JDN. Le paiement en
ligne a longtemps fait peur. Comment évolue l'attitude des internautes
à l'égard du paiement en ligne ?
Jacques Schuhmacher.
Je pense qu'il y a une réelle évolution. En ce qui nous
concerne, nous avons constaté que les paiements électroniques
auprès des e-commerçants qui ont opté pour notre
solution de paiement ont doublé en un an. Bien sûr, il y
a encore des gens réticents. Mais, il semble que les internautes
soient moins stressés. C'est du moins ce que nous révèle
notre hotline.
Aujourd'hui,
on a l'impression qu'il existe, outre la carte bancaire, une multitude
de moyens de paiements. Pourquoi une telle prolifération ?
Il faut bien convenir que les banques n'ont pas su répondre
dans un premier temps aux préoccupations des internautes à
l'égard du paiement en ligne. De fait, un ensemble de solutions,
éditées par des acteurs très différents et
n'ayant pas toujours la surface souhaitable, sont apparues pour combler
ce vide. Mais maintenant que le paiement en ligne devient de plus en plus
complexe, notamment avec 3D Secure, je pense que le marché va se
recentrer sur quelques solutions. D'abord parce que les investissements
nécessaires sont importants, et ensuite parce qu'il faut des acteurs
capables de faire l'interface entre les acheteurs, les vendeurs et les
banques du monde entier. Il ne suffit pas d'être un petit génie pour répondre
à un tel enjeu.
Justement, quelles
sont selon vous les solutions de paiements sécurisés qui
seront pérennes dans un proche avenir ?
Tout d'abord, le paiement par carte bancaire protégé
par une connexion sécurisée et par l'authentification du
porteur de la carte comme c'est le cas sur un terminal de paiement. C'est
ce que permet 3D Secure en vérifiant non seulement qu'un numéro
de carte existe, qu'il correspond bien au nom du porteur et que c'est
bien le propriétaire de la carte qui l'utilise grâce à
un processus d'authentification. Outre la carte bancaire, nous croyons
beaucoup, pour les petits montants, au kiosque. Mais pas un kiosque où
l'internaute dépense 2 euros pour un achat d'une valeur de 1 euro.
Je pense plutôt à des kiosques comme l'autoroute ou w-HA, en plus généralistes.
Nous travaillons d'ailleurs à une évolution de notre MoneyTronic
vers une solution de kiosque. A ces deux types de solutions viennent s'ajouter
les cartes privatives et le prélèvement essentiellement pour le B2B. Et
bien sûr, les paiements P2P qui commencent à intéresser les français.
Dans l'éventail
des solutions pérennes que vous venez de citer, vous n'avez pas
évoqué le pré-paiement. Pourquoi ?
Nous nous sommes rendus compte, avec des études et des
expériences concrètes telles que Kleline ou récemment Moneo, que les gens
n'étaient pas spontanément attirés par le pré-paiement. Il faut charger
un compte pour le consommer ensuite. Et la plupart du temps, les gens
oublient cet argent et ne l'utilisent pas. C'est pourquoi, nous allons
faire évoluer notre service MoneyTronic vers un système de post-paiement.
Pouvez-vous nous en
dire un peu plus sur ce projet de kiosque et sur son fonctionnement ?
Ce devrait être un système très ouvert et très simple.
L'idée est de combiner l'avantage et la simplicité de MoneyTronic, sans
subir le frein du pré-paiement. Il suffit pour cela d'encaisser en fin
de mois les consommations grâce à un prélèvement direct sur le compte
ou la carte de l'internaute. Toutefois, si les dépenses dépassent un certain
montant, une facture intermédiaire sera émise.
Quel sera l'avantage
d'un tel système sur ceux déjà existant ?
Le premier vient du fait que nous ne sommes pas un opérateur.
En conséquence, nous ne sommes pas en concurrence avec les autres opérateurs
qui sont aussi fournisseurs d'accès. Nous sommes beaucoup plus neutres
et dans ce cadre, les alliances sont plus faciles à nouer. Secondo, en
tant que kiosque bancaire, nous pourrons nous contenter d'une commission
de 10 % au lieu des 40 % demandés par les kiosques opérateurs où l'on
grille néanmoins des ressources téléphoniques.
