Joanna Pomian (Nemesia) : "
"Dans un projet de gestion des connaissances, il nous semble juste de distinguer
l'aptitude du savoir""
Par le JDNet
Solutions (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/solutions/itws/011120_it_nemesia_pomian.shtml
Créée en 1995, Nemesia
intervient de façon quasi-exclusive sur des projets liés
à la gestion des connaissances. Parmi ces clients, le cabinet de
conseil compte essentiellement des entités de recherche et des
industriels de renom comme Air Liquide, Alstom, le CEA, le CNRS, EDF/GDF,
le groupe PSA, Matra, la Lyonnaise des Eaux, France Télécom,
Aventis-Pasteur et Rhône-Poulenc. Nemesia a également piloté
le projet de Valeo, déjà abordé par Laurent Veybel
du cabinet Andersen dans
son interview publiée en octobre. Andersen
était alors intervenu sur ce projet en assistance au déploiement.
Aujourd'hui, Nemesia emploie 15 personnes en interne, et table sur
un peu plus de 1,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2001.
Pour reprendre certaines des problématiques liées à
la gestion des connaissances, et aborder la méthodologie originale
du cabinet spécialisé, son co-fondateur et dirigeant en
qualité de directeur général, Joanna Pomian, répond
à nos questions.
Propos recueillis par François Morel le 20/11/2001 |
JDNet
Solutions: Quel est le champ d'action de Nemesia ?
Joanna Pomian:
Nous couvrons tous les types de problématiques inhérentes
à l'accès, à l'utilisation et au partage des connaissances
et de l'information dans l'entreprise. Notre intérêt se porte
sur la gestion des connaissances et la politique de l'information au sens
large. Dans ce cadre, nous pouvons répondre à des aspects
comme l'implémentation de la veille, la standardisation de la connaissance,
sa création et sa polyvalence. Nous intervenons aussi bien par
des prestations de conseil, que d'assistance à maîtrise d'ouvrage,
ou même d'audit de qualité de la documentation de l'entreprise.
Les
projets de gestion des connaissances sont réputés complexes
avec des aspects organisationnels aussi bien que techniques. Comment les
abordez-vous ?
Globalement
et de façon très simple: nous travaillons sur la définition
des objectifs, et selon la formule retenue nous effectuons un audit et
nous mettons en pratique notre méthodologie d'identification des
besoins. Grâce à celle-ci, nous pouvons poser des analyses
du besoin sans poser de questions. A partir de là, enfin, nous
disposons d'un plan de gestion des connaissances.
Une
méthodologie d'identification des besoins sans poser de questions
! Comment faites-vous ?
Cette
méthodologie fera l'objet d'une publication à venir. Nous
mettons ici en jeu plusieurs concepts fondateurs pour avaliser une organisation.
Le premier concept s'intitule les épreuves. Il s'agit d'une part
des situations au cours desquelles il n'est pas possible de reconduire
des problématiques existantes, et d'autre part des récurrences
dans l'entreprise. Par exemple, deux personnes qui collaborent sur des
appels d'offres auront toujours besoin des mêmes connaissances.
Nous devons donc ensuite identifier différents types de connaissances:
tacites, disponibles... et savoir à qui rattacher ces connaissances.
Ensuite, nous disposons d'autres outils d'analyse, qui nous permettent
de travailler sur la connaissance collective et le "qui sait quoi".
Que faut-il savoir pour distinguer un débutant d'un spécialiste,
et un spécialiste d'un expert ? Partant de là, nous pouvons
identifier l'objectif par rapport au besoin, même s'il n'est pas
ressenti. Ce qui nous donne la possibilité de formuler une proposition.
Comment
déterminer le retour sur investissement d'un projet de gestion
des connaissances ?
Les
clients parlent beaucoup de ROI (Return on invest) et de plus en plus
d'entreprises se lancent avec des objectifs précis. Pour Valeo,
par exemple, la gestion des connaissances à l'échelle de
l'entreprise représentait un moyen et non un objectif en soi. L'objectif
était plutôt d'aboutir partout dans le monde à la
même qualité de production. En général, il
faut toutefois mener une analyse pour déterminer la criticité
du projet. Mais nous lançons aussi des projets car nous avons avant
tout foi en leur réussite. Je veux dire ici que certains projets
ont un objectif qualitatif. Et la question d'améliorer le retour
sur investissement s'avère difficile.
Existe-t-il
des problèmes plus spécifiques à la gestion des compétences
?
En
gestion des connaissances, nous introduisons plusieurs gestions des compétences.
Notamment, nous distinguons les aptitudes de ce que les gens savent. Chez
SolFrance, le projet visait à modifier les schémas de pensée
des personnes. C'est pour cela que nous séparons les aptitudes
des connaissances. Parce qu'elles sont intrinsèques à l'individu.
Si nous aboutissons à la conception d'un artefact, et s'il faut
le mettre à jour, cela pose d'énormes problèmes.
Quelles
sont les grandes tendances que vous observez du côté de la
demande ?
Il
existe peu de déploiements de la gestion des connaissances à
l'échelle globale de l'entreprise. Et en France, les organisations
sont peu directives. Aujourd'hui, tout
le monde veut faire de la gestion des connaissances. La grande tendance,
lorsque nous sommes en phase de prospection auprès d'une entreprise,
vient du fait que nous n'avons plus besoin de lui expliquer pourquoi elle
doit se lancer.
C'est après
avoir travaillé au sein d'une société de services en informatique que Joanna
Pomian crée, en 1995 avec des collègues, le cabinet Nemesia spécialisé
en management des connaissances, qu'elle dirige depuis. Avant de démarrer
sa carrière, elle a suivi des études de sciences humaines et de mathématiques
appliquées, couronnées par un DEA d'Histoire et d'Anthropologie à l'Ecole
des Hautes Etudes en Sciences Sociales, et par une thèse d'informatique
à l'université Paris VI. Elle a aussi publié, en 1996, « Mémoire d'entreprise,
techniques et outils de gestion des savoirs » aux Editions Sapientia. A
présent, elle prépare avec Claude Roche un deuxième ouvrage
sur la gestion des connaissances à paraître début 2002. Son titre: "Connaissance
Capitale - Théories et pratiques du management des connaissances".
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