JDN. Comment analysez-vous
l'évolution du secteur des web agencies en France ces dernières
années ?
Julien Sivan.
Avant la crise de l'Internet, pendant les années d'investissement
fort qu'ont été 1999 et 2000, les investissements étaient
principalement orientés sur la création de plate-formes
transactionnelles (c'est-à-dire de sites en front et back-offices).
Notre compétence intégrée en technologie, marketing
et design nous a aidés à ce moment-là, car cela a
permis d'accélérer les temps de développement et
de rendre la plate-forme plus efficace d'un point de vue technologique.
Après, entre 2001 et 2003, les budgets se sont reportés
sur de la rentabilisation de ces plate-formes. Du coup, les missions confiées
aux web agencies concernaient plutôt du marketing relationnel, du
marketing direct et de la communication online. En 2004, on commence à
voir une nouvelle vague d'investissements sur des renouvellements et la
création de plate-formes beaucoup plus importantes. Pour résumer,
1999-2000, ce fut la création de plate-formes, 2001-2003 ont été
les années d'apprentissage de ces plate-formes et d'apprentissage
de l'Internet. En 2004, on devrait voir des projets
sérieux se lancer, avec des objectifs précis et réalistes,
contrairement à ce qui était le cas les années précédentes.
Comment
la demande en terme de plate-forme a-t-elle évolué entre
1999-2000 et 2004 ?
Désormais, le
client nous donne un brief basé sur la stratégie d'entreprise
en matière d'Internet. Ce brief va nous détailler son objectif
de chiffre d'affaires online s'il veut créer un site marchand,
par exemple, et nous présenter les cibles qu'il souhaite toucher,
etc. Après, les technologies utilisées ont peut-être
moins d'importance qu'à une époque. Le gros du budget passe
moins sur les technologies, c'est-à-dire que l'on est moins fixé
sur des plate-formes comme l'on pouvait l'être à la grande
époque avec Broadvision et autres. A contrario, la demande d'efficacité
est supérieure. Le client sait désormais à quoi s'attendre
en terme de résultats sur Internet donc il ne faut pas le décevoir.
Et les budgets, ont-ils
évolué ?
Nous sommes sur une tendance supérieure mais les
investissements restent très contrôlés. Le type d'investissement
est différent. Ces dernières années, nous avions
surtout à gérer des budgets de communication, de fidélisation
et de recrutement de clients alors que maintenant, nous sommes sur des
budgets de plate-formes, donc forcément un peu plus élevés.
Mais ce n'est pas l'explosion.
Aujourd'hui, sur votre
secteur, quels sont les sociétés que vous identifiez encore
comme vos concurrents ?
Il y a eu effectivement une forte rationalisation avec
les web agencies qui ont fermé et les SSII qui sont venues un moment
sur notre marché puis en sont reparties. Aujourd'hui, les sociétés
que nous identifions comme nos concurrents directs sont Business
Interactif, Nurun
et FullSix.
Ensuite, nous avons d'autres concurrents mais sur des thèmes plus
spécialisés (marketing, communication, design, etc.). Mais
il est certain que, lors des appels d'offre, nous ne sommes plus une dizaine
de sociétés en lice : les agences consultées sont
à peu près moitié moins nombreuses. Et ce, d'autant
plus que l'on voit apparaître des spécificités pour
chaque agence, comme c'est le cas pour Business Lab qui est clairement
orientée BtoC et "Netchandising", c'est-à-dire
les problématiques concernant le consommateur.
Quel est le bilan des
activités de Business Lab en 2003 ?
L'année a été assez bonne après
des années 2001 et 2002 plutôt difficiles. Nous avons gagné
de nouveaux clients assez intéressants et conservé beaucoup
de nos clients conquis depuis 2000. Durant les années 2000 à
2003, ces derniers n'ont pas réduit leur investissement, ils les
ont stabilisés ou même augmentés. Cela nous a permis
de passer ces mauvaises années en arrivant à garder un certain
équilibre entre nos trois pôles que sont le marketing, le
design et la technologie.
Quels sont ces nouveaux
clients ?
Nous travaillons pour la radio Le Mouv' du groupe Radio
France, pour lequel nous réfléchissions à une toute
nouvelle manière de gérer une communauté online avec
une approche innovante. Nous avons aussi réalisé le site
du journal Le Monde pour ses ventes papiers. Il s'agit d'un site d'abonnement
dont l'enjeu est particulièrement intéressant puisque nous
allons pouvoir juger de son impact direct sur les ventes du journal. Nous
collaborons aussi avec Coca-Cola. Nous sommes leur agence principale,
qui centralise les différents intervenants sur les multiples sites
du groupe. Nous gérons aussi directement certaines plate-formes
pour eux. Par ailleurs, nous travaillons avec Chanel sur différents
sujets et avons lancé le site Bluedotproject, qui vise à
familiariser les jeunes au développement durable. Ce projet est
chapeauté par l'agence BeCitizen et regroupe différents
acteurs autour de lui (Wanadoo, NRJ et EDF-GDF). Ces nouveaux clients
viennent rejoindre ceux que nous avions déjà : Leclerc,
PSA, ING Direct, Bouygues Telecom Entreprises, Cegetel (poru le BtoB),
Air France, etc.
Et en terme de résultats
financiers, où en êtes-vous ?
Nous avons fini notre exercice 2002-2003 (dont la clôture
est en juin) avec un résultat d'exploitation positif et un résultat
net à l'équilibre, alors que nous avons enregistré
deux années de pertes en 2000-2001 et 2001-2002. Notre chiffre
d'affaires est de 3 millions d'euros.
Comment se présente
l'année 2004 pour vous ?
Nous visons pour 2003-2004 une progression de 5 à
10 % avec un résultat net positif. Nous ne sentons encore
que des frémissements mais nous sommes confiants. Le marché
devrait fortement redémarrer cette année et nous pourrions
nous retrouver à nouveau dans une problématique de croissance,
comme en 1999-2000, à la diffférence près que chacun
a acquis de l'expérience, aussi bien les clients que nous.