Dans le courant du mois de
mars, la Commission européenne devrait poser son verdict contre Microsoft.
L'enquête menée depuis plus de cinq ans par les services du commissaire
de la concurrence sur l'abus de position dominante du groupe américain
Microsoft touche à sa fin.
Le projet de décision rédigé recommande d'une part d'infliger
une amende au groupe, d'autre part de le pousser à prendre des dispositions
qui contribueraient à limiter son emprise sur le marché informatique
notamment par la vente de deux versions différentes de Windows.
Mettre
fin à la main-mise de l'américain sur le marché
Deux problèmes majeurs se posent face à l'attitude du groupe Microsoft
qui s'est jusqu'à présent contenté de suggérer de
fausses concessions, d'ailleurs refusées par la Commission.
Ainsi, à la demande
de Bruxelles de séparer le logiciel d'accès multimedia Media Player
du système d'exploitation Windows, Microsoft a proposé récemment
de distribuer à ses clients un Cd-rom permettant l'accès aux logiciels
concurrents de RealNetworks et Apple
Solution de facilité rejetée, car en pratique elle se révèle
difficilement réalisable, surtout si Media Player est déjà
installé sur le poste.
Autre point d'achoppement
entre les américains et les fonctionnaires de Bruxelles : la diffusion
du code source. Microsoft garde en effet jalousement le contenu des millions de
lignes de codes qui font fonctionner Windows ; un logiciel qui a rapporté
36 milliards de dollars de chiffre d'affaires au groupe en 2003.
Alors qu'un internaute pirate
a réussi le tour de force de découvrir et de diffuser sur le net
des extraits
de codes des schémas des versions 2000 et NT 4.0, la Commission européenne
exige la diffusion officielle de ces informations pour rendre le système
compatible et inter opérable avec les produits des concurrents. Le leader
mondial s'y refuse toujours et garde ainsi la main sur le marché.
Sanctions
ou arrangement ?
Quelle que soit la décision prise par Commission européenne, Mario
Monti, le commissaire européen à la concurrence espère conclure
ce combat anti-monopole avant la fin de son mandat, en novembre 2004.
Et malgré les sanctions évoquées, il n'exclut pas d'arriver
à un compromis avec Microsoft
ce qui éviterait une longue
série de procédures judiciaires entre la Commission et l'armée
d'avocats du groupe.
La première sanction
éventuelle est une amende qui, selon les règles européennes,
pourrait atteindre jusqu'à 10% du chiffre d'affaires du groupe, soit environ
3,2 milliards de dollars. Une punition qui, pour une société qui
dégage près de 10 milliards de dollars de bénéfice
(en 2003) et possède plus de 79 milliards de dollars de trésorerie,
n'est pas encore dramatique... D'autant plus que les dernières rumeurs
tablent plutôt sur une somme bien inférieure, autour de 100 millions
de dollars (voir
l'article).
Cette semaine, le commissaire européen a fait une autre proposition aux
dirigeants de Microsoft : accepter de vendre - en Europe - deux versions différentes
du système d'exploitation Windows. L'une incluant le Media Player, comme
c'est le cas actuellement ; l'autre dépourvue des logiciels de lecture
de vidéo et de musique, alors vendus séparément.
Quoi qu'il en soit, deux
réunions sont d'ores et déjà programmées courant mars,
l'une pour débattre de l'affaire, l'autre pour déterminer le montant
de l'éventuelle amende. Quant à la date du verdict, également
fixée, le commissaire Mario Monti n'a pas voulue l'annoncer mais nos confrères
d'Infoworld font état du 15 mars.
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