fr,
Quechua, qui va bientôt
être transformé et depuis le début de la semaine,
Domyos,
le site des passionnés de la courses à pieds. Nous nous
appuierons sur ces deux sites en 2001 pour les dupliquer par la suite,
si tout va bien.
Comment s'organise
ce nouvel ensemble?
En fait, nous avons séparé la vente proprement dite des
conseils techniques. Décathlon sera le site de e-commerce à
proprement parler, tandis que les sites spécialisés comme
Quechua et Domyos seront destinés à donner des conseils.
L'objectif de cette nouvelle organisation est d'expliquer et de faire
reconnaître la compétence de nos ingénieurs et de
nos services de recherche et développement à travers les
sites de marques comme Quechua. Ainsi, lorsque les internautes iront sur
le site Décathlon pour choisir des skis, s'ils ont besoin de conseils,
ils seront dirigés vers le site de la marque Quechua. Ces sites
de marque ou "de passion sportive" sont conçus comme
des domaines de compétence. L'un sur la montagne et l'autre sur
le running. Pour les autres univers, nous attendons. Tant que nous ne
savons pas exactement ce qui intéresse les internautes, nous mettons
le contenu d'information concernant les autres sports sur le site Décathlon.
Mais à terme, en 2002 et 2003, il y aura des sites pour chacune
des marques.
Pourquoi cette dichotomie
?
Nous avons reproduit sur le Net ce
qui fait la spécificité du groupe. C'est-à-dire d'être
à la fois un distributeur et un producteur. Pour nous, l'activité
Internet ne doit pas être séparée de l'activité
physique. Internet est un outil au service du client Décathlon
et de nos magasins. Il ne doit à aucun moment y avoir de concurrence
interne.
Que représente
Internet pour le groupe Décathlon ?
C'est une activité très
stratégique. Actuellement, le site est directement relié
aux services centraux internationnaux et donc aux décideurs du
Groupe, à savoir Michel Leclercq et à Yves Claude, qui est
notre directeur général depuis le début de l'année.
Mais si Auchan a participé au développement du site, il
n'a pas d'emprise sur la stratégie de Décathlon. Plus largement,
le site nous permet de fidéliser des clients.
Combien y a-t-il de
références sur le site actuellement ?
En gros 6.000 modèles. Soit
environ 30% des références de la gamme. A la fin de l'année,
100% des modèles seront référencés sur le
site. Ce qui ne veut pas dire qu'ils seront forcément disponibles
à l'achat sur Internet ! En effet, le site fonctionne sur le stock
des entrepôts pour livrer les produits. En fin de saison, les produits
ne sont plus dans nos entrepôts, mais en magasin. De fait, nous
renverrons les internautes dans les magasins les plus proches de chez
eux, où ils pourront trouver ces articles.
Quels seront les autres
changements qui vont intervenir sur le site cette année ?
100% des opérations commerciales
seront relayées sur l Internet. Nous allons également renforcer
notre contenu, via des fiches-conseil et une aide au choix interactive,
qui, en fonction de questions pertinentes, aidera l'internaute à
choisir un sport ou un produit. Dans l'ensemble, nous allons apporter
des améliorations progressivement.
Comment envisager-vous
les synergies entre le réseau physique et le site internet ?
Pour nous, Internet est resté
chez Décathlon. Il n'y a aucune concurrence entre nos magasins
et Internet. En fait, les points de vente sont intéressés
de manière pécunière à l'activité Internet.
Par exemple, si un internaute qui habite Bordeaux passe commande sur le
site, nous reversons une commission au magasin Décathlon de Bordeaux
le plus proche de son lieu d'habitation.
Quels sont vos sites
préférés ?
Je vais régulièrement
sur Amazon et sur Fnac, sur Sports.com et sur des sites qui me permettent
de charger de l'information sur mon PDA, comme Mobipocket.
Qu'est ce que vous
aimez sur internet ?
J'apprécie beaucoup le mouvement.
Le fait que rien n'est figé et qu'il n'y a pas vraiment de limite.
Il semble n'y avoir que la limite de la créativité. Il y
a effectivement des réalités. Mais à partir du moment
où on relie la créativité à des modèles
économiques, il existe en fait assez peu de limites. On sait très
bien que pour le moment, les vidéos ne marchent pas, car les performances
technologiques ne le permettent pas. Mais on sait très bien que
d'ici deux ans, tout cela va exploser. Et tout le monde se prépare.
Qu'est ce que vous
détestez sur internet ?
Les promesses non tenues. Dans un magasin
de la marque, je déteste par exemple que le rayon foot soit vide.
Je déteste commander un bouquin et ne pas être informer du
suivi de ma commande. Je déteste les sites où on fait plus
de beau que d'efficace. Je suis plutôt une personne assez cartésienne.
En fait, j'apprécie la cohérence entre le positionnement
d'un site et son contenu. Et enfin, j'ai horreur des jeux de pronostics
et de concours qui ne m'apportent rien.