Laurent Malka (Vtrails) : "
"Avec le peer-to-peer, nous pouvons proposer une solution pour rendre le
streaming plus abordable""
Par le JDNet
Solutions (Benchmark Group)
URL : http://www.journaldunet.com/solutions/itws/020213_it_malka.shtml
Société israélienne fondée
il y a deux ans et demi, Vtrails
entend proposer une solution alternative pour traiter les questions de bande
passante relatives à l'utilisation du streaming. Le procédé,
qui se veut à la fois pragmatique et abordable, recourt au peer-to-peer
pour limiter la consommation de bande passante et les goulets d'étranglement.
Vtrails, qui estime disposer d'une solution mature, est aujourd'hui entrée
dans une phase d'extension de son réseau de partenaires. Une étape
qui demandera probablement à cette société, financée
initalement à hauteur de 3,5 millions de dollars, d'en appeler à
nouveaux à des investisseurs.
Propos recueillis par Cyril Dhenin le 13/02/2002 |
Quel regard portez-vous
aujourd'hui sur le marché du streaming qui a vu tomber bon nombre
d'acteurs ?
Je crois que le paradoxe de la popularité
a été très cruel pour le marché du streaming:
les fournisseurs de contenu dont le marketing a été trop
efficace, ont dû, pour tenir la charge, supporter les coûts
très élevés des infrastructures de streaming.
Vous faites allusion aux Content Delivery Network
(CDN), ces réseaux spécialisés élaborés
par exemple par Akamai ?
Oui en effet. Ce cruel paradoxe que j'évoque
a poussé les fournisseurs de contenus streamés vers les
CDN. A mon sens, la qualité était bien au rendez-vous avec
ce type de solutions, le retour sur investissement beaucoup moins...
Quelles alternatives proposez-vous ?
Indépendamment de la technologie que nous
avons développée, il faut savoir qu'une solution existe
depuis bien longtemps: il s'agit du multicast. Une technique que nous
pouvons comparer à la diffusion broadband que nous connaissons
sur les ondes. Techniquement, avec le multicast, un serveur envoie un
stream et un seul sur une adresse IP dite multicast, sur laquelle les
visiteurs viennent en quelque sorte de brancher. Ces IP multicast sont
gérées au niveau des routeurs. L'avantage saute aux yeux:
le serveur n'émet qu'un seul stream et un seul stream est donc
véhiculé sur les backbones (artères principales,
ndlr) des réseaux.
Si la solution miracle existe, pourquoi n'est-elle
pas déployée ?
Pour plusieurs raisons. Déployer une architecture
multicast à l'échelle du Net représente un investissement
hors de portée. Ensuite, la perspective du multicast entre aujourd'hui
en conflit d'intérêt avec les capacités réseau
déployées par les opérateurs. Le déploiement
du multicast se solderait par de grandes économies de bande passante,
donc par une chute des prix de cette bande passante, ce qui n'aiderait
pas vraiment les opérateurs à rentabiliser leurs infrastructures.
Enfin, dernier obstacle, il n'est pas facile d'identifier les utilisateurs
qui sont derrière une adresse IP multicast. Ce qui complique la
personnalisation des services, voire les modèles économiques
des fournisseurs de contenu. Bref, tout cela explique qu'une grosse incertitude
pèse sur le déploiement à terme du multicast. C'est
un vrai problème car d'un côté les contenus deviennent
plus riches, de l'autre les débits locaux s'améliorent,
et au milieu le goulet d'étranglement se précise...
Sur
quelles solutions réellement opérationnelles peuvent s'appuyer
les utilisateurs ?
J'en vois au moins deux. Les CDN que nous évoquions
tout à l'heure ou les systèmes de cache qui permettent de
rapprocher le contenu de son destinataire représentent une première
solution. Mais leur coût ne les met pas à la portée
de toutes les bourses ou de tous les projets. Aux côtés de
ses CDN et des solutions de cache, nous entendons proposer une autre piste.
C'est une solution alternative, dans le sens où elle a encore peu
de poids sur le marché. Nous pensons toutefois qu'elle a le mérite
d'être pragmatique.
Quels procédés
met-elle en oeuvre ?
Notre système demande d'installer chez
l'hébergeur une plate-forme serveur aux côtés du serveur
de streaming. Cette plate-forme, vTcaster, va se charger d'analyser les
demandes de streams des visiteurs. Prenons le cas d'une entreprise qui
possède cinq sites et souhaite diffuser le discours de son président.
Notre solution va analyser d'un point de vue réseau les demandes
de connexion. Et au lieu de produire 200 streams pour répondre
à 200 demandes individuelles réparties sur les 5 sites,
elle va envoyer le stream à un utilisateur par site. Le poste de
cet utilisateur va alors à son tour reproduire le stream sur une
adresse IP multicast vers laquelle seront routés de façon
transparente les utilisateurs du site qui souhaitent visualiser la séquence.
Votre dispositif
suppose que les réseaux locaux des entreprises puissent exploiter
du multicast. Comment procéder si ce n'est pas le cas ?
Aujourd'hui, la majeure partie des routeurs installés
dans l'entreprise peuvent gérer du multicast. Cela dit, c'est un
fait, tout le monde ne le permet pas forcément. Dans ce cas, nous
fonctionnons selon le principe du "peer-to-peer": l'utilisateur
qui, sur un site, sera le premier à recevoir un stream le transmettra
à son voisin et ainsi de suite. La puissance dont nous disposons
aujourd'hui avec nos PC permet tout à fait de gérer le streaming
de la sorte, sur un mode "peer-to-peer". C'est également
le mode de fonctionnement que nous préconisons pour des applications
de streaming qui sortent du périmètre maîtrisé
de l'entreprise.
Outre l'installation d'une plate-forme serveur chez l'hébergeur,
quels sont les autres pré-requis de votre dispositif ?
Tout d'abord une précision: notre plate-forme
prend l'apparence d'une boîte noire qui embarque notre application
fonctionnant sous Solaris ou Linux. Côté utilisateur, le
dispositif est plutôt léger puisqu'il demande juste de télécharger
un composant ActiveX qui prendra en charge le dialogue avec la plate-forme
serveur.
Nous avons commencé cet entretien en parlant
des coûts du streaming. Quel est votre modèle tarifaire ?
Pour 5 000 utilisateurs, notre solution avoisine
les 25 000 dollars et pour 15 000 environ 45 000 dollars. Pour les radios
en ligne, nous proposons une offre particulière qui, pour 10 000
dollars, permet de gérer 1000 utilisateurs.
Je suppose que
vous n'êtes pas les seuls à avoir imaginé ce procédé
?
Trois sociétés américaines
nous semblent être des concurrents assez proches. Cela dit, deux
d'entre elles ne couvrent que l'audio, pour les radios en ligne, et une
autre est intimement liée aux formats vidéos. Dans notre
cas, nous sommes indépendants du format et cohabitons aussi bien
avec les technologies de Real Media que celles de Microsoft. Nous comptons
beaucoup sur ce point pour faire la différence dans les mois à
venir.
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