INTERVIEW
 
Président du directoire
Business Lab
Julien Sivan
"2004 sera un nouveau départ pour les projets Internet"
Les années passent et Business Lab résiste au marasme économique qui touche le secteur des web agencies. Rescapée de la bulle Internet, cette agence indépendante voit évoluer au fil des années les demandes de ses clients à mesure qu'ils acquièrent de l'expérience sur le média Internet. Julien Sivan, président du directoire de Business Lab, analyse l'évolution de son métier depuis le lancement de l'agence et fait le point sur l'état de son secteur aujourd'hui avec une nouvelle dynamique qui se dessine pour 2004.
28 janvier 2004
 
          
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JDN. Comment analysez-vous l'évolution du secteur des web agencies en France ces dernières années ?
Julien Sivan. Avant la crise de l'Internet, pendant les années d'investissement fort qu'ont été 1999 et 2000, les investissements étaient principalement orientés sur la création de plate-formes transactionnelles (c'est-à-dire de sites en front et back-offices). Notre compétence intégrée en technologie, marketing et design nous a aidés à ce moment-là, car cela a permis d'accélérer les temps de développement et de rendre la plate-forme plus efficace d'un point de vue technologique. Après, entre 2001 et 2003, les budgets se sont reportés sur de la rentabilisation de ces plate-formes. Du coup, les missions confiées aux web agencies concernaient plutôt du marketing relationnel, du marketing direct et de la communication online. En 2004, on commence à voir une nouvelle vague d'investissements sur des renouvellements et la création de plate-formes beaucoup plus importantes. Pour résumer, 1999-2000, ce fut la création de plate-formes, 2001-2003 ont été les années d'apprentissage de ces plate-formes et d'apprentissage de l'Internet. En 2004, on devrait voir des projets sérieux se lancer, avec des objectifs précis et réalistes, contrairement à ce qui était le cas les années précédentes.

Comment la demande en terme de plate-forme a-t-elle évolué entre 1999-2000 et 2004 ?
Désormais, le client nous donne un brief basé sur la stratégie d'entreprise en matière d'Internet. Ce brief va nous détailler son objectif de chiffre d'affaires online s'il veut créer un site marchand, par exemple, et nous présenter les cibles qu'il souhaite toucher, etc. Après, les technologies utilisées ont peut-être moins d'importance qu'à une époque. Le gros du budget passe moins sur les technologies, c'est-à-dire que l'on est moins fixé sur des plate-formes comme l'on pouvait l'être à la grande époque avec Broadvision et autres. A contrario, la demande d'efficacité est supérieure. Le client sait désormais à quoi s'attendre en terme de résultats sur Internet donc il ne faut pas le décevoir.

Et les budgets, ont-ils évolué ?
Nous sommes sur une tendance supérieure mais les investissements restent très contrôlés. Le type d'investissement est différent. Ces dernières années, nous avions surtout à gérer des budgets de communication, de fidélisation et de recrutement de clients alors que maintenant, nous sommes sur des budgets de plate-formes, donc forcément un peu plus élevés. Mais ce n'est pas l'explosion.

Aujourd'hui, sur votre secteur, quels sont les sociétés que vous identifiez encore comme vos concurrents ?
Il y a eu effectivement une forte rationalisation avec les web agencies qui ont fermé et les SSII qui sont venues un moment sur notre marché puis en sont reparties. Aujourd'hui, les sociétés que nous identifions comme nos concurrents directs sont Business Interactif, Nurun et FullSix. Ensuite, nous avons d'autres concurrents mais sur des thèmes plus spécialisés (marketing, communication, design, etc.). Mais il est certain que, lors des appels d'offre, nous ne sommes plus une dizaine de sociétés en lice : les agences consultées sont à peu près moitié moins nombreuses. Et ce, d'autant plus que l'on voit apparaître des spécificités pour chaque agence, comme c'est le cas pour Business Lab qui est clairement orientée BtoC et "Netchandising", c'est-à-dire les problématiques concernant le consommateur.

Quel est le bilan des activités de Business Lab en 2003 ?
L'année a été assez bonne après des années 2001 et 2002 plutôt difficiles. Nous avons gagné de nouveaux clients assez intéressants et conservé beaucoup de nos clients conquis depuis 2000. Durant les années 2000 à 2003, ces derniers n'ont pas réduit leur investissement, ils les ont stabilisés ou même augmentés. Cela nous a permis de passer ces mauvaises années en arrivant à garder un certain équilibre entre nos trois pôles que sont le marketing, le design et la technologie.

Quels sont ces nouveaux clients ?
Nous travaillons pour la radio Le Mouv' du groupe Radio France, pour lequel nous réfléchissions à une toute nouvelle manière de gérer une communauté online avec une approche innovante. Nous avons aussi réalisé le site du journal Le Monde pour ses ventes papiers. Il s'agit d'un site d'abonnement dont l'enjeu est particulièrement intéressant puisque nous allons pouvoir juger de son impact direct sur les ventes du journal. Nous collaborons aussi avec Coca-Cola. Nous sommes leur agence principale, qui centralise les différents intervenants sur les multiples sites du groupe. Nous gérons aussi directement certaines plate-formes pour eux. Par ailleurs, nous travaillons avec Chanel sur différents sujets et avons lancé le site Bluedotproject, qui vise à familiariser les jeunes au développement durable. Ce projet est chapeauté par l'agence BeCitizen et regroupe différents acteurs autour de lui (Wanadoo, NRJ et EDF-GDF). Ces nouveaux clients viennent rejoindre ceux que nous avions déjà : Leclerc, PSA, ING Direct, Bouygues Telecom Entreprises, Cegetel (poru le BtoB), Air France, etc.

Et en terme de résultats financiers, où en êtes-vous ?
Nous avons fini notre exercice 2002-2003 (dont la clôture est en juin) avec un résultat d'exploitation positif et un résultat net à l'équilibre, alors que nous avons enregistré deux années de pertes en 2000-2001 et 2001-2002. Notre chiffre d'affaires est de 3 millions d'euros.

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Comment se présente l'année 2004 pour vous ?
Nous visons pour 2003-2004 une progression de 5 à 10 % avec un résultat net positif. Nous ne sentons encore que des frémissements mais nous sommes confiants. Le marché devrait fortement redémarrer cette année et nous pourrions nous retrouver à nouveau dans une problématique de croissance, comme en 1999-2000, à la diffférence près que chacun a acquis de l'expérience, aussi bien les clients que nous.

 
Propos recueillis par Florence Santrot

PARCOURS
 
Voir le parcours de Julien Sivan sur sa fiche dans le Carnet des Managers de l'Internet français.

   
 
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