JDN
: Comment définiriez-vous votre métier aujourd'hui et en quoi cette définition
a-t-elle évolué depuis la première fois où vous avez réfléchi à votre
projet ?
Pierre
Chappaz : Nous
sommes un moteur de shopping, c'est-à-dire un moteur de recherche spécialisé
pour faire ses achats sur Internet. Pour trouver tout ce qui se vend,
dans tous les domaines, comparer les offres (prix, mais aussi disponibilité,
délais, services), et faire son choix en étant parfaitement informés.
Nous nous définissions au départ de manière plus étroite comme un "comparateur
de prix", mais c'est réducteur, parce que le prix est important mais pas
toujours déterminant. Par exemple, achetez-vous des fleurs en comparant
les prix ou en choisissant le plus beau bouquet? Tapez fleurs dans notre
nouveau moteur de recherche sur Kelkoo, vous verrez.
A
quoi et à qui sert Kelkoo à vos yeux ?
C'est avant tout un fantastique service
au service des consommateurs, et c'est aussi un accélérateur de croissance
très important pour les sites marchands.
Quelle
est selon vous la perception de Kelkoo qu'ont les internautes d'une part,
et les professionnels d'autre part ?
Les internautes seront 25 millions en
novembre 2003 sur Kelkoo, dont un nombre croissant de femmes. Ils font
de Kelkoo une des grandes applications à succès du Web, et nous investissons
des moyens considérables pour leur offrir un service toujours plus efficace.
De leur côté, les marchands et les marques apprécient Kelkoo comme un
moteur de croissance. Il y a peu de marchands qui craignent d'afficher
leurs prix en toute transparence sur Kelkoo, cela existe mais c'est rare
car les marchands qui ne sont pas les moins chers apportent souvent de
vrais "plus" qui justifient pour beaucoup de consommateurs la différence
de prix.
Comment
jugez-vous vos relations avec les sites marchands?
Du point de vue financier,
notre succès dépend du succès des marchands puisque ce sont essentiellement
eux qui nous payent. Nous les conseillons dans de nombreux domaines pour
qu'ils répondent au mieux au désir des consommateurs, et développent leurs
ventes de manière profitable. Le fait que la grande majorité des marchands
soient en permanence sur Kelkoo démontre qu'ils y ont intérêt. Certes,
il peut arriver que les négociations de référencement entre eux et nous
soient délicates, mais nous nous efforçons de toujours trouver un point
d'équilibre raisonnable qui permet aux deux parties de générer de la marge
durablement.
Quelles
sont aujourd'hui les clés du management de Kelkoo et comment motivez-vous
les équipes?
D'abord des valeurs partagées: passion, focus et attention
portée aux détails. Ensuite, un vrai esprit d'équipe pour une équipe internationale
qui travaille beaucoup en réseau grâce à nos outils de back-office. Plus
une reconnaissance de la contribution de chacun à sa juste valeur à travers
des plans d'augmentation de salaire individualisés, d'attribution de stock-options
et de possibilités d'évolution de carrière à l'intérieur de Kelkoo dans
leur pays ou dans un autre pays. Ainsi, en UK, nous avons promu l'ancien
directeur commercial au poste de directeur général en septembre,
alors que le responsable produit et merchandising là-bas est un
transfert de Kelkoo Norvège.
Quelle
est votre plus grande fierté ?
Je crois que ma plus grande fierté est d'avoir rassemblé au
sein de Kelkoo et dans neuf pays ce qui constitue à mon sens la meilleure
équipe de professionnels du Net en Europe. L'Europe, ça existe vraiment,
je peux en témoigner, nous sommes tous différents par notre histoire et
nos cultures mais nos valeurs, nos capacités d'enthousiasme, notre envie
de créer et de réussir sont les mêmes.
Et
votre
plus grand regret ?
Je n'ai pas grand chose à regretter, ou plutôt si, je vais
vous mentionner une petite chose, qui montre qu'on est jamais prophète
en son pays : le seul portail en Europe qui n'a pas encore considéré l'intégration
de notre moteur de shopping s'appelle Wanadoo. Mais je suis sûr qu'en
lisant cette interview, Thierry Breton, pour qui j'ai travaillé il y a
quinze ans au lancement du Futuroscope, va m'appeler!
[François Bourboulon, JDNet]