Et que devient l'e-carte
bleue dans ce paysage ?
Je pense qu'il était important d'explorer cette piste de
la carte virtuelle dynamique. Celle-ci a permis de tourner la page à
une époque où on ne parlait que de SET et de Cyber-Comm. L'e-carte bleue
a permis d'impliquer davantage les banques émetteurs des cartes dans la
construction sécuritaire, ce qui était indispensable en vente à
distance pour déboucher sur un schéma de type 3D Secure. Les cybermarchands
nous alertent à chaque rencontre sur la nécessité de ne pas complexifier
l'achat et de ne pas augmenter la durée du paiement. L'e-carte bleue ne
répond pas parfaitement à ce cahier des charges, elle reste relativement
lourde à gérer pour l'internaute. C'est pourquoi à mon avis, elle ne s'imposera
pas comme la solution universelle du paiement sur Internet, mais c'est
une excellente solution pour "les achats périlleux". Utiliser une e-carte
bleue pour acheter un billet à la SNCF ou sur un site utilisant notre
service SP PLUS est une précaution totalement inutile, car les risques
couverts (réutilisation du numéro ou changement du montant) sont nuls.
Par contre, pour acheter à l'étranger sur un site inconnu, c'est beaucoup
plus pertinent, du moins tant que 3D Secure ne sera pas généralisé.
Et le paiement par
téléphone mobile ?
Le téléphone bi-fente a été abandonné, essentiellement
à cause d'un problème de fabrication. Le Wap, lancé trop tôt sur
un modèle de type minitel avec trop d'effets d'annonce, a été une catastrophe
qui a marqué les esprits. Par contre, il est vrai qu'on commence à voir
émerger du m-commerce avec les nouvelles générations de téléphone et des
débits plus appropriés. Mais dans l'ensemble, ce marché n'est pas aussi
mûr que dans d'autres pays où les relations entre les banques et les opérateurs
de téléphonie mobile sont différentes. Quoiqu'il en soit, je pense que
dans l'avenir, le téléphone va devenir
un support de paiement. Nous allons d'ailleurs bientôt lancer un système
de paiement du stationnement par téléphone mobile.
Enfin, sur 3D Secure,
où en êtes vous ?
Actuellement, nous validons 300 à 500 paiements 3D Secure
par jour. Et ceci, seulement avec Visa. Nous allons bientôt lancer la
même procédure avec Mastercard ce qui devrait multiplier par deux les
paiements 3D Secure. Pour le moment, nous avons mis en place la structure
nécessaire pour demander l'authentification des porteurs étrangers de
carte visa qui achètent chez notre centaine de commerçants 3D Secure.
Mais dès le mois de novembre, nous serons en mesure d'authentifier les
porteurs de carte Caisse d'Epargne achetant à l'étranger grâce à notre
identification en ligne ID-Tronic. A ma connaissance, nous sommes aujourd'hui
la seule banque française à être aussi avancée. Le 3D Secure domestique
sera pourtant effectif en France normalement, à partir de janvier 2005,
ce qui rendra l'authentification indispensable.
Qu'est-ce que vous
aimez le plus dans Internet ?
D'abord, le courrier électronique. Ca a bouleversé
ma vie professionnelle et personnelle. Ensuite, j'aime beaucoup la spontanéité
et la richesse d'information que l'on trouve sur le Web.
A l'inverse, qu'est-ce
que vous détestez le plus dans ce média ?
Quand le temps de réponse est trop lent. Je n'aime pas
non plus l'usage d'Internet pour propager des propos diffamatoires ou
de la vulgarité. Ces sites ne construisent rien, ils détruisent l'image
de ce formidable progrès de l'humanité.
Quels
sont vos sites préférés ?
Des sites d'actualité comme Europe 1, Le Figaro, Libération,
arrêt sur images de France 5 etc... et des sites spécialisés dans les
activités nautiques, ma deuxième passion après les nouvelles technologies.