Le rachat de SuSE par Novell et l'arrêt du support des versions non pro de Red Hat signent l'entrée de Linux dans des cercles de plus en plus éloignés du développement communautaire. (Mercredi
12 novembre 2003)
En rachetant le 4 novembre dernier l'allemand SuSE,
Novell a terminé de se réinventer de bout en bout autour du système
d'exploitation Netware, système qu'il n'a jamais réellement réussi
à imposer face au Windows de Microsoft.
Disposant désormais de deux technologies complémentaires (celle
de Ximian - rachetée
en août - destinée à l'utilisateur final, et celle de
SuSE plutôt côté infrastructure serveur), Novell achève
une révolution solaire orientée vers le tout Linux, validant par
là même la place prépondérante que l'OS libre est en
train d'acquérir. Novell n'a cependant pas été très
prolixe sur ce qu'il adviendra des versions de SuSE pour les particuliers.
Red
Hat coupe les vivres de ses versions non pro Simultanément au rachat de SuSE par Novell,
Red Hat, leader mondial des distributions Linux, a annoncé l'arrêt
du support et de la maintenance de ses versions "standards" 7.1, 8 et
9 d'ici avril 2004, préférant se concentrer sur ses versions professionnelles
Enterprise Linux, un des seuls modèles économiques permettant de
générer de la marge à l'heure actuelle.
Comme on le voit, les stratégies s'affinent, mais les particuliers, notamment,
voient une à une les versions qui leur étaient accessibles disparaître
en pratique (même si elles resteront téléchargeables, ce qui
en réduit la diffusion par rapport à une distribution sur CD)...
D'aucuns diront, pour contrebalancer ce mouvement de fond, que d'autres acteurs
ou communautés profiteront de ces changements de cap et de cette place
laissée vacante.
Des sociétés telles que Mandrake ou Lindows,
positionnées sur ce segment de marché, ou
même de manière plus lointaine, des projets
comme Debian ou Fedora (projets communautaires qui ne
bénéficient ni de support personnalisé
ni de circuits de distribution commerciaux, mais qui tiennent
à jour des systèmes robustes et fiables),
pourront certainement tirer profit de cette opportunité.
Novell réorienté,
le plus dur reste néanmoins à venir Certes, mais le signe donné par
Red Hat est un signe fort, qui risque d'entraîner dans le même sens
une bonne partie des acteurs du marché. S'il est encore trop tôt
pour dire ce que deviendront les versions SuSE 9 (pro et personal), il est également
difficile de prévoir comment Novell va désormais gérer ses
récentes absorptions et si une certaine indigestion n'est pas à
prévoir.
La société doit en effet gérer
à la fois son propre système propriétaire Netware (par ailleurs
en cours d'adaptation en vue d'être compatible avec le noyau Linux), deux
versions fort différentes d'interfaces graphiques Open Source (GNOME dont
Ximian est le "champion" et KDE, projet initié en Allemagne et
prisé pour cette raison par SuSE), sans oublier ses propres solutions d'annuaires
/ gestion des identités notamment.
Mais Novell a récemment montré qu'il était capable de digérer
ses acquisitions, comme celle de l'éditeur de serveurs d'applications J2EE SilverStream,
en juin 2002, pour un montant de 212 millions de dollars